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Hong Kong

Return to a Better Tomorrow

Hong Kong | 1994 | Un film de Wong Jing | Avec Ekin Cheng, Lau Ching-Wan, Michael Wong, Chingmy Yau, John Ching, Sing Ngai

Lobster (Lau Ching-Wan) est un jeune mafieux, membre de la famille de Lui Wei. Un soir, il est présenté à Tong Chun (Ekin Cheng), un "brother" relativement haut placé et très respecté de cette famille des triades HK. Chun a besoin d’hommes pour éliminer Black Ox, truand ennemi qui lui cause quelques soucis. D’un naturel bavard et maladroit, Lobster est tenu quelque peu à l’écart de l’opération par son patron, et se retrouve à surveiller une des ruelles autour du cinéma où Black Ox regarde un film en compagnie de l’une de ses "petites amies" - qu’il n’hésite néanmoins pas à utiliser comme bouclier humain pour sauver sa peau lors de l’attaque de Chun et s’enfuir.
Equipé d’une simple barre de fer, Lobster arrive à leurrer Black Ox et à récupérer un de ses deux flingues, et vide son chargeur dans le ventre du boss adverse. Malheureusement celui-ci ne meurt pas sur le coup et parvient à tirer une balle dans le dos d’un Lobster prématurément victorieux avant que Chun arrive pour l’achever. L’amitié entre Chun et Lobster fait ses premiers pas alors que Chun amène sa nouvelle recrue à l’hôpital de toute urgence, délaissant même sa copine, la magnifique Chili (qui d’autre que Chingmy Yau, qui fait d’ailleurs - comme toujours - une entrée remarquable dans le film) avec laquelle tout ne va pas pour le mieux.

Lobster monte rapidement en grade. Mais le monde dans lequel évoluent nos "héros" ne leur facilite rien : la femme de Lobster le trompe avec un truand stupide, et tous deux abusent de Little Lobster, sa petite fille, la battant sans cesse. Une nuit, Lobster la retrouve même enfermée dans une cage avec des chiens sur le toit de leur immeuble ( !!!). Il rentre chez lui pour affronter sa femme, mais la situation dégénère : celle-ci est tuée par son amant et Lobster le précipite par la fenêtre - avant d’être arrêté pour un double-meurtre. Sa nouvelle famille veille au grain, et parvient cependant à le tirer d’affaire au tribunal.
Pendant ce temps-là, la police ne cesse de harceler Chun, essayant de lui faire porter la casquette de trafiquant de drogues, alors que celui-ci affirme n’avoir jamais participé à un tel trafic. En réalité, c’est son propre patron qui fait tout pour l’incriminer et se sortir d’affaire. Chun est condamné à quitter Hong-Kong, trahi par Lui Wei et Holland Boy (Sing Ngai), un homme de main dégénéré et ultra-violent, qui s’occupera aussi très brutalement de l’assaisonnement de Chili (désolé, je n’ai pas pu m’en empêcher).
Deux ans passent. Chun revient incognito à Hong-Kong. Chili, "défigurée" (vous croyez vraiment que Chingmy Yau peut être sérieusement enlaidie, vous ?) et handicapée, est devenue héroïnomane, Lobster est désormais l’une des figures les plus importantes des triades, sans se douter des activités clandestines de son patron. Mais Chun compte bien prendre sa vengeance...

Vous l’aurez compris en lisant ce résumé compliqué (une mise en place qui couvre tout de même les trois premiers quarts d’heure du film), Return to a Better Tomorrow n’a rien à voir avec la série légendaire à l’origine du Heroic Bloodshed HK des années 80, initiée par John Woo et Tsui Hark. Néanmoins, c’est un film qui reprend les thèmes de la fraternité criminelle, de la trahison et de la vengeance de quelques uns contre tous, au goût des années 90 et surtout sous l’œil déformant de Wong Jing - c’est-à-dire dans un monde abject et terriblement pessimiste.

Car Wong Jing est un homme abject, comme vous le savez tous, habile artisan opportuniste toujours prêt à pervertir la race humaine au maximum. C’est ainsi que Little Lobster accepte de se faire battre avec une maturité déconcertante ("C’est pas grave, j’ai l’habitude."), que des enfants meurent exécutés à bout portant, que les femmes subissent des violences ignobles, et j’en passe. Mais bon, pour une fois, le second degré racoleur et voyeur du réalisateur-producteur "Xerox" est laissé en arrière plan pour offrir un film axé avant tout sur une palette de personnages désespérés, même si Michael Wong (Duke Simon dans le film) fait, comme souvent, quelque peu figure de tâcheron au milieu de tout ça. D’ailleurs, on se demande un peu comment Wong Jing arrive à traîner le SDU aussi bas dans autant de ses films ; ici, l’humiliation est maximisée : capillaire (mais les coupes de cheveux sont ici globalement exceptionnelles, le brushing de Lau Ching-Wan y compris), vestimentaire (SDU en short, SDU en chemise à pois), humaine (la scène où Duke affronte Holland Boy transforme notre SDU en Beast Cop mono-neuronal)... tout y passe, et ça laisse quand même un peu rêveur. Mais c’est bueno, hein, nous on aime bien les prestations extrêmes de Michael Wong. Dans son genre, Lau Ching-Wan n’est pas mal non plus, encore bien loin d’une présence comme celle qu’il possède dans l’exceptionnel The Longest Nite.

En dépit d’un rythme de narration déséquilibré et de retournements incessants, Return to a Better Tomorrow, sans parvenir à faire oublier ses illustres modèles, reste un film de très bonne facture - sans aucun doute l’un des plus intéressants et les plus sérieux sorti du Workshop de Wong Jing, bien que tout de même un peu douteux dans l’utilisation de certains éléments "humoristiques". Mais c’est aussi pour ça que l’on aime Wong Jing, non ?

DVD Universe à peu près correct : le master est assez abimé, mais l’éditeur HK nous a habitué à pire ! Et pour une fois, même si le 5.1 n’est pas trop exploité, le peu de spatialisation qu’il y a correspond vraiment à quelque chose...

- Article paru le vendredi 5 octobre 2001

signé Akatomy

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