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Japon | Festival du film asiatique de Deauville 2006 | Rencontres

Ryuichi Hiroki | Shinobu Terajima | Akira Morishige

"Ryuichi Hiroki est plutôt super sadique en fait !"

Le clan Hiroki s’étant donc déplacé jusque sur les planches normandes pour présenter le magnifique Yawarakai Seikatsu, pourquoi ne pas en profiter pour tenter d’arracher quelques mots à ce grand amoureux des interviews ?! Ok Hiroki n’est pas le plus locace des réalisateurs nippons... mais la sublime Shinobu Terajima et le producteur Akira Morishige étaient également de la partie...

Sancho : Nous n’avons que très peu de temps, et l’exercice de l’interview est assez difficile compte tenu de la filmographie de Monsieur Hiroki, et de la longue carrière théâtrale de Madame Terajima... Peut-être pouvez-vous nous parler de votre collaboration qui débuta sur le film Vibrator ?

Ryuichi Hiroki : Hmm... Je ne sais pas si j’ai trouvé mon "actrice fétiche"... En tous cas, je pense que nous avons pu faire Vibrator car Madame Terajima a accepté de tourner dans le film ; sa participation lui a donné toute sa force.

Akira Morishige : Nous avions le script de Vibrator et nous cherchions une actrice pour interpréter le rôle principal... mais nous ne trouvions personne ! Puis un jour, nous avons trouvé totalement par hasard madame Terajima.

Shinobu Terajima : Oui, vraiment tout à fait par hasard ! Je venais de terminer le tournage d’une scène assez difficile sur le film Akame Shijûyataki Shinjûmisui, et me reposais en buvant un coup dans un établissement où était organisée une soirée suite au tournage. Ils ont alors improvisé une espèce d’audition sur place ! (rires) J’étais de dos, et alors qu’ils ne pouvaient