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Thaïlande | Festival du film asiatique de Deauville 2004

Ong-Bak

Thaïlande | 2002 | Un film de Prachya Pinkaew | Avec Panom Yeerum (Tony Jaa), Pumwaree Yodkamol, Mum Jokmok, Rungrawee Barijindakul, Chatewut Watcharakhun

Ong-bak est le nom d’une statue de Bouddha vénérée par un petit village de paysans. Une nuit la tête de la statue est volée par une petite frappe qui veut la revendre à un collectionneur. Le village décide alors d’envoyer Ting, un jeune garçon adepte de Muay Thaï, à Bangkok afin de la retrouver. Pour l’aider dans cette grande ville qu’il ne connaît pas, Ting retrouve un ancien du village, devenu au contact de la civilisation un petit escroc en manque d’argent. D’ailleurs celui-ci lui n’hésite pas à voler les quelques pièces que le village a données à Ting, pour aller parier dans un bar sur un combat où tous les coups sont permis. En voulant récupérer son argent Ting traverse malencontreusement l’arène et se retrouve obliger d’affronter le champion en titre des lieux. Un coup de pied bien senti et Ting met K.O. son adversaire. Un geste que n’apprécie guère un truand local, qui se trouve être également le nouveau possesseur de la tête du Bouddha que Ting recherche...

Annoncé depuis un moment sur le net et dans la presse spécialisée comme le film du renouveau en matière de cinéma d’arts martiaux, Ong-Bak avait de quoi susciter les attentes les plus folles pour les amateurs de films de frappe que nous sommes (vous n’allez pas me faire croire que vous êtes des fans de Téchiné ???). Verdict, même si le film impressionne par moments, au final Ong-Bak est loin d’être le coup de poing (ou devrais-je dire le coup de coude) cinématographique tant attendu.

Ong-Bak débute pourtant par une séquence prometteuse montrant une poignée d’hommes grimper à un arbre pour tenter d’attraper un drapeau qui se trouve à son sommet. On assiste alors médusé à des chutes spectaculaires qui se terminent par des crashs brutaux au sol, le tout filmé sans aucune coupe dans l’image. A peine est-on remis de ces terribles cascades, que l’on voit à l’inverse notre héros, qui a récupéré le drapeau, sauter de branches en branches avec une agilité incroyable pour atterrir jusqu’au sol. Cette première séquence bluffante a la particularité de contenir en germe tous les éléments qui paradoxalement font la force mais aussi la faiblesse de Ong-Bak : un acteur athlétique, une action "bourrine" et une prise de risques qui dépasse le plus souvent l’entendement.

Panom Yeerum s’est entraîné plusieurs années dans l’espoir d’être une nouvelle star des arts martiaux et indéniablement aux vus des images, il est clair que ses efforts ont porté leurs fruits. Essayez donc d’imaginer un artiste martial capable de sauter au dessus d’une voiture dans le sens de la largueur, de passer sous un 4x4 en faisant le grand écart, et surtout de marcher sur les épaules de plusieurs types sans le moindre câble pour le supporter et vous aurez déjà une petite idée des capacités physiques de l’acteur. Lors des combats, Panom Yeerum se révèle tout aussi impressionnant, distribuant des coups de coudes et de genoux ravageurs, l’acteur est un champion des vrilles et des coups donnés en plein saut qui renforcent encore la brutalité des combats. L’une des plus belle séquence voit d’ailleurs Panom Yeerum, les jambes en feu, effectuer une vrille dans les airs pour frapper un adversaire, donnant ainsi l’impression d’assister à un véritable ballet de flammes.

Là où le bât blesse, c’est que malgré ses compétences martiales indéniables, Panom Yeerum est une endive qui manque singulièrement de charisme, peu aidé il est vrai par un scénario qui réduit son personnage à une espèce de robot distributeur de coups. Si Bruce Lee, auquel Panom Yeerum est souvent comparé, marque encore aujourd’hui si durablement les esprits c’est qu’au delà de sa technique, le personnage fascine par la violence pour ne pas dire la folie exacerbée qui se dégage de son être.

Le Muay Thaï étant un art martial plutôt violent, sa représentation à l’écran l’est évidemment tout autant. La plupart des coups finissent le plus souvent dans les gencives, dans le ventre mais aussi sur le haut du crâne de l’adversaire. Devant la violence des coups on se surprend plus d’une fois à grimacer de douleur pour le pauvre combattant qui les encaisse, voire cette séquence où un méchant à moto se fait littéralement exploser le casque en deux par un coup de genou distribué en plein vol. Une impression de violence renforcée par le fait que les acteurs ne trichent pas et n’ont pas hésité à se porter les coups, faisant de Ong-Bak un film extrêmement brutal.

Le problème est que le film n’est justement que ça. Chaque nouveau combat est une succession de coups déjà vu précédemment mais distribués en plus grands nombres avec plus de violence que la première fois (du genre je tombe de plusieurs mètres sur un mec les deux genoux en avant), ce qui à la longue finit par lasser. Des scènes de combats manquant d’intensité à cause d’une mise en scène sans relief pour ne pas dire quasi inexistante, où la plupart des actions sont filmées en plan large et qui en guise de montage se contentent de montrer la même action sous plusieurs angles de caméra. On est donc très loin de la beauté qui ressort des chorégraphies de Hong Kong et de l’intelligence de la mise à scène et du montage qui magnifient à merveille les combats.

Au final ceux qui n’attendent pas autre chose de Ong-Bak qu’une série B avec son quota de scènes de combat, ne devraient pas être déçus par le spectacle. En attendant le prochain film de Muay Thaï que l’on espère l’égal des meilleurs productions de Hong Kong.

Ong-Bak existe en DVD Thaïlandais sans sous-titres (au vu de l’histoire ce n’est pas un problème). Images excellentes. Bonus à profusion : fin alternative, scènes coupées, démonstration et combats de l’acteur, story board, plus "œufs de Pâques" cachés dans le film à l’intention de Steven Spielberg et Luc Besson (ouvrez bien les yeux).

- Article paru le samedi 6 septembre 2003

signé Torrente Wong

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