Our Neighbour Detective

Comme une grande majorité de films de Catégorie III, Our Neighbour Detective s’ouvre sur une scène de viol et de meurtre en générique, bien évidemment sous les yeux d’une fillette de trois ans : une femme qui se reposait tranquillement se fait effectivement violenter par son beau-père ; au terme de l’acte innommable, la victime trouve le moyen de se saisir d’un couteau à proximité de son lit (tout le monde en a un, non ?) et de poignarder son bourreau une bonne douzaine de fois, le gentil papa venant décéder à quelques centimètres du visage apeuré de sa petite fille. Rien de bien original, finalement...

Mais Our Neighbour Detective quitte ensuite la voie traditionnelle du CAT III - enfin pas tant que ça, puisque notre interprète principale est tout de même Anthony Wong. La première véritable scène du film est celle de beaucoup de "Buddy Movies" américains des années 80 : une jeune femme veut se jeter du haut d’un immeuble, et c’est à Mr. Wong, flic de service avec une fausse arme (il a égaré son pistolet de service), qu’il revient de l’en empêcher, de façon originale (en la menaçant de la tuer avant qu’elle saute, tout simplement !). Sauf qu’ici, Anthony Wong n’a pas de sidekick - en réalité, il est son propre buddy !!!
Le flic, qui enquête sur la disparition d’une femme dont il est persuadé qu’elle a été assassinée, passe son temps à changer de comportement, parlant tout seul, passant constamment du gentil voisin à l’obsédé impuissant. Pendant une bonne demi-heure, c’est donc à un véritable One-Man Show que nous avons droit : Anthony Wong est seul à l’écran, et donne le change à ses propres répliques.
Our Neighbour Detective finit quand même alors par revenir sur la scène de viol / meurtre du générique, Anthony s’intéressant de près à la soeur de la meurtière violée - amante du mari délaissé qui a provoqué l’enquête - qui visiblement n’est pas très claire (mon article non plus, je sais...) et pourrait l’aider à résoudre son enquête... A moins que ce soit elle la meurtrière ? Mais la jeune femme est tout de même très attirante, et même entreprenante ; Anthony saura-t-il trouver le fin mot de l’histoire en dépit de ses fantasmes ? Mais puisque je vous dis que ce film n’est pas un CAT III classique : notre héros se refuse même à la belle et mystérieuse jeune femme, par fidélité pour sa petite amie ! Où va le monde, je vous jure...

C’est d’ailleurs presque la question que l’on se pose pendant l’intégralité de Our Neighbour Detective : mais où veut donc bien nous emmener le réalisateur ? L’histoire de l’enlèvement qui tourne au meurtre, mélée à la relation fantastique entre la femme suivie par Anthony Wong et son petit ami immonde (qui couche aussi avec sa soeur), est loin d’être limpide... Parfois on croit que c’est vers un quota habituel de scènes chaudes que l’on se dirige, mais ce n’est même pas le cas, puisque toutes sont avortées ! On a bien droit à quelques autopsies de la part de la copine d’Anthony, à la recherche chef-d’oeuvre d’un perroquet décédé, à un clin d’oeil à la carrière de notre héros immortel avec des tempura supposés être faits à partir de tête humaine, ou encore à un corps découpé en live dans une baignoire, et même à la scène de viol d’ouverture - trois ou quatre fois pendant le film !!! Mais quelque chose reste bizarrement trop propre dans ce film pour que tout ça soit très catholique... et c’est Anthony lui-même !

Et pour cause, Our Neighbour Detective porte bien son titre, qui fait plus penser à une comédie familiale qu’à un quelconque film d’exploitation comme les hongkongais savent si bien les faire. En réalité, le but de Our Neighbour Detective s’avèrera de transmettre à son public, de façon opportuniste et pas très bien ficelée, un message sur l’importance de la famille ("tu as peut-être perdu ta liberté car tu vas aller passer quelques années en prison, mais au moins tu as retrouvé ta famille !"), la difficulté d’assumer un enfant pour une femme seule, et la valeur de l’engagement marital. La cadre si fertile du Cat III n’ayant vraiment pas servi à grand chose...

Anthony Wong, homme moderne véritable et petit copain idéal ? On a un peu de mal à le croire, et pourtant ça marcherait presque... si on ne connaissait pas mieux l’incroyable personnage ! Quand je vous dis qu’on a tort de croire que l’on a toujours tout vu... Vive les rédemptions improbables - et les films inutiles !