Sancho does Asia, cinémas d'Asie et d'ailleurs
Chine | Festival des 3 Continents 2004

Rue des étrangers

aka 客村街 - Kecun Jie - Strangers’ Street | Chine | 2003 | Un film de Fu Xinhua | Avec Yuan Kongbin, Luo Yunmei

Rue des étrangers nous expose le quotidien bien terne de Xiu, « shampooineuse » à Guangzhou dans le quartier de la rue Kecun - un quartier presque entièrement consacré à ce commerce trompeur, en réalité à vocation sexuelle. Xiu tente justement, de ne pas déborder du simple massage des cheveux, et de conserver un minimum de diginité dans ce quartier où les gens s’immobilisent ou chutent, mais ne semblent jamais remonter la pente...

Sombre film que celui-ci. Fu Xinhua son réalisateur, appartient à la « sixième génération » de cinéastes chinois (aux côtés de Zhang Yuan, Yu Lik Wai, Li Yang, Zhu Wen...), et voit la vie en noir. Rue des étrangers est en effet terne de toutes les façons possibles.

Si l’on s’attache au personnage de Xiu, elle n’est ni moteur ni victime, ni blanche ni noire, mais simplement grise. Xiu apparaît tout au plus comme une forme de vie, progressivement assimilée, comme tous ses marginaux, par la ville de Guangzhou. Une ville qui apparaît elle-même en état stationnaire, sans vie, les bruits plus ou moins supportables qui l’animent (et sans doute volontairement restitués avec saturation via une prise directe du son au cours du tournage en DV) n’ayant rien d’humain, d’émotionnel.

Xiu nous est présentée au travers d’un personnage masculin (j’hésite encore quant au fait que ce soit le seul qu’elle fréquente dans le film, mais celui-ci est très elliptique...), qui traverse la ville sans tenter de s’y intégrer. Sa relation avec la jeune femme n’a d’autre but que de l’amener dans le cadre de la narration de Rue des étrangers, éclatée autour de longs moments d’inerties. A intervalles réguliers en effet, Fu Xinhua se plaît (sans se complaire pour autant) à regarder longuement son « héroïne », elle qui hésite entre les larmes et l’hystérie cynique, s’user au fil de ses semblants d’ébats.

Des ébats qui, aussi futiles et mineurs soient-ils, piègent chaque fois Xiu plus profondément dans la toile d’une ville sans âme. Il semblerait alors, si l’on s’attache au personnage immuable du vieillard fumeur - point d’ancrage du temps qui passe sans rien changer -, que l’inertie soit la seule forme de vie possible dans cette région de la Chine. Un constat déprimant qui prend une forme trop brute pour être réellement captivant, d’autant que le film est caractérisé par une lisibilité toute relative.

Finalement, Rue des étrangers porte bien son nom : les gens qui s’y fréquentent restent des étrangers les uns pour les autres, tout autant que chaque protagoniste reste un inconnu pour le spectateur. Ce qui n’empêche par leur usure, leur décomposition, de vous contaminer, ne serait-ce qu’un petit peu.

Rue des étrangers a été présenté au cours de la 26ème édition du Festival des 3 Continents, à Nantes en novembre 2004.

- Article paru le mardi 7 décembre 2004

signé Akatomy

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