Resident Evil
Un article typique pour un lundi matin, me direz-vous ? Et comment donc Houston ! Au programme de cette lecture, vous retrouverez donc : une bien jolie fille habillée comme il se doit pour le combat, des zombies, du thrash, des ralentis, des laserdics, hitomi, Ozone - ses rednecks, son vomi et ses doublages - et sans doute, au milieu de tout ça, une définition supplémentaire du bonheur... C’est bien d’être son propre rédac’ chef, non ?
On se lève un matin, on reçoit un coup de fil d’un certain Kaelu San pour aller aux Puces piller une caisse de Laserdics en provenance de Hong-Kong et du Japon... The Blade, Shangai Grand, Swordsman 2... j’en passe et des meilleurs... difficile de faire plus balèze pour un début de dimanche ! On prolonge la journée avec un petit tournoi de snooker sur Playstation, et puis à un moment ou à un autre, il faut bien réagir... et quoi de mieux, par une journée merveilleusement ensoleillée, que d’aller s’enfermer en salle ? Alors, avec le sieur Takeuchi, hein, par exemple, on check rapidement les horaires d’un film convoité - en VO siouplaît parce que nous, les doublages, on ne les aime que dans Le Grand Détournement, Derrick contre Superman ou alors Ozone - et puis on se rend dans une salle bien old school du quatorzième arrondissement de notre capitale pour rêver un instant du Blade 2 de Guillermo Del Toro pendant les "films-annonce"... Nous voilà enfin dans l’obscurité... Le film commence et là... euh, on n’aurait pas oublié de vérifier avant d’entrer que la projection était bien en version originale ? Meeeeer-deuuuuuuh... C’est en VF ! Qu’importe, puisque le film choisi n’est autre que Resident Evil et que l’on sait que l’on va passer un moment fantastique en compagnie de la classe ouvrière du bestiaire horrifique... les zombies ! On reste, et on profite !
Alors rapidement, Resident Evil, the Game, tous les gens qui y ont joué le connaissent... non, ça c’est pour le Loto. Bon, Resident Evil, c’est un jeu Playstation connu aussi sous le nom de Biohazard, le premier chef d’œuvre du Survival Horror créé par Shinji Mikami en 1996, qui a connu un certain nombre de suites sur pas mal de machines. Une référence, un monument de l’horreur vidéo-ludique - en fait le seul véritable jeu d’horreur aux côtés de Silent Hill qu’il a très largement influencé (même si ce dernier a fini par le dépasser, mais c’est là le sujet d’un autre article). Racoon City, des morts qui se réveillent, Chris Redfield et Jill Valentine qui mènent l’enquête dans un manoir bien flippant, Umbrella Corporation... On va dire que la majorité des spectateurs potentiels connaissent, d’accord ? Et bien Resident Evil, the Movie, c’est un peu l’adaptation ciné de Resident Evil, the Game. Jusqu’ici tout va bien...
Resident Evil, the Movie, donc, est un projet plutôt alléchant. Mais pour beaucoup de gens, c’est aussi un échec courru d’avance... Pourquoi ça ? Je vous explique... Il y a dans le monde un grand nombre de gens qui, comme moi, ont été traumatisés par un certain Dawn of the Dead de George A. Romero (Zombie, 1978)... Parmi ceux là, une grande proportion est fan de Resident Evil, the Game. Alors quand on annonce un peu partout sur le Web que Romero planche sur le scénario de l’adaptation, l’écume s’accumule au bord de nos lèvres et nos yeux se mettent à rouler. Et puis - comme sur 99% de ses projets depuis The Dark Half (La Part des ténèbres, 1993) - Romero finit par se faire dégager. Et là, pour le remplacer, les financiers derrière le projet nous collent Paul (W.S) Anderson. Qui c’est celui-là ? Mortal Kombat, Soldier, Event Horizon... Un artisan honnête mais un peu vulgaire, capable du meilleur comme du pire au sein de chacun de ses films (moi je ne regarde que le meilleur et du coup je les aime bien tous les trois, mais je sais que c’est loin d’être le cas de tout le monde)... Gloups ! Mais que fait la police ?
Alors on attend, dubitatifs. Et puis un beau jour, on voit que Milla Jovovich fait partie du casting, et on trouve une photo plutôt alléchante sur www.darkhorizons.com, la Bible des news ciné sur internet... On se remet donc à croire, instinctivement, que tout demeure possible...
