Sancho does Asia, cinémas d'Asie et d'ailleurs
Japon

Phantom of the Toilet

aka Toire no Hanako-San - Hanako des Toilettes | Japon | 1995 | Un film de Jôji Matsuoka | Avec Ai Maeda, Takayuki Inoue, Yuka Kôno, Etsushi Toyokawa, Nene Ôtsuka, Kumiko Tsuchiya, Kôtarô Santô, Kanako Fukaura, Sakae Umedu, Yuka Suzuki, Maya Imuta, Kazuyo Nakatsuba, Mitsue Azuma, Ai Itsumi, Aki Maeda, Zô Ogawa, Yasuto Hida, Naoto Takenata

"Au pays de l’empereur Tomato-Ketchup, les enfants sont rois et ils font la loi..."

Saeko Mizuno, une jeune adolescente, arrive en cours d’année dans une nouvelle école. Rapidement, elle se lie d’amitié avec Takuya Sakamoto et sa petite sœur Natsumi... Sans le savoir, Saeko va commettre une faute en allant dans les toilettes des filles, toilettes maudites depuis qu’une certaine Hanako y a trouvé la mort dans d’étranges circonstances. Parallèlement, la mascotte de l’école, une chèvre, est retrouvée décapitée... Très vite, les élèves de l’école vont associer le tragique événement à l’arrivée de Saeko. Haïe par la quasi-totalité des enfants, la jeune fille va faire l’objet d’une véritable cabale...

Avant toute chose, sachez qu’au Japon les fantômes dans les toilettes sont aussi courants que les maisons hantées dans l’inconscient collectif occidental ; ne vous étonnez donc pas si Toire no Hanako-San, roman très rapidement devenu best seller au pays des cerisiers en fleurs, a fait (et continue de faire) l’objet d’un nombre d’adaptations assez impressionnant, que ce soit pour la télévision, le marché de la vidéo, le cinéma ou encore le dessin-animé et même le jeu video...

La version qui nous intéresse ici est celle réalisée en 1995 par Jôji Matsuoka, à qui l’on doit notamment les films Bataashi Jingyo (Swimming Upstream /1990) - dans lequel débuta d’ailleurs un certain Tadanobu Asano alors âgé de 16 ans -, Kira Kira Hikaru (Twinkle /1992) ou plus récemment Akashia no Michi (Acacia Walk /2001). Matsuoka gagne un pari plutôt pas évident au premier abord, celui de réaliser un film d’horreur familial tout en restant "effrayant"... Et ce côté effrayant, il l’a développé tout naturellement dans un environnement "normal", ce qui fait la force de tout bon film d’horreur/fantastique qui se respecte. L’apport du personnage du tueur d’enfants névropathe dont quasiment personne ne connaît l’existence, met le spectateur dans une situation de tension et de crainte ; les enfants croient aux agissements d’un esprit, tandis que la réalité est beaucoup plus horrible et proche de certaines préoccupations malheureusement très actuelles... Il y a une explication rationnelle à tout phénomène paranormal, tout du moins pendant un certain temps...

Sous ses airs de film d’horreur très mainstream du mercredi après-midi, du genre qu’on regarde en mangeant des tartines de Nesquik sur du pain de mie beurré, Toire no Hanako-San s’avère être beaucoup plus profond qu’il n’y paraît. Bon "profond" est peut-être un adjectif un tantinet exagéré, mais pas tant que ça lorsque l’on y regarde d’un peu plus près ; Matsuoka reprend à son compte l’histoire de Hanako pour la transformer en une fable fantastique sur la tolérance. Et oui, une fois de plus, un réalisateur asiatique nous pointe du doigt le côté sombre de l’être humain qui veut que tout être "différent" soit accusé de tous les maux de la société, même si cette différence n’a lieu que dans le regard des autres. Une justice du peuple, vue du côté des enfants, brutale, violente, puisque sans réelle réflexion, en un mot, primaire ; il suffit de voir des films tels l’excellent Lord of the Flies (Sa Majesté des Mouches /1963) de Peter Brook, ou chez nos voisins ibériques le très controversé  ?Quien Puede Matar a un Niño ? (Who Can Kill a Child ? /1976) de Narciso Ibàñez Serrador pour aisément comprendre que le sujet peut être tourné d’autant de façons possibles qu’imaginables. Matsuoka décide quant à lui de ne pas donner dans la pure violence disons "physique", mais s’attarde sur le côté plus pernicieux d’une violence psychologique, grâce notamment au personnage de Katô, petit garçon écarté du reste des enfants tout simplement parce qu’il est "bizarre" aux yeux des autres...

Jôji Matsuoka s’entoure d’un casting éclectique, puisqu’on y retrouve aux côtés de la jeune Ai Maeda, idole aujourd’hui bien connu de nos amis nippons, Etsushi Toyokawa vu dans Angel Dust (Sôgo Ishii), Lie, Lie, Lie (Shun Nakahara) ou encore dans le magnifique Undo de Shunji Iwai ; Shunji Iwai qui est le point commun entre Etsushi Toyokawa et la très jolie Nene Ôtsuka, puisqu’elle fût dirigée par le poète de l’image dans l’incommensurable Swallowtail Butterfly, et plus récemment par le non moins génial Takashi Miike dans Tengoku Kara Kita Otokotachi (The Guys From Paradise). La plupart des jeunes acteurs du film sont aujourd’hui des stars de drama, très souvent d’ailleurs dans le registre fantastique/horrifique. On y retrouve également le "touche-à-tout-qui-est-partout", Naoto Takenaka (Gonin, Rendan, Akakage - Red Shadow,...) himself, qui doit très certainement avoir entamé un concours d’apparitions à l’écran avec Tomorowo Taguchi il y a quelques années !

Toire no Hanako-San n’est certes pas le genre de spectacle cinématographique qui vous fera sauter au plafond ni ne vous empêchera de dormir, mais il reste un très bon petit film qui encore une fois peut être interprété de plusieurs façons, selon l’âge du spectateur ; du simple divertissement au brûlot il n’y a parfois qu’un pas, et je conclurai en citant Ruggero Deodato à la fin de son mémorable Cannibal Holocaust : "Qui sont les réels cannibales ?" ...en l’adaptant à Hanako-San la question pourrait être "quels sont les véritables monstres ?"...

Au Japon en VHS chez KSS (réf. JSVD-22803), le LaserDisc (réf. JSLD-22866, 6932 Y) étant épuisé. Pas de DVD prévu à l’horizon.

VCD (HK) | Golden Culture Times | Au format [1:85], agrémenté de sous-titres chinois et anglais brûlés sur la pellicule. Etant donné l’âge du VCD, la compression est très visible. En revanche nous avons droit à un excellent Dolby Surround plus qu’efficace.

- Article paru le mercredi 10 avril 2002

signé Kuro

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