Resident Evil : Apocalypse
J’avoue que je ne comprends pas pourquoi tout le monde s’acharne sur la série des Resident Evil au cinema ; pas plus que je ne comprends l’échec des Tomb Raider ou les insultes qui pleuvent à chaque mention d’Uwe Boll et de son House of the Dead. Il faut croire que les gamers sont des puristes tenaces. J’avoue que si, par exemple, l’adaptation de Silent Hill - dont les quatre opus vidéoludiques me tiennent particulièrement à cœur - venait à être ratée, je serais très déçu. Je ne suis peut-être pas objectif, mais c’est parce que la série de Konami possède déjà toutes les qualités requises par une œuvre cinématographique, que ce soit dans sa narration, dans sa mise ou en scène ou dans son rythme. Mais qu’en est-il de la série de Capcom qui, si elle excellente, est parfaitement inadaptable en tant que telle à l’écran ? Des déplacements ultra-lents, une claustrophobie renforcée par un grand nombre d’allers-retours dans un nombre restreint de lieux, une ambiance dopée par une caméra castratrice et les insupportables chargements à chaque ouverture de porte... Oui, ces jeux sont excellents et essentiels ; non, ils ne se prêtent pas à une adaptation à la lettre - car Resident Evil, c’est une ambiance intrinsèquement liée à un gameplay, et non autosuffisante. J’admets que Romero en aurait certainement tiré une moëlle plus substantiellement horrifique que n’ont pu le faire Paul W.S. Anderson et Alexander Witt. Mais les opus de ces derniers sont-ils pour autant les deux infâmes rejetons que tout le monde prétend ? Ne se rattachent-ils pas parfaitement, dans l’esprit sinon dans la forme, au kitsch grandiloquent prôné par Capcom dans la grande majorité de ses titres, des Resident Evil aux Devil May Cry en passant par les Onimusha ? L’esprit des cinématiques des jeux - seuls moments véritablement cinématographiques en leur sein - n’est-il donc pas du tout présent à vos yeux ? (soupir...)
Pour ma part donc, j’avais déjà adoré (tout à fait !) le premier Resident Evil. Dynamique, bien foutu et jouissif, avec une Milla plus belle que jamais et un potentiel fun ultra-assumé ; tout était réuni pour m’offrir à moi, fan de non-morts devant l’éternel, un moment de plaisir sans fioritures ni complexes, et j’ai su y trouver mon compte. A tel point que, à l’issue du merveilleux travelling arrière qui cloturait cette première aventure sur grand écran, j’attendais avec impatience la suite du périple d’Alice. Et c’est ce que m’offre - je vais être perso, puisque les autres s’en moquent - Resident Evil : Apocalypse, écrit par Paul W.S. Anderson mais réalisé par Alexander Witt, réalisateur de seconde équipe sur bon nombre de blockbusters récents.
Resident Evil : Apocalypse nous propose de retrouver Alice exactement là où nous l’avions laissée. Pour les retardataires, la belle nous fait un résumé du premier opus avant que l’on soit témoin de la propagation du T-Virus aux habitants de Racoon City, lors de l’inspection de la Ruche par le personnel de l’infâme Umbrella Corporation. Au détour d’un commissariat, on croise l’autre belle du film, Jill Valentine, qui dézingue du zombie à tout va avant de tenter de quitter la ville... aux côtés de milliers de citoyens paniqués ! Mais le virus se répand, et Umbrella décide d’isoler Racoon City du reste du monde. Ses rues sont dévastées, et c’est dans ce contexte que s’inscrit - parfaitement - la dernière image de Resident Evil premier du nom (c’était d’ailleurs le point de départ du second jeu). Welcome back, Alice !
Alice qui ne semble pas être tout à fait dans son état normal, d’ailleurs... Après un détour par un surplus militaire - où elle trouve aussi bien armes et munitions que sa tenue, chic et choc, de l’épisode - la voilà qui intervient en moto dans l’église où se sont réfugiés Jill et une poignée de survivants, pour les aider à se défaire de quelques Lickers. Sa mémoire lui revient par bribes ; Alice prend conscience d’avoir été soumise au virus de façon prolongée, d’avoir muté d’une façon ou d’une autre. Elle est plus forte - indestructible ? Des pouvoirs qui lui seront indispensables pour mener à bien une mission imprévue : sauver la fille de l’un des créateurs du virus, réfugiée dans l’enceinte de son école au cœur de la ville. En échange de quoi le paternel les aidera, elle et ses compagnons d’infortune, à s’échapper. Mais Umbrella ne l’entend pas de cette façon, et lâche Nemesis dans les rues de Racoon City...
Dites donc, c’est que je m’emballe sur ce résumé ! Pour un peu, je serais prêt à tout vous raconter, juste pour le plaisir ! Je ne sais pas si c’est le bonheur de regarder la neige tomber par ma fenêtre qui se cumule à celui procuré par la vision du film, mais je me sens bien ! Tellement bien que je peux vous affirmer sans sourciller avoir adoré Resident Evil : Apocalypse ! Son histoire simpliste d’affrontement horrifico-darwinien, confrontant la mutation à l’évolution, la bête à la belle, au sein d’une ville sous l’emprise des zombies... Milla y est encore une fois magnifique, guerrière malgré elle capable de courir le long de la façade d’un immeuble, et la très bad girl Sienna Guillory rentre bien dans la peau de Jill Valentine, et surtout dans sa célèbre tenue, peu conventionnelle pour une femme de loi... Le Nemesis est loin d’être si ridicule que les critiques le déclarent, une fois de plus, et possède parfaitement sa place au sein du bestiaire délirant de Capcom. Il est vrai que sieur Anderson a quelque peu triché avec la trame des jeux pour nous livrer cette histoire qui mélange les deuxième et troisième opus, et s’offre même le luxe de tourner en live la magnifique séquence d’intro de Code Veronica en l’adaptant au personnage d’Alice, mais l’univers cinématographique qu’il a su tirer de jeux parfois redondants me semble parfaitement cohérent et divertissant. Et en plus Alexander Witt nous livre une scène dédiée aux enfants zombies ! La fin laisse une fois de plus entrevoir une suite très fun - mais qui sait si elle sera tournée un jour ? Peut-être les producteurs souhaiteront-ils se tourner du côté de la nouvelle trame, plus survival qu’horror, lancée par Resident Evil 4 ? J’espère pour ma part qu’ils continueront à jouir du charisme très série B, très fan boy, de Milla Jovovich. Car mon affection n’est peut-être pas raisonnable mais elle est bien réelle, et j’ai hâte de la retrouver dans la peau délicieuse d’Alice !
Resident Evil : Apocalypse est sorti sur les écrans français le 6 octobre 2004. Il est disponible en DVD zone 1 NTSC et sortira en zone 2 français au cours de l’été 2005.




