Pukar
Avouons-le : l’une des particularités du cinéma de Bollywood, c’est l’absence de jeu. Conséquence naturelle d’une tête d’affiche souvent partagée entre une reine de beauté et un fils d’acteur/producteur ; rien d’étonnant à ce qu’ils soient les rois de la pose et que leurs références californiennes se situent à l’intersection du Will Smith Boulevard et de Nicolas Cage Avenue... Bref... Tout ça pour dire que l’un des intérêts de Pukar réside dans le jeu des acteurs : pour une fois, ça joue. Certes, ça n’est pas de la performance, mais les émotions sont évoquées avec un ton plus juste qu’à l’accoutumée.
Qu’en est-il de l’intrigue ? Collez un triangle amoureux au milieu d’une intrigue terroriste opposant l’Inde et le Pakistan, vous devriez avoir une idée du tableau. Je m’explique : le major Jaidev Rajvansh (Anil Kapoor) revient avec les honneurs d’une mission effectuée non loin de la frontière pakistanaise et durant laquelle il a capturé un dangereux terroriste, Abhrush (Danny Denzongpa). Du coup, il est bien décidé à détendre son brushing dans une soirée mondaine, sans pour autant se douter qu’il va y croiser Pooja Mallapa (Namrata Shirodkar), la fille d’un officier supérieur, dont il va tomber immédiatement amoureux. Malheureusement, ça n’est pas pour arranger les affaires d’Anjali (Madhuri Dixit), son amie d’enfance, qui aimerait bien que son amour pour Jaidev soit réciproque. On pourrait même dire que la jalousie va lui courir sur les mèches puisqu’elle va se faire manipuler par les complices du terroriste susdit, entraînant la déchéance de Jaidev et l’évasion d’Abhrush. Prise de remords, elle avouera sa faute à Jaidev, mais cela suffira-t-il à sauver le pays de la menace terroriste ?
Au fil de mes articles, je n’ai cessé de relever une force différente sur chaque film indien que j’ai traité, témoignage de la pluralité des atouts de ce cinéma ; Pukar n’en est pas dénué. Tout en respectant les codes du genre, l’intrigue se hisse aux niveaux des standards américains. En dépit du folklore, les acteurs principaux sont plutôt convaincants, avec une mention spéciale pour Anil Kapoor, marchant parfois sur les plates bandes de Shahrukh... Et sans être mémorables, les séquences musicales ou musclées fonctionnent.
Pourtant, cet ensemble cohérent ne s’imprime pas dans les esprits. C’est-à-dire que l’on ressort de Pukar sans avoir vraiment d’avis : ni ennuyé, ni enthousiaste. Et même si l’on peut lui reconnaître des qualités par l’analyse, il lui manque cette étincelle qui crée la révolte ou la joie. Il me semble malheureusement qu’il n’y a rien de pire pour un film que de sombrer dans ce marais. En espérant donc que ma prochaine découverte indienne sera plus relevée...
Pukar est disponible en DVD indien chez Eros, sous-titré en anglais.

