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Japon

Rape Zombie : Lust of the Dead

aka レイプゾンビ Lust of the Dead | Japon | 2012 | Un film de Naoyuki Tomomatsu | Avec Alice Ozawa, Saya Kobayashi, Asami, Yui Aikawa

Kanae étend tranquillement son linge sur son balcon lorsque son mari rentre du travail. Exaspéré qu’elle ne pense pas à se prosterner pour l’accueillir, il la roue de coups et la viole. Comment ça, Rape Zombie n’est pas un film féministe ? Et si je vous dis qu’en toile de fond de cet élan abject de Domestic Violence, une journaliste commente une singulière épidémie de viols en bande, les hommes du monde entier semblant se transformer en zombies lubriques, leur semence à même de tuer toutes leurs victimes ?

Ce que j’en dis moi, c’est qu’à ce rythme, ces mort-baisants seront tous des frères ; mais c’est une autre histoire. Naoyuki Tomomatsu (Stacy, Zombie Jieitai, Erotibot) préfère suivre les (més)aventures de quelques belles damoiselles, réfugiées dans un temple shinto pour tenter de survivre à cet apocalypse érotico-morbide, armées de sabres et fusils-mitrailleurs et bien déterminées à « tirer dans la bite et sectionner les boules ». Classe. Kanae (Asami) donc, mais aussi Tomoe, Nozomi et Momoko. Dans l’ordre : une house wife, une écolière, une infirmière et une office lady. Sans commentaire. Ce fétichisme tout sauf rampant, Tomomatsu le saupoudre comme il se doit de mauvais goût. Outre l’omniprésence du coït contraint qui justifie son titre délicat, confrontant poitrines dénudées et chairs en décomposition, Rape Zombie est placé sous le signe de l’abus envers les femmes, sous toute ses formes (mais tout de même principalement sexuel), en famille, à l’école ou au travail, illustrant les théories féminicides d’un scientifique, s’exprimant à l’écran dans l’écran, sur un plateau télé confrontant divers experts affairés à résoudre le mystère des « hommes toxiques ». Pour lui, l’émancipation de la femme était un écart dans l’évolution humaine, que la nature à trop traîné à rectifier. Dont acte.

Je vois ces dames qui affutent leurs couteaux... N’allez pourtant pas voir en Tomomatsu un monstre misogyne ; au contraire même. S’il exploite les attributs de ses actrices de façon plus ou moins opportune, morbide et politiquement incorrecte (on embauche rarement Asami et ses consœurs plus explicites pour faire de la couture, en même temps), il prend tout de même très largement leur parti et s’emploie avant tout à nous réduire à l’état de pénis sur pattes, obnubilés par la possession féminine. Dans l’univers de Rape Zombie, seul l’otaku puceau, versant dans le moe – une espèce d’affection asexuée – est à même de survivre. Cédant à l’appétit d’une provocante Tomoe (l’actrice AV Yui Aikawa), il a tôt fait de rejoindre les rangs des zombies... Evidemment, dans ce cas particulier notamment, le réalisateur marche sur une corde raide, puisqu’il fait de la femme la responsable de notre bestialité et la condamne (et la dénude, bien évidemment) en retour. Mais n’est-ce pas là l’ambiguïté, nécessaire et suffisante, de tout film d’exploitation qui se respecte ?

Libre de toute contrainte, narrative ou thématique, Naoyuki Tomomatsu s’amuse donc sans rigueur aucune avec les flashbacks, les inserts télé façon Starship Troopers montrant les survivantes s’entraîner au tir sur des zombies arborant des cibles à l’entrejambe, et autres blasphèmes en tous genres. Avec un point culminant tout de même : puisque l’homme n’est qu’un bon à rien, autant se passer de lui pour toute chose. L’occasion pour Nozomi (la très pourvue Alice Ozawa) et Momoko (Saya Kobayashi) de s’adonner à l’amour lesbien, of course, mais surtout de concevoir un plus ou moins immaculé fruit de l’union saphique, enfant de lumière pseudo-biblique dont on imagine qu’il résoudra cet apocalypse. Comment ça « on imagine » ? Ce Rape Zombie hautement recommandable n’est que le premier du nom, Communauté de la rondelle meurtrie d’une trilogie improbable dont Tomomatsu a emballé tout de go les trois opus. Et autant dire que, Momoko, travestie en Maid Lolita, traversant un Japon dévasté par un missile nucléaire nord-coréen avec son rejeton lumineux dans les bras, une horde de zombies à ses pieds, dans une composition digne de Méliès, ça donne grave envie de voir la suite !

Rape Zombie : Lust of the Dead est disponible en DVD sous-titré anglais chez Tokyo Shock aux US. Pour les deux suites par contre, c’est uniquement au Japon et sans sous-titres que ça se passe !

- Article paru le vendredi 17 janvier 2014

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