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Japon

Prisoner Maria

aka Female Prisoner Punisher Maria | Japon | 1994 | Un film de Jun Furushou | Avec Naomi Kawashima

Il aura fallu que Yesasia.com se mette à la vente de DVDs japonais pour qu’enfin je puisse terminer la "trilogie" des Prisoner Maria... par son début ; à savoir par le premier des deux V-cinema qui ont précédé la version grand écran avec Noriko Aota. Par un miracle inattendu en effet, ce site grandiose (si l’on exclut un moteur de recherche pour le moins hasardeux sur les titres nippons justement) a réussi à me procurer ce disque qui semblait pourtant épuisé. Mais trêve de matérialisme, rentrons dans le vif du sujet...

...et oui, car c’est ce que fait ce premier Prisoner Maria avec sa séquence pré-générique ! Dans une sombre ruelle asiatique, bordée de drogués et autres alcooliques qui désespèrent d’attraper une inexistante dernière goutte au fond de leur bouteille, une procession de véhicules fait son apparition. Plusieurs hommes sortent d’un van pour se saisir de l’un des ivrognes qui dessoule sur le champ ; s’en suit une tentative de fuite avortée à la pointe d’un couteau, une éviscération agrémentée de tripes qui prennent l’air en gros plan, et enfin un cœur grossièrement arraché, présenté en offrande au spectateur ravi. Du trafic d’organes peut-être ? Le dernier plan de cette introduction, avec son mouvement de caméra sur une flaque de sang en évolution, rappellerait presque l’ouverture de Bangkok Dangerous. Presque.

Le générique est tout autre chose. Après une image fugace de Maria relookée par Walter Hill, direction l’univers carcéral féminin (chouette !). Tandis que les prisonnières se rassemblent dans la cour comme chaque jour, Maria (Naomi Kawashima) fait son arrivée en traversant les couloirs obliques (à moins que ce soit la caméra) du bâtiment. Et là c’est le bonheur : des mains sans visages tentent d’agripper les cheveux de la belle au travers des barreaux de leurs cellules ; tant et si bien qu’on se croirait dans un film de zombies italien.
Le début de l’ "intrigue" est très classique : Maria partage sa cellule avec cinq détenues qui font régner la terreur sur le terne campus. Heureusement que Goldie veille au grain pour la défendre... dans la cour au moins, car la nuit dans la cellule, personne ne peut venir en aide à Maria. Goldie se fait rapidement assassiner (une chute "accidentelle" dans les escaliers) par les colocataires de notre héroïne, horreur ! Ajoutez à cela une petite scène lesbienne parfaitement gratuite, et à la Garce Matonne près vous avez un authentique WIP (Women in Prison ; le deuxième opus de la série avec Aya Sugimoto comblera avec force vulgarité cette lacune - avis aux amateurs...).
C’est alors qu’intervient le Directeur de la prison qui, à l’examen du dossier de Maria, décide de lui proposer le deal suivant : si elle accepte de rejoindre le monde extérieur le temps d’éliminer le criminel aperçu au début du film, alors non seulement elle pourra entrapercevoir son petit garçon, mais en plus il aura la vie sauve ! Si sa mission échoue par contre... Bien entendu, sa peine n’est aucunement remise en question ; quelle classe !

Comme vous pouvez le constater le concept de Prisoner Maria n’aura que peu évolué au cours des trois films (si l’on excepte l’enrobage cochon du second opus) ; comme souvent cependant, ce premier essai est aussi le meilleur des trois.
Le personnage déjà, est plus intéressant : moins "chagasse" qu’Aya Sugimoto et Noriko Aota (cf. article Naked Weapon pour éviter une polémique sexiste), Naomi Kawashima est par conséquent plus crédible, son jeu plus riche, et incarne donc la meilleure des trois Maria. Son palmarès légal est d’ailleurs nettement plus original que celui partagé par ses consoeurs. Exit l’assassinat de dealers de drogue ; ici Maria écope d’une incarcération... à la place de son fiston Masao, carrément ! En effet alors que la famille incomplète se promène un soir dans un parc (que n’importe qui devinerait coupe-gorge), Maria est victime d’une tentative de viol. Planqué derrière un buisson (et non-voyant de surcroît ?), Masao ne comprend pas que sa mère a réussi à repousser ses agresseurs, et lorsqu’il se saisit d’une arme perdue pour venir en aide à sa Maman, c’est un policier qu’il abat ! Ni une ni deux Maman assume, et justifie l’existence du film. Sacré Masao...

Sur toute la durée de sa partie "action", Prisoner Maria est un female with guns, sans le sou et respectable (surtout si l’on regrette les années 80, le cuir et les clous). Le film ne continue pas sur sa lancée gore, et ne retente l’érotisme providentiel qu’en guise de quota. Bref, tout ça est très pudique et ça en décevra certains, mais c’est à un "vrai" petit film d’action, propre, que nous assistons avec joie et bonhomie.

Le ton second degré de cet article ne doit pas éclipser et j’y tiens, les dix dernières minutes du film. Une fois sa mission remplie, Maria doit s’en retourner voir le Directeur de la prison avant midi pour éviter que Masao soit exécuté. Cet ultime périple, au cours duquel Maria épuisée subit encore quelques douloureux désagréments (re-tentative de viol notamment), est un moment rare dans ce type de film. Une vraie bonne idée, je vous assure !

On rigole on rigole, et tout ça est ma foi fort déstructuré ; toujours est-il que Prisoner Maria n’est pas qu’un simple produit de V-cinema mais avant tout un bon petit film, moins aguicheur que sa suite directe, et bien mieux rythmé et réalisé que la version ciné ! Un mélange équilibré de ces différentes approches avec Noriko Aota dans le rôle titre, aurait sans aucun doute pu aboutir à un petit chef-d’œuvre d’exploitation, mais c’est une autre histoire... Pour le moment je file : tout ça me donne envie de revoir Zero Woman 3 !

Disponible en DVD japonais chez Gaga ; copie correcte non sous-titrée (mais les dialogues sont peu nombreux, et pour la moitié en anglais), accompagnée des trailers des trois opus de la série.

- Article paru le jeudi 24 juillet 2003

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