Otage
S’il y a bien une constante dans les films de Florent Emilio Siri, c’est que, quoi qu’il arrive, le style prévaut sur le scénario. Nid de guêpes était un film de genre sec et nerveux, mais dont le scénario n’avait rien de transcendant. On en ressortait satisfait mais l’oubli ne tardait pas à venir vous rejoindre, pour s’emparer de ce qu’il restait de l’histoire dans votre mémoire. En gros, du bon B de vidéo-club, vite vu-vite oublié. Et une fois de plus le phénomène se reproduit ici, avec Hostage.
Peu de temps avant que Rodriguez lui donne un coup de pouce salvateur avec Sin City, Bruce Willis avait une nouvelle fois voulu relancer sa carrière moribonde. Quoi de mieux pour cela que de se tourner vers un réalisateur étranger, du type de ceux qui seraient capable d’amener quelque chose de nouveau dans un domaine que Willis a parcouru en long en large et en travers ces dernières années. L’idée était louable, mais le résultat n’est qu’un demi homerun. Commençons par Willis. Il est absolument excellent dans son rôle de shériff, ancien négociateur qui tente de se reconstruire après une bavure. Mais malgré tous ses efforts pour crédibiliser son rôle, on ne peut s’empêcher d’être ennuyé pour lui, face à l’accumulation de poncifs du script. Ce sont ces accumulations qui empêchent le film d’être plus qu’un agréable divertissement. La tension est bien présente mais rien n’y fait : c’est du déjà vu à tous les étages.
Heureusement que la réalisation se montre inventive et jamais avare de bonnes idées. Il faut dire que, dès le départ, Siri ne se facilite pas la tâche. Faire un film en huis-clos avec Bruce Willis comme héros, c’est passer d’office au jeu des comparaisons avec Die Hard. Similaire dans le fond mais pas dans la forme, les deux films réussissent malgré tout à coexister sans que l’un ne bouffe trop d’idées à son prédécesseur. La meilleure chose d’Otage reste quand même le leader du trio de braqueurs. Cinglé, froid et mortellement dangereux, il amène avec lui certaines des meilleures séquences du film, au cours desquelles Siri réussit à faire éclater au grand jour tout son talent de metteur en scène. Malheureusement tout son talent ne pouvait rien faire pour venir à bout de ce script, qui aurait mérité d’être revu de fond en comble avant de partir en production.
Les grands méchants bis de l’histoire, prêts à tout pour récupérer ce fameux DVD, ont autant de consistance qu’un papier à chewing-gum. C’est bien simple, de tout le film on ne saura pas qui ils sont ni les vraies raisons de leurs agissements. Cela plombe sérieusement une partie de l’histoire. Viennent ensuite les relations de Bruce Willis avec sa famille. Elles sont ici tellement schématiques et clichées que l’on ne s’attache pas plus que ça à cet partie de l’histoire. Résultat, le final très western, dans le vieux bar perdu au milieu du désert, tombe complètement à l’eau. A la fois pas foncièrement détestable et ouvertement plombé par les carences d’un script fait à l’emporte pièce, Hostage passe royalement à côté du statut de bon film pour ne devenir au final qu’une simple série B de plus. Siri persiste malgré son talent de réalisateur à tourner des oeuvres au scénario faiblard ; espérons pour lui que cela change vite...
Otage est sorti sur les écrans français le 27 avril 2005. Il est par ailleurs disponible en DVD zone 1 NTSC aux USA, et sera prochaînement rejoint par son homologue français.