Alors, a-t-on bien fait de laisser notre instinct nous guider à cette projection en ce merveilleux dimanche après-midi ? Pas qu’un peu ! Car Resident Evil - version Paul Anderson - est sans doute le meilleur film de zombies sorti sur nos écrans en huit ou dix ans. Ca alors, les gens du fond me soufflent que c’est aussi le seul ! Peut-être, oui, mais quand même - ça aurait pu être moins bien...
On résume un peu : au sein de The Hive ("La Ruche"), un incident déclenche une réaction en chaîne meurtrière... Quelques heures après qu’un système de sécurité démesuré ait isolé la base secrète de Umbrella Corporation du reste du monde, un groupe d’interventions spéciales pénètre dans le manoir qui en dissimule l’accès. Les soldats y récupèrent Alice (Milla Jovovich), agent infiltré qui semble avoir momentanément perdu la mémoire. Pour savoir ce qui s’est réellement passé, une seule solution : pénétrer dans la base. Y entrer oui, mais en ressortir... c’est une autre histoire, puisque la Reine Rouge (l’intelligence artificielle qui contrôle le complexe) compte bien empêcher le T-Virus de se répandre sur Terre... Pour ça, il faut bien isoler les zombies qui ont envahi les différents étages de la structure, n’est-ce pas ? Et Alice et ses camarades soldats de se retrouver aux prises avec une horde de non-morts, de souvenirs refoulés, de trahisons - et bien d’autres monstres encore, souvent d’origine humaine...
Ahlala qu’est-ce que c’est bon ! Pour le coup, je dois avouer que Paul Anderson a su faire un film intégralement bueno ! Ce que Soldier aurait pu être si, passé le premier quart d’heure, le réalisateur n’avait souhaité rendre hommage d’abord à Ron Howard puis à Joseph Zito. Ici, Anderson enlève les gants, et se propose de donner à son public ce qu’il est venu chercher... à savoir, du plaisir à l’état brut !
Après deux séquences d’ouverture successives (la "fermeture" de la ruche, les Swats qui envahissent le manoir), Resident Evil continue sur sa lancée ultra-dynamique avec l’entrée dans la Ruche. D’emblée, on ne peut s’empêcher de repenser aux déclarations de certains journalistes à la sortie de Ghosts of Mars, qui qualifiaient l’excellent défouloir de Carpenter de "véritable adaptation du jeu Resident Evil"... et il est vrai que le film d’Anderson nous rappelle souvent le western martien de Carpenter ! Notamment à cause de ces deux scènes en train qui interviennent au début et à la fin de l’histoire, mais aussi à cause du virus, des créatures... et des rôles féminins qui tiennent ici le haut de l’affiche.
Plus jolie encore que Natasha Hentsridge, Milla Jovovich incarne à merveille le personnage trouble de Alice. Sa garde robe, à peine justifiée, y est aussi pour beaucoup ! Face à elle, Michelle Rodriguez (la découverte de Girlfight), se la joue sévèrement - mais justement - Vasquez dans Aliens, background latino aidant. A quelques regards démesurément sexuels près, Rodriguez assure presque aussi jouissivement que Milla.
Niveau bestiaire, les zombies garantissent eux aussi un nombre généreux de scènes-clefs du genre, même si le gore est peu présent. Cependant, contrairement à ce que l’on aurait pu craindre, son absence ne se fait jamais sentir. Les Lickers et les chiens, créatures récurrentes des jeux, offrent aussi leur lot de satisfaction : la scène où Alice se retrouve face aux chiens - que l’on aurait pu croire ridicule au vu de la bande-annonce du film - est vraiment excellente. Et tout ça s’enchaîne tellement rapidement !
En effet, la principale qualité de Resident Evil est d’aller très vite. La réalisation, bien que riche en effets courants, est très efficace, et Anderson n’abuse jamais du potentiel de ses visuels, n’étirant aucune scène au-delà de sa durée justifiée. Le tout est appuyé par un travail phénoménal sur la bande-son, assourdissante mais redoutable (merci Mr. Manson !), qui garantit une séance au bord de son fauteuil. Quant à la fin du film... (-soupir-) Je n’en dirais pas plus, mais les fans du jeu y trouveront leur compte, tout comme les fans du genre cinématographique le plus regretté des trente dernières années (je parle pour moi là, hein)... Ce ne serait pas ce que l’on appelle une réussite, ça, finalement ? Même la VF ne nous a pas gâché notre plaisir... Milla version I am Legend, une nouvelle définition du bonheur ? Je vous avais prévenus, non ? Pour hitomi, Ozone et le reste, voir de futurs articles, pour la peine... Moi, je retourne voir Resident Evil - en VO ce coup-ci !
Dans vos salles, alors faites un geste, que diable !






