Orbital (To)
« Je suis un simple intermédiaire entre la Terre et l’espace ». Cette déclaration de Dan, héros malgré lui du premier des deux segments qui composent Orbital, résume parfaitement la parenthèse, agréable mais quelque peu évanescente, que constitue ce retour, après le film live Ichi, de Fumihiko Sori à l’animation 3D en cel shading. Adaptation de deux morceaux choisis de la saga de Yukinobu Hoshino, ce successeur spirituel du magnifique Vexille en reprend en effet la parcimonie visuelle, très technique, mais échoue à en reproduire la force évocatrice. La faute à une mise en scène qui omet constamment d’élargir son cadre pour donner à son substrat d’humanité en orbite elliptique une beauté dans l’isolement, qui aurait pourtant été en phase avec l’immensité du vide spatial qui sert de toile de fond au projet. Du coup, Orbital reste dans l’anodin, évincé par la consistance des autres corps célestes de la galaxie Sori.
Deux films distincts – Orbite elliptique et Planète symbiotique – constituent cette fausse anthologie, sans liant autre que générique (le contexte SF d’un épuisement des ressources énergétiques terrestres). Dans le premier, le Midnight Bazooka, sorte de canon spatial servant de relais de ressources entre la Terre et la Lune, est pris d’assaut par une équipe terroriste, alors que Dan, le capitaine de cet intermédiaire, retrouve Maria, de retour après une mission de 15 ans. Dans les soutes du vaisseau de cette dernière, le Flying Dutchman, se trouve de l’Ekika Proton, énergie dévastatrice dont 9 tonnes suffiraient à produire dix années d’électricité sur Terre, et que les terroristes convoitent pour faire exploser notre satellite, dont ils estiment que la population draine trop de ressources. Dans le second, Eon et Alina vivent tels Roméo et Juliette un amour impossible, appartenant respectivement aux populations américaines et eurasiennes ; deux factions à couteaux tirés autour de la souveraineté d’une planète colonisée. Eon est un scientifique qui étudie le comportement singulier d’espèces symbiotiques locales, parmi lesquelles une entité métallique qui contamine subitement la population de colons, sur fond de début d’hostilités entre les deux factions.
La promotion française d’Orbital a écarté de son synopsis l’identité de Planète symbiotique au profit, exclusif, de celle d’Orbite elliptique. Il faut bien avouer que ce second segment, cryptique, n’est pas passionnant, en dépit de son constat amusant sur une mutation salvatrice pour l’espèce humaine. Échouant à enrayer la propagation de l’organisme métallique, les colons tombent tous son emprise bienfaitrice : le parasite efface toute notion de couleur de peau, et provoque une sécrétion euphorisante chez l’homme qui vient à bout de ses velléités guerrières. Une métaphore amusante, certes, mais dont la symbolique est explicitée au point d’être bêtement didactique ; une critique qui s’applique aussi à la métaphore simpliste de la comète dans Orbite elliptique, en rapport avec le cycle des retrouvailles de Man et Maria.
Reste que ce premier segment est plus intéressant, plus proche de Vexille dans son attention à l’humain. Il est un peu léthargique mais de façon cohérente, Sori troquant la vitesse des affrontements de Vexille pour l’inertie de combats en apesanteur. Tout le segment baigne ainsi dans une suspension sans gravité, pour livrer un twist dont la portée mélancolique est nettement plus intéressante que l’optimisme benêt de Planète symbiotique, et que je ne vous dévoilerai donc pas ici. Si Sori avait pris le temps de créer un Espace, visuel et narratif, autour de Man et Maria, Orbital aurait donc pu être autre chose qu’une anticipation spartiate et un peu vaine, sympathique mais désuète.
Orbital (To) est disponible en DVD et Blu-ray en France chez WE Productions depuis le 16 février 2011.
Remerciements à Julie Fontaine et WE Productions.





