Orokamono - Kizudarake no Tenshi
L’émouvant périple d’un idiot au grand cœur...
Hisashi Ishii est une fois de plus renvoyé de son travail... le motif ? Une sempiternelle dispute avec un collègue qui s’est transformée en véritable pugilat ! Complètement fauché, Hisashi cherche du boulot dans les petites annonces... en vain ! Pour couronner le tout, ses parents lui téléphonent et lui demandent de leur envoyer de l’argent... Alors qu’il fait ses courses dans un supermarché, une cleptomane se livre à son activité favorite de la manière la plus simple qui soit, Hisashi ayant attiré tous les vendeurs autour de lui pour une histoire de prix... A la sortie du magasin, il tombe nez à nez avec cette femme, Chikako Masui, qui lui demande s’il peut réparer son vélo. Hisashi accepte, et pour le remercier, elle l’invite à dîner... mais celle-ci avait une idée derrière la tête. Elle souhaite qu’il retrouve son fils Masaru, moyennant finance. Hisashi, fauché comme les blés, accepte, gêné, sa proposition. Chikako lui donne un harmonica qui appartient à son fils, lui laisse trois photos d’identité, ainsi que le titre d’une vieille chanson qu’il affectionne particulièrement... Ce peu d’éléments en poche, Hisashi part donc à la recherche de ce Masaru. Il tente de faire diffuser la chanson à la radio, mais celle-ci étant trop ancienne, il est impossible à Maki, la présentatrice, de la diffuser... Hisashi cherche, seul, dans toute la ville. Epuisé, il s’endort pour être soudainement réveillé par un jeune homme... qui n’est autre que Masaru ! Dès lors, le jeune homme va passer son temps à suivre Hisashi...
Huitième long-métrage de Junji Sakamoto, Orokamono est une sorte de prequel de Kizudarake no Tenshi... enfin, disons plutôt qu’il se focalise sur le personnage d’Hisashi Ishii, avant que celui-ci ne rencontre son compère détective Kida...
...drôle, émouvant, tragique... autant de qualificatifs que l’on peut prêter au film de Sakamoto. Hisashi, personnage "cinématographique" par excellence, semble tout droit sorti d’un film muet, sorte de Buster Keaton du parlant, véritable clown blanc à la démarche désabusée qui traîne son corps maladroit et sa réelle gentillesse de long en large. Perpétuellement abusé par son entourage, Hisashi reste malgré tout toujours prêt à aider les autres... dans toutes les situations... et hop ! un exemple au hasard !...
Masaru a une liaison avec une femme mariée. Il en a marre, mais ne sait pas trop comment la quitter. Il donne une enveloppe à Hisashi est lui demande de l’aider - en lui promettant de l’argent - en la remettant à la femme adultère... Hisashi qui ne sait pas ce que contient l’enveloppe, accepte malgré tout. Arrivé à la voiture de cette femme, il se rend compte que son mari est assis près d’elle. Il donne l’enveloppe, le mari l’ouvre et... elle contient une photo de sa femme nue ! Au même moment, les hommes de main du mari positionnés dans une voiture un peu plus loin, en sortent... Shlak ! Boom ! Hisashi est passé à tabac sans avoir rien demandé !...
Au-delà de son aspect malchanceux, cet anti-héros paroxysmique, attachant et désarmant, trimballe une image d’ange... un ange scarifié - "kizudarake no tenshi" -, au sens propre comme au figuré. Ses rencontres lui font souvent remarquer qu’il a des égratignures sur le visage, des coupures... lorsqu’il n’est pas tuméfié par les coups. Sakamoto a trouvé en Hisashi la représentation vivante du titre de son film... quant au mot "orokamono" qui précède Kizudarake no Tenshi, il signifie "idiot", "imbécile"... Un imbécile heureux Hisashi ? Non, assurément. Un grand naïf ?... certainement. Une fois de plus, Junji Sakamoto met son talent à décrire l’humanité dans ce qu’elle a de plus beau, la générosité désintéressée... A la manière d’un conte, il décrit ce voyage statique qui n’apportera rien de concret à Hisashi, tout en lui apportant énormément... En fait, c’est la candeur qui le définit certainement le mieux, une grande crédulité couplée à une profonde abnégation de lui-même...
On retrouve donc une "nouvelle" première fois Kuroudo Maki dans la peau de Hisahi Ishii ; acteur finalement assez peu employé au cinéma (treize films en quinze ans, dont trois direct-to-video) que l’on a pu voir entre autres chez Takeshi Kitano dans le magnifique Ano Natsu, Ichiban Shizukana Umi où il interprète un autre personnage lunaire, et plus récemment dans Brother... A ses côtés, son comparse de mésaventures Masaru, quant à lui interprété par Kazuma Suzuki, vu notamment dans Heat After Dark (Ryuhei Kitamura /1999), Tôkyô Gomi Onna (Ryuichi Hiroki /2000) ou encore Daburusu (Satoshi Isaka /2001). Gravitent autour de nos deux héros malheureux l’excellente Michio Ôgusu (Kao), Masato Iida (Utsushimi), Ren Ôsugi (Hana-bi), j’en passe et des meilleurs...
Tout comme son prédécesseur filmique, Orokamono - Kizudarake no Tenshi est un film tout simplement beau et émouvant dont on ressort heureux, mais surtout ému... Une émotion provoquée par l’un des films les plus profondément humain qui soit.
PS : Orokamono - Kizudarake no Tenshi fut tourné en Super 16 mm.
DVD | Shochiku Home Video | NTSC | Zone 2 | Format : 1:1:85 - 4/3 | Images : Globalement satisfaisantes, si l’on excepte une compression quelque peu hasardeuse lors de certaines transitions... rien de grave | Son : Excellente stéréo !
Suppléments : Trailer, bio/filmo de Junji Sakamoto, Kuroudo Maki et Kazuma Suzuki... that’s all !
Ce DVD ne comporte pas le moindre sous-titre.
VHS nippone (NTSC) au format, en stéréo et sans sous-titres.


