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Hors-Asie

Return of the Living Dead 3

USA | 1993 | Un film de Brian Yuzna | Avec Mindy Clarke, J. Trevor Edmond, Kent McCord, James T. Callahan, Sarah Douglas, Billy Kane, Abigail Lenz

Souvenez-vous... Il y a encore quelques années, le Grand Rex nous offrait la possibilité de découvrir des films d’horreur sur écran géant, toute la nuit, plusieurs jours d’affilée. Un Festival du Film Fantastique où l’on a pu voir pas mal de merveilles, parmi lesquelles ce Return of the Living Dead 3 trop souvent considéré comme un "direct-to-video" mineur. A croire que les gens n’ont pas percuté sur le nom de son réalisateur, et qu’ils n’ont pas jeté un œil au "yummy zombie" qui orne l’affiche de ce "faux" troisième épisode de la série lancée par Dan O’Bannon en 1985...

Le réalisateur donc, pour commencer... Brian Yuzna, ça vous dit quelque chose ? Non ? On parie que vous allez encore me faire le coup du "ah, c’est vrai, j’avais oublié !" ? Mr Yuzna a commencé sa carrière dans les années 80, avant tout en tant que producteur. C’est en occupant ce poste sur trois films de son bon ami Stuart Gordon qu’il s’est avant tout fait remarquer : Re-Animator (1985), From Beyond (1986) et Dolls (1986 aussi). Il n’est pas nécessaire de vous présenter le premier ; le second réunit à nouveau Jeffrey Combs et la merveilleuse Barbara Crampton dans un délire intéressant autour de notre glande pituitaire ; le troisième est sympathique et pourtant bien moins connu, la saga des Puppet Master ayant éclipsé tous les autres films de "jouets maléfiques".

Yuzna occupera longtemps le poste de producteur, mais se mettra rapidement à la réalisation. Son premier film date de 1989 ; il s’agit de Society, rendu célèbre par sa mémorable orgie finale, mise en image grâce au talent craspec de Screaming Mad George (maquilleur surdoué qui a pourtant complètement disparu des écrans entre 1994 et 2000 - date à laquelle il a retrouvé Brian Yuzna pour Faust). Suivent Bride of Re-Animator (Re-Animator 2, 1990), mais aussi le quatrième opus de la série de slashers Silent Night, Deadly Night (Douce nuit, sanglante nuit), Initation (1990 toujours) - sans conteste le meilleur épisode d’une série qui en compte tout de même cinq (le scénario du cinquième est d’ailleurs aussi co-écrit par Yuzna).

C’est en 1993 que Yuzna s’attaque à la série comico-horrifique Return of the Living Dead en la revisitant version Roméo & Juliette, grâce au talent (malheureusement éphémère) de Melinda (Mindy pour les intimes) Clarke. Après son sketch pour le film Necronomicon - qui sauve l’anthologie d’une débacle épouvantable - Yuzna réalise le premier de ses deux fantastiques The Dentist (plus des drames saisissants que des véritables films gore) avant de faire un petit tour par la télévision avec la série Tarzan : The Epic Adventures (1996, avec Andrew Divoff). Retour à l’horreur viscéral avec The Dentist 2 : Brace Yourself en 1998, puis avec Progeny (1999), fabuleuse relecture de Rosemary’s Baby version Roswell avec Brad Dourif, un habitué du genre...

En 1999, Brian Yuzna quitte les Etats-Unis pour venir s’installer en Espagne, où il fonde la Fantastic Factory sous la houlette de Filmax, avec le producteur espagnol Julio Fernandez (responsable du premier chef-d’œuvre de Jaume Balaguero, Los Sin Nombre - La Secte des sans-noms). En 2000, il réalise son premier film au sein de son propre studio, Faust : Love of the Damned (d’après le graphic novel de David Quinn et Tim Vigil). Nul ne sait encore s’il pourra ou non réaliser son Beyond Re-Animator. Il a néanmoins produit, en 2001, Arachnid de Jack Sholder (Hidden - 1987, mais aussi l’excellent téléfilm By Dawn’s Early Light - 1990), Dagon de Stuart Gordon (d’après Lovecraft une fois de plus) et Darkness, le second film de Jaume Balaguero. Qui oserait dire après une telle carrière - qui plus est loin d’être terminée - que Brian Yuzna n’est pas un véritable amoureux du fantastique ?

Notre "yummy zombie", maintenant... Melinda Clarke est avant tout connue pour ses nombreux rôles télévisuels : de Days of Our Lives (de 1989 à 1990) au récent Star Trek Enterprise : Broken Bow (2001), en passant par Xena (en 1995) et Soldier of Fortune Inc. (1997), il est vrai que la belle s’est payée un sacré tour d’horizon "serialesque", et pas des plus glorieux. Mindy Clarke ne nous a offert que peu de rôles au cinéma (mais elle a toutefois durablement marqué le genre horrifique - elle se rapproche en cela de l’égérie de Stuart Gordon citée ci-dessus, Barbara Crampton), dont trois nous intéressent ici.

