phew video
from Aunt Sally to Most...
Phew est aujourd’hui un nom indissociable d’une certaine scène musicale nippone depuis la fin des années 70... mais que fait donc ici, au beau milieu de Sancho, une chronique de vidéo musicale ? phew video, pseudo-documentaire qui tient d’ailleurs plus du "document", propose des images de concerts filmées entre 1979 et 2001 entrecoupées d’interviews de l’artiste qui revient sur ces vingt-deux années marquées par un éclectisme musical immodéré... le rapport avec le cinéma nippon ? phew video est né de l’esprit de deux hommes, Yasuhito Higuchi et "surtout" Shinji Aoyama, réalisateur de films tels Helpless ou Eurêka, amoureux de musiques improvisées et décalées comme l’attestent ses collaborations avec Yoshihide Otomo, Sachiko M, Günter Müller ou encore l’aspect intensément musical de certaines de ses œuvres... Aoyama est donc le "prétexte" à cette courte chronique de la vidéo hors norme d’une artiste en dehors de toute classification...
...le parcours de Phew méritant à lui seul un site dédié, loin de moi l’idée d’entrer dans les détails historiques de cette véritable artiste à l’univers musical voguant entre mélancolie et violence, beauté et brutalité, poésie pure et punk... Dès ses débuts en 1978 au sein des mythiques Aunt Sally (alors qu’elle est âgée d’à peine dix-neuf ans), groupe punk à l’univers musical emprunt d’un réel lyrisme qui n’hésite pas à reprendre Blitzkrieg Bop des Ramones en japonais, à ses récentes aventures au sein du New Jazz Ensemble de Yoshihide Otomo, c’est à un voyage musical et visuel que nous convient donc les deux raviveurs de souvenirs nippons, mélangeant les époques entre elles, créant ainsi une sorte de chaos orchestré qui prouve que dans une chronologie éclatée, l’univers de Phew se tient, tant elle s’est toujours située en dehors des concessions, des genres et des modes, restant fidèle à elle-même tout en sachant évoluer intelligemment.
...en 1980, alors que Aunt Sally s’est dissout, la rencontre de Phew avec Ryuichi Sakamoto va marquer un tournant dans la carrière professionnelle de la jeune femme. Sakamoto, qui œuvre encore à l’époque au sein du groupe d’électro-pop nippon le plus fameux de l’univers, YMO -Yellow Magic Orchestra- produit Shyukyoku (Finale), un 45t qui va alors rencontrer un tel succès qu’il va permettre à Phew d’enregistrer son premier album solo -nommé ‘Phew’- enregistré par Conny Plank (ingénieur du son/producteur connu pour avoir travaillé avec les plus grands noms de la musique, dont Kraftwerk, Neu !, Kluster...) dans son studio Conny’s Studio à Neunkirchen près de Cologne... Si cette soudaine ouverture de portes est plutôt un point positif, cet aspect de l’industrie de la musique effraie quelque peu Phew, qui comprend qu’elle ne pourra jamais entrer réellement dans ce système commercial qui veut que pour sortir un disque, il faut un succès...
phew video retrace donc de manière habile ces vingt-deux années sur scène (en proposant des performances scéniques de Aunt Sally, Phew Band, Big Picture et Most), seul endroit où Phew soit réellement à sa place, hors de toute contrainte commerciale, en totale communion avec son public... ce voyage musical d’à peine soixante minutes, s’impose en un document indispensable et incontournable, nous transportant dans l’univers poétique d’une très grande artiste.
Disponible en VHS (NTSC) chez Boid /Locus Solus au Japon.

