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Hors-Asie

Return of the Living Dead : Necropolis

USA | 2005 | Un film de Ellory Elkayem | Avec John Keefe, Aimee-Lynn Chadwick, Cory Hardrict, Jana Kramer, Peter Coyote, Elvin Dandel, Alexandru Geoana, Toma Danila, Diana Munteanu, Serban Georgevici

Julian et son petit frère demeuré, surnommé Pyro à cause de sa passion pour le bricolage de lance flammes maison, vivent avec leur oncle Charles depuis le décès de leurs parents, un an plus tôt, dans un accident de voiture. A croire que ça n’a pas mis beaucoup de plomb dans la tête de celui que la mignonne Katie, petite amie émérite de service, surnomme Jules ; puisque le teenager simplet s’adonne aux deux roues avec son pote Zeke et une bonne dose d’imprudence, incapable de refuser un défi. Sauf que là, c’est Zeke qui se viande et pas qu’un peu : lorsque Julian se rend à l’hôpital censé le remettre sur pied, on lui annonce qu’une complication imprévue a eu raison de son camarade. Damnède, pourquoi Katie, qui arrondit ses fins de mois en bossant à la sécurité de Hybratech, voit-elle des ambulanciers escorter un Zeke simplement inconscient en catimini dans les locaux de la corporation ? Hybratech, c’est un peu le Microsoft de la chimie toxique, multinationale bien décidée à vous contaminer de la tête aux pieds, à la maison comme sur un champ de bataille, sa gamme allant du fromage synthétique au napalm. Par ailleurs, un détail, Hybratech est le prestataire de choix lorsqu’il s’agit de contenir une invasion de zombies. Un autre détail, c’est le fait que tonton Charles travaille en tant que chercheur chez Hydratech, revient fraîchement de Tchernobyl où il a pu acheter un lot de barils de Trioxyn-5, et qu’il libère le gaz immortalisé par Dan O’Bannon sur des membres sectionnés, et autres punk à crête décédé, pour les ramener à la vie.

Vingt ans après le légendaire Return of the Living Dead, Ellory Elkayem, pourtant responsable d’un agréable Arac Attack, vend son âme au diable – et aux roumains – le temps non pas d’un, mais deux nouveaux opus attardés. Okay, je n’ai pas eu le plaisir de m’asseoir devant Rave to the Grave, mais si les qualités de Necropolis constituent un quelconque indicateur, je doute que la cinquième inspiration de Trioxyn soit plus rafraichissante que celle-ci. Plus eighties que le second épisode, comédie horrifique sans grand intérêt torchée par Ken Wiederhorn, plus fauché qu’un Zombie Wars pourtant moins riche que la Sécu, Necropolis est une aberration d’autant plus évidente qu’elle détruit définitivement, si besoin était, la réputation de Peter Coyote.

Écartons de suite le seul point positif du film - la frimousse agréablement ricaine de Jana Kramer – pour nous concentrer sur tout le reste. Le scénario, débilitant, prend des plombes à mettre en scène une fuite de Trioxyn, à même de créer une invasion de zombies à partir de clodos qui dégustaient tranquillement, en sous sol, un rat à la broche, pour ne jamais s’en servir. A quoi bon, puisqu’Hydratech conserve dans ses locaux sa propre armée de morts vivants, libérée de la fameuse Necropolis du titre – simple geôle toute pourrie - par une mauvaise manip’ informatique de Katie ? Certes, ça a donné l’occasion à la production, expatriée en Roumanie, d’aller un peu plus à l’est le temps d’accompagner Peter Coyote à Tchernobyl, mais en dehors de ça, on ne voit pas trop, puisque ces digressions ne dissimulent en rien la vacuité du scénario, abrutissante. En fait, il n’y a que le personnage de Coyote qui s’amuse dans le film, énonçant avec pseudo-parodie des velléités de domination mondiale en serrant la mâchoire et en se mordant les lèvres. Pas sûr que l’acteur, par contre, prenne tant de plaisir que ça à payer sa came en cabotinant de cette façon.

On le comprend : pas un des protagonistes du film n’est sympathique. Les ados de Necropolis, Scooby Gang du pauvre armé de nunchakus et de lampes frontales, sont tous détestables, même si aucun n’arrive à la cheville de Julian et Zeke – sans même parler du petit frère, dont le décès brutal causera chez les plus vils d’entre vous un sourire évident. Ça joue mal, ça fait la gueule, ça se prend super au sérieux alors que, conscient que seul un headshot peut venir à bout d’un zombie, ça continuer à flinguer dans le bide et les jambes, et ça ose même faire du karaté à la Ralph Macchio pour se frayer un passage dans les locaux infestés d’Hydratech. Je sais, ces jeunes acteurs n’y peuvent rien, c’est la faute de la production ; mais puisque les scénaristes ont décidé de s’attarder avec force détails sur leur effraction interminable dans les locaux du diable, sans développer la moindre « intrigue » parallèle, on se retrouve sans personne d’autre à blâmer.

Ben oui, parce qu’en plus les locaux d’Hydratech sont vides : la seule multinationale du monde à n’héberger qu’un seul salarié, protégé par quelques vigiles le temps qu’il déambule dans des couloirs dépeuplés. Même les parents de Julian, ressuscités en secret pour être transformés en machines à tuer, scie circulaire et canons rotatifs compris, n’entraînent pas Necropolis vers le moindre sursaut de vie (un comble pour un film qui joue avec la réanimation) ; et l’on s’abîme dans la contemplation de cette bouse garnie au néant, même pas assez enjouée pour être drôle, qui a juste le mérite de nous laisser suffisamment de temps de cerveau disponible pour regretter Brian Yuzna et Mindy Clarke, qui avaient emmenés la série, en 1993, vers des sommets inverses. Putain, les zombies, c’est la vie, pourtant !

Évidemment, tout ça se trouve en DVD sans problème, et pour pas cher en plus : comme quoi il y en a tout de même, qui connaissent la valeur de ce qu’ils vendent.

- Article paru le mercredi 12 mai 2010

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