Spawn (1997) tout d’abord, où elle joue le seul rôle sympa de l’un des films les plus pathétiques de la création. Malheureusement, la très SM Jessica Priest se fait éliminer très rapidement... On remonte d’un an en arrière pour revenir sur l’incroyable The Killer Tongue (La Lengua Asesina - Alberto Sciamma), où Mindy interprète Candy, une jeune femme un peu niaise qui se retrouve possédée par une langue énorme et maléfique tandis que ses 4 chiots se transforment en autant de travestis délirants... Enfin, pour terminer notre voyage dans le temps, Mindy a avant tout tenu le role de Julie Walker, le zombie le plus sexy de la création, dans Return of the Living Dead 3. D’ailleurs, on en profite ici pour saluer deux autres "yummy zombies" : Anna Falchi dans le fabuleux Dellamorte Dellamore (Michele Soavi, 1994), mais aussi Valentina Vargas dans le massacré Hellraiser : Bloodline (Alan Smithee - mais en réalité Kevin Yagher, 1996). Qui a dit que les chairs mises à nues n’étaient pas atttirantes ? Pour vous en convaincre, il nous suffit donc maintenant de revenir à notre film...

Curt est le fils du Colonel John Reynolds - militaire à la tête d’un groupe de recherche visant à utiliser des cadavres réanimés sur les champs de bataille. Sans se douter de la nature des expérimentations morbides de son paternel, Curt dérobe le pass de son père, et convie sa petite amie Julie Walker à une séance surprise gratuite, qui devrait s’avérer exceptionnelle... tu m’étonnes ! Devant leurs yeux ébahis, le colonel réanime un cadavre bien froid, à l’aide du gaz contenu dans des barils rescapés des deux premiers opus de la série. L’expérience tourne particulièrement mal, le mort-vivant se payant deux scientifiques en guise de petit-déjeuner. Si Curt quitte la base horrifié, Julie est toute émoustillée par ce spectacle douteux - c’est donc l’heure d’une petite partie de jambes en l’air... Arrive papa ("sir"), pas content ni même particulièrement fier de la tournure que prend sa carrière : suite à son cuisant échec, il est relocalisé à Phoenix. Curt décide de ne pas suivre son père, lassé par le rythme incessant de leurs déménagements, et s’enfuit avec sa bien aimée. Décidément mise en appétit, Julie ne peut s’empêcher de tripoter son homme courageux alors qu’ils s’échappent en moto. Résultat : accident, poteau dans la tête, morte sur le coup. Curt décide de ramener sa copine à la vie, sans réfléchir aux conséquences de son acte...

Tout ça pour ça, me direz-vous ! C’est vrai, c’est un peu le scénario de Bride of Re-Animator, mais aussi le point de départ de Frankenhooker, et j’en passe... Mais on s’en fout, non ? Le fait est que RotLD3 apporte un peu de sang neuf à l’un de nos genres favoris. Cette nouveauté tient en cette approche romantique de ce si particulier appétit post-mortem, doublé ici d’une satisfaction purement masochiste : Julie, qui souffre d’une faim insatiable, recoure à la douleur pour tenter de l’oublier. Elle devient ainsi la première actrice plus attirante morte que vivante, une séance hardcore de scarifiction et de piercing extrème aidant.

Mais le personnage de Julie n’est pas la seule qualité de ce petit film d’horreur de très bonne qualité. Se démarquant de l’humour potache de la série (le second épisode, signé Ken Wiederhorn, étant tout de même particulièrement affligeant), Yuzna parvient à livrer un film à la fois divertissant et terriblement inhumain, certaines des expérimentations militaires faisant réellement froid dans le dos (notamment celles liées au concept d’ "exo-squelette"...). Quant à la fin du film, originale dans un tel cadre si elle ne l’est pas dans l’absolu, elle est tout simplement magnifique (désolé, je ne vous la révèlerais pas ici !) - autant que désespérée, d’ailleurs... Elle confirme aussi un peu cette impression selon laquelle Yuzna n’aurait pas plus confiance que ça en la nature humaine...

La série devrait accoucher d’un quatrième épisode au cours de l’année 2002, sous la direction de William Butler (dont ce sera la première réalisation, l’homme étant acteur à l’origine). Espérons que les producteurs sauront suivre la voie tracée avec talent et honnêteté par Brian Yuzna.

RotLD3 est disponible...
- soit en DVD zone 2 uncut mais plein cadre, avec quelques taches de pellicules ;
- soit en DVD zone 1 au format mais allégrement coupé, dans une copie de qualité...

- Article paru le lundi 18 mars 2002

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