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Hors-Asie

Rest Stop

aka Rest Stop : Dead Ahead | USA | 2006 | Un film de John Shiban | Avec Jaimie Alexander, Joey Mendicino, Deanna Russo, Diane Salinger, Michael Childers, Curtis Taylor, Joseph Lawrence, Mikey Post

Goodbye Texas : survival schmumble.

"Tout le monde a son demon intérieur. Pour mon grand-père, c’est la guerre du Vietnam. Pour ma grand-mère, c’est mon grand-père. Pour mon père et ma mère… on peut dire que c’est moi." C’est plus ou moins avec ces mots en off, que Rest Stop nous présente son héroïne et narratrice, relève d’une donzelle agressée pré-générique dans des toilettes publiques. Notre héroïne donc (charmante Jaimie Alexander), se prénomme Nicole – Nic pour les intimes – et voyage sur le siège passager de la voiture de son petit ami Jess, avec lequel elle a décidé de fuguer, laissant le Texas derrière eux pour rejoindre les côtés californiennes. En cours de route forcément, les jeunes batiffolent, usent de substances illicites, et manquent de se faire percuter par un pick-up roulant en sens inverse. Chamboulée, Nic impose à son homme de lui trouver un coin civilisé où soulager sa vessie. Ce sera un simple « rest stop » désert au milieu de nulle part, dont les toilettes rappellent clairement les promesses de violence du début du film. Lorsque Nic ressort des WC, Jess a disparu. Et le pickup et son mystérieux conducteur commencent à jouer avec ses nerfs…

Rest Stop est le premier film de John Shiban, pilier des X-Files désireux de livrer, comme tout le monde aujourd’hui, un survival bien méchant. Direct-to-video produit sous la surveillance de la société Raw Feed que Shiban a lui-même créée, jouissant forcément d’un statut Unrated, Rest Stop est un film bancal et – n’ayons pas peur des mots – raté, n’en déplaise à un Shiban que l’on devine plein de bonne volonté, tout comme sa très seule actrice principale.

Du côté des avantages de Rest Stop, on peut au moins lui reconnaître l’honnêteté de ne pas tourner autour du pot : l’exposition ne dure même pas 15 minutes, qui ont la décence de s’affranchir du quota simili-érotique inhérent au genre horrifique. Passé quelques actes « répréhensibles », place à la solitude d’une Nic persecutée sur une aire plus ou moins désertée. Le pick-up et son chauffeur sont immédiatement explicités comme entité maléfique, Nic comme héroïne soliloquante et aussi instable que la narration qui la condamne à s’enfermer aux toilettes une bonne partie du métrage. Car Nic est seule, et donc elle parle seule. Certainement conscient des limitations du concept, Shiban rajoute une petite touche fantastique à Rest Stop, qui lui permet de confronter la jeune femme à d’anciennes victimes du tueur de l’aire de repos, réminiscences incarnées le temps de quelques excès graphiques et d’intérprétation (le flic paralysé constitue certainement l’une des plus mauvaises incarnations cinématographiques que j’ai jamais vue).

Autre point positif de Rest Stop, son côté graphique certain : doigts arrachés, jambes outragées à la perceuse, cervelle brutallement exposée… il y a de quoi faire pour qui aime en savoir plus sur les comportements limitrophes du corps humain. Il y a même une certaine volonté de méchanceté. Alors, avec une héroïne qui termine en soutien-gorge, pas mal de gore frontal et une isolation propice aux pires rencontres redneck (la famille dans le camping car, caricature de la dégénérescence façon « make it weird, put a dwarf in it ! »), comment Rest Stop peut-il passer à ce point à côté de la plaque ? Tout simplement en étant mal écrit, rythmé, et réalisé. D’une platitude grandiloquente, ce premier long de Shiban réussit l’exploit de ne jamais effrayer ou ne serait-ce qu’inquiéter, et même de désamorcer chacune de ses explosions graphiques. Shiban tente la froideur dans le traitement, mais le rendu global de l’image, trop chaud, fait que la distanciation se tranforme en inattention ; les scènes, façon torture-porn trop conscient, deviennent alors de simples anecdotes de cruauté plastique. Tiens, je me suis fait manger un doigt par un psychopathe, dis-donc… Ici l’horreur n’a pas de visage, mais au lieu de demeurer incertaine et inquiétante, résidant hors-champ au-delà des quelques bribes que l’on peut deviner par le biais du regard de Nicole, elle devient simplément impersonnelle et sans intérêt. Shiban devrait s’en retourner potasser Wolf Creek, son intelligence de localisation et de confrontation explicite, ses teintes et ses silences, pour comprendre pourquoi son arrêt pipi est vraiment loin d’être satisfaisant…

Rest Stop est disponible en DVD zone 1 chez Warner Home Video.

- Article paru le jeudi 28 juin 2007

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