Rétribution
Le mystère de la femme en rouge.
Rétribution est sorti sur les écrans, enfin sur un, après Réincarnation de Takashi Ju On Shimizu et avant Kaïdan de Hideo Ring Nakata. N’en doutons pas, ces trois films devraient faire la joie des dvdphiles sous la forme d’un coffret orné de la mention : le producteur de Ring, Takashige Ichise, présente les trois maîtres du cinéma d’horreur japonais.
Kyoshi Kurosawa avance en terrain connu. L’inspecteur Yoshioka, interprété par son acteur fétiche, Koji Yakusho, est chargé d’enquêter sur le meurtre d’une femme, noyée dans une flaque d’eau salée. Certains indices laissés par le meutrier semblent faire de l’inspecteur un possible coupable. Il s’interroge lui-même sur sa culpabilité car sa mémoire, ses rêves lui jouent des tours bien étranges. Son comportement bizarre intrigue également son partenaire jusqu’à ce que d’autres meurtres soient commis selon le même mode opératoire, mais par des personnes différentes. Ces homicides mettent toujours en scène des gens proches, amants, père et fils, et une noyade dans l’eau salée. Quel est donc le motif de ces assassinats perpétrés dans un Tokyo bizarrement vide de monde et constitué de friches industrielles regagnées sur la mer ?
Rétribution prend toute son ampleur dans la second partie, une fois le noeud de l’intrigue dénoué par l’inspecteur Yoshioka. Le film de Kyoshi Kurosawa abandonne alors son statut d’énième film de fantôme. Malheureusement, certains spectateurs auront peut-être déjà abandonné la partie en raison d’une certaine langueur dans le film, langueur toute « kurosawaïenne ». Le principal reproche pouvant être adressé au film est d’ailleurs que Kurosawa fait du Kurosawa. Mais ce crû est de bonne qualité et une nouvelle fois le réalisateur japonais a réussi à me donner la chair de poule.
La première partie dédiée à l’enquête va céder la place à une multiplication des apparitions d’un fantôme vêtu de rouge. Des manifestations particulièrement réussies comme ces mains et ce visage qui apparaîssent dans un mur fissuré par un tremblement de terre.
Si Dieu rétribue les hommes en fonction de leurs actions, principalement par la récompense des justes et la sanction des pécheurs, le fantôme les punit pour leur inaction. Il ne se satisfait pas d’avoir été apaisé, sa vindicte continuera de contaminer toutes les personnes qui n’auront pas suffisament porté attention aux autres. Et dans notre société moderne, bien des gens sont concernés. Cette indifférence à l’égard d’autrui, cet égoïsme, il s’agit d’une nouvelle épidémie, de la grande peste du XXIème siècle.
Ce thème de la contagion, déjà présent dans Kaïro, Kyoshi Kurozawa l’applique à sa mise en scène. Son but n’est pas tant de faire peur au spectateurs, de provoquer un choc, que d’instiller en eux l’angoisse.
Rétribution est sorti sur les écrans français - discrètement, vous l’aurez compris - le 29 août 2007. Date à laquelle il était déjà disponible en DVD au Japon depuis un mois, malheureusement sans sous-titres.



