Panic in High School
Sôgo Ishii présente : "L’éducation au Japon"...
Un élève bafoué par un professeur se suicide en se jetant du toit du lycée... Yasuhiro, un jeune homme sans histoire, se rebelle soudain contre son prof de maths peu affecté par ce décès ; il lui fait face, lui jette ses livres à la figure, puis s’enfuit... Le cours reprend. Yasujiro est enragé, il bouillonne, et dans son esprit sa décision est déjà prise ; il vengera la mort de son ami en abatant son professeur. En état de semi-transe, il vole un fusil dans une armurerie puis, décidé, reprend la direction du lycée...
Dépêche ASP (Agence Sancho Presse) : 22 Novembre 1977. Un jeune trublion d’à peine vingt ans réalise un film expérimental de vingt-trois minutes en 8mm. Début 78, la Nikkatsu lui propose d’en co-réaliser un remake avec un réalisateur maison expérimenté [en l’occurrence Yukihiro Sawada], tourné en scope et 35mm. Sôgo Ishii a vingt-et-un ans et tourne son premier long-métrage.
Ah, des nouvelles comme ça, ça fait vraiment plaisir !... Sous couvert d’un film outrageusement violent et irrévérencieux, Ishii - alors étudiant - signe un brûlot contestataire et dénonciateur des travers de la société japonaise, plus particulièrement de son système éducatif. Yasuhiro, son jeune héros, met le pied dans un engrenage de violence sans retour, un dernier geste désespéré, dont l’issue ne peut-être que fatale... pour lui et son entourage...
Avilissement. Rébellion. Destruction. Autodestruction. Avilissement. Rébellion... une boucle sans fin, qui paraît inévitable, tout du moins dans l’esprit d’Ishii.
On peut dire qu’avec ce premier film, Sôgo Ishii fait une entrée fracassante dans le monde du septième art ; il jette un sacré pavé dans la mare cinématographique nippone, d’une manière brutale et rarement vue jusqu’alors... ce qui n’empêche pas le film d’être un succès ! Dix ans après le pamphlet britannique de Lindsay Anderson If..., cette bombe japonaise en reprend une certaine haine du pouvoir et une aversion pour l’autorité quelle qu’elle soit, tout en dénonçant les us et coutumes de sa société...
...Si Shigeru Yamamoto, l’acteur principal de Koukou Dai Panniku, n’a pas eu une réelle carrière dans le cinéma, il en est tout autre de la découverte de ce film, l’étrange et jolie Atsuko Asano. Asano - qui commence sa carrière en 1976 et non 1978, comme le disent la plupart de ses biographies officielles - a à peine dix-sept ans lorsqu’elle entame le tournage de son troisième film, Koukou Dai Panikku, et c’est ce dernier qui va la rendre populaire ; dès lors, elle enchaîne les rôles sur grand écran mais surtout à la télévision. Ses plus fameux rôles au cinéma sont ceux qu’elle incarne dans Slow na Boogie ni Shitekure (Toshiya Fujita /1981), Ten to Chi to (Haruki Kadokawa /1990), ou encore dans le magnifique Yokirou - aux côtés de Ken Ogata et Kimiko Ikegami - d’Hideo Gosha (1983). Mais c’est à partir de 1986 qu’elle tourne dans un dorama policier aujourd’hui culte : Abunai Deka ("flic(s) dangereux"). La série est un tel succès qu’une deuxième suivra dès 1988, Motto Abunai Deka... les flics de Yokohama cartonnent et le public en redemande ! Suit alors une multitude de dérivés tels épisodes spéciaux, téléfilms et adaptations cinématographiques ; pas moins de cinq films les mettent en scène... bref, je m’éloigne de Koukou Dai Panikku...
...Pour en revenir à ce premier chef-d’œuvre réalisé par Sôgo Ishii, disons qu’il s’agit d’un film à la fois ambitieux et une digne prémisse de son cinéma à venir ; d’une grande richesse graphique, sans pour autant délaisser le contenu. De Koukou Dai Panikku à Gojoe, en passant par Crazy Thunder Road, Burst City, Gyakufunsha Kazoku, Yume no Ginga ou Electric Dragon 80 000 V, Ishii prouve film après film qu’il est bien plus qu’un réalisateur talentueux ; créateur, artiste, poète, violent, musicien, visionnaire, punk, cynique, véritable génie qui parvient à recréer à chaque nouvelle oeuvre un langage cinématographique propre, lui qui en 1978 cachait déjà au fond de lui une maturité certaine, une lucidité effrayante quant aux devenirs d’une société en perpétuelle transformation... Critique cinglante et sans concession, Koukou Dai Panikku pointe un doigt réprobateur sur l’avenir d’une jeunesse désillusionnée...
DVD | Pioneer en association avec la Nikkatsu | NTSC | Zone 2 | Format : 2:35 - 16/9 | Images : Très beau master à la définition impeccable et aux couleurs chatoyantes ; ajoutez-y un pressage exemplaire... bref, le bonheur ! | Son : Un mono très... mono ! | Suppléments : Le trailer et un petit livret de 4 pages... c’est peu.
Ce DVD ne comporte pas le moindre sous-titre.



