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Rollerball

USA | 2002 | Un film de John McTiernan | Avec Chris Klein, LL Cool J, Rebecca Romijn-Stamos, Jean Reno, Naveen Andrews, Oleg Taktarov, David Hemblen

Beaucoup de spectateurs ont tout de même des attitudes très difficiles à appréhender. Prenons par exemple le cas du Treizième Guerrier de John McTiernan. Un film attendu comme le messie pendant des mois, voire des années, surtout après la diffusion sans suite d’une première bande-annonce exceptionnelle. Et puis subitement, l’affaire du renvoi de "MacT" du montage du film, remplacé par Michael Crichton qui - on l’oublie trop souvent - est loin d’avoir été un mauvais réalisateur (Westworld, La Grande attaque du train d’or, Morts suspectes), et qui suffit à détourner les fans de la première heure d’une éventuelle projection. Peu importe que l’on crie au chef-d’œuvre, quelque part dans le fond de la salle, puisque Le Treizième Guerrier n’est pas le film de son réalisateur, mais celui d’une trahison. Est-ce que le départ de Fincher d’Alien 3 a empêché le film d’être excellent ? Vient-il à l’esprit des fans de MacT que sa réalisation est tellement cohérente qu’un remontage ne peut se faire que par scènes complètes, sans altérer la nature de sa mise en scène ? Que nenni. Plutôt que de risquer l’appréciation, mieux vaut se contenter d’un "ça ne m’intéresse pas" : il est toujours plus simple de critiquer ce que l’on ne connaît pas. Un exemple au hasard pour tenter d’expliquer le rejet en bloc d’un certain Rollerball - lui aussi signé, oh surprise ! par MacTiernan, lui aussi le fruit d’une certaine trahison. Et n’allez pas dire que mes choix en matière d’illustration ne sont pas objectifs, s’il vous plaît !

S’il y a un projet qui a récemment mis l’eau à la bouche de nombreux fans de cinéma dit "bourrin", c’est bien la mise en chantier d’un remake du Rollerball de Norman Jewison par MacT. Comment expliquer alors que cette nouvelle version n’ait convaincu que 300.000 pélerins français à assister au massacre, alors que le film original avait su en drainer 5 fois plus en 1975 ? On pourrait ici parler de sabordage médiatique. La presse s’est en effet fait une nouvelle fois le porte-parole de "l’effet Treizième Guerrier", à savoir du refus d’un studio de sortir le premier montage du réalisateur, jugé trop violent. Quelqu’un a-t-il cependant pensé à préciser que, à l’exception d’un rapprochement charnel et de quelques éclaboussures écarlates (pour empêcher une interdiction aux moins de seize ans), le montage final était tout de même l’œuvre de McTiernan ? Non : il était plus simple de rejeter en bloc un film que l’on supposait inachevé et bêtement remonté. Soit, le Rollerball "2002" que l’on connait n’est pas plus le film souhaité par McTiernan que Le Treizième guerrier. Et si le réalisateur avait tout de même réussi à faire pencher la balance à son avantage ?

Exit un quelconque discours politique ou social, le Rollerball de MacT est une déclaration de guerre aux médias et aux producteurs : la croisade violente de Jonathan Cross contre un système devient ici une lutte purement personnelle. En resserrant son montage, McTiernan a su retourner un film d’action contre ses maitres d’œuvre, transformant une lutte politique en piètre excuse de toile de fond. Pire encore, le mépris qu’affiche le Jonathan inteprété par Chris Klein envers un peuple opprimé fait de lui un héros usurpé autant qu’horriblement opportuniste. Son seul objectif ? Venger la mort de son ami Marcus Ridley, et sauver les fesses de sa compagne Aurora (Rebecca Romijn-Stamos qui nous fait le coup pour le moins osé de la vilaine défigurée !!!). MacT a retiré de son film toute subtilité pour se concentrer sur la rage et la violence. Que ce soient les ralentis télévisuels accompagnés de hurlements bestiaux, les prestations live de Slipknot en bord de piste, ou le plaisir affiché de Jonathan de participer au jeu de massacre final, tout est mis en oeuvre pour livrer un cri de guerre d’à peine une heure et demie, sans aucun développement de personnage ou de relation au-delà d’un nécessaire syndical et superficiel.

Beaucoup de gens verraient dans un tel substrat un monument d’inutilité, de force brute mal employée. Quand on regarde de près la réalisation de McTiernan (notamment au niveau de sa couverture exceptionnelle du terrain alambiqué, au cours des matchs), on se rend pourtant compte que l’économie apparente de réflexion joue le jeu d’une provocation hallucinante, visant à envoyer une bille de plomb de plusieurs tonnes au visage de commanditaires bovins.

Alors oui, MacT se fait l’avocat du diable et se travestit en entertainer du samedi soir, mais le résultat est tellement hargneux et jouissif que l’on serait presque tenté de crier au chef-d’œuvre. Rollerball est un film simple, manipulateur et grotesque : c’est justement ce qui en fait une telle réussite.

Disponible en DVD partout dans le monde, mais puisque tout le monde s’en fout...

- Article paru le lundi 4 novembre 2002

signé Akatomy

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