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Corée du Sud

Red Eye

Corée du Sud | 2005 | Un film de Kim Dong-Bin | Avec Jang Sin-Young, Song Il-Guk, Lee Dong-Gyu, Kim Hye-Na, Gwak Ji-Min, Lee Eol, Jeong Young-Suk, Park Won-Sang, Kim Hyeon-Suk, Lee Dae-Yeon, Jang So-Yeon

Trains fantômes, collisions temporelles et perruques assassines...

Une petite fille attend l’arrivée de son papa, questionne sa grand-mère sur les raisons de son retard. La vieille dame allongée, ne répond pas et pour cause : elle est décédée. Lorsque la petite fille retourne le corps de sa grand-mère, celui-ci écrase un train miniature. Une télévision dans la pièce fait écho à cette destruction inopportune : une terrible catastrophe ferroviaire vient de se dérouler, dans laquelle des centaines de personnes et plus particulièrement bon nombre d’enfants, viennent de trouver la mort...

Dix ans plus tard, Oh Mi-Sun qui vient de terminer sa formation à destination des voies ferrées coréennes, insiste pour accompagner un train de nuit bien particulier lors de son dernier trajet. Ce trajet, c’est celui qui relie Seoul à Yeosu, sur lequel s’est déroulé l’accident pré-générique. Quant au train, il possède certaines des voitures rescapées du même incident. Les légendes urbaines vont bon train au sein des passagers, parmi lesquels une adolescente de dix-sept ans qui déclare voir les esprits. Alors que l’horaire du Seoul-Yeosu a été avancé de dix minutes par rapport à son départ funeste à minuit, une hallucination du conducteur au cœur d’un tunnel recale le train sur son planning d’autrefois. C’est à partir de cet instant qu’Oh Mi-Sun est assaillie de visions, dans lesquelles passé et présent se superposent, pour dessiner un menaçant présage. Car le dernier voyage du train maudit est aussi bien spatial que temporel, et pourrait très bien entraîner une répétition malheureuse de l’Histoire...

Apparitions aux cheveux longs, révélations en fin de parcours, médiums et possessions : avec de tels ingrédients, Red Eye avait tout pour être une écume de plus sur la vague du traumatisme Ring. La réalité cependant, est que le film de Kim Dong-Bin (pourtant responsable d’une adaptation coréenne du roman de Koji Suzuki plutôt sympathique) essaye tellement de s’éloigner de son instigateur, qu’il en perd tout intérêt. Si l’on avait une propension au jeu de mot facile tenez, on pourrait presque dire que le film, plutôt que de suivre les rails confortables d’une énième relecture, déraille en direction d’une voie de garage nettement moins regardable.

Sur la base d’un concept narratif intéressant - l’éclatement / superposition spatio-temporel de deux évènements - Red Eye complique inutilement une histoire de fantômes vengeurs qui aurait gagnée à être plus simplement explicite. A la fois, paradoxalement, complètement hermétique et cousu de fil blanc, le voyage d’Oh Min-Sun dans la mémoire de son père et de deux victimes perdues de l’accident pré-générique est mou, sans surprises, bourré de retournements incompréhensibles. Certains points sont inutilement lourds - le mystère autour des premières morts dans le train - d’autres trop elliptiques - l’explication de l’accident originel. De plus, le film ne commence réllement qu’au bout de 73 minutes - ce qui ne lui en laisse que 25 pour s’affirmer une identité - avec la « dégradation » visuelle du train qui n’est pas sans rappeler, bien entendu, celle que subit la ville de Silent Hill dans les quatre opus vidéo-ludiques signés Konami. Chaque tentative d’épouvante est un coup d’épée dans l’eau - comme la scène ridicule de la perruque maléfique - et offre autant de points d’égarements à l’histoire (à l’exception d’une scène plutôt gore et réussie de réincarnation). Pour ma part, je n’ai pu compter que sur les facéties de mon chat au cours de la projection, pour garantir un quota de sursauts.

Bref, Red Eye est un film totalement raté. Le potentiel était pourtant bien là et les visuels promotionnels splendides, comme c’est souvent le cas avec le cinéma d’épouvante coréen. Mais Kim Dong-Bin rate le train de l’horreur facile au profit d’une mise en abîme lourdingue et plate ; à l’image des prestations du l’ensemble du cast, dont on ne retiendra qu’une sympathique Natsuki Kato lookalike coréenne.

Red Eye est disponible dans une edition coréenne double DVD (sous-titre anglais optionnels sur le métrage), splendidement packagée histoire de vous faire oublier la bêtise du rajout du film à votre DVDthèque.

- Article paru le mardi 17 mai 2005

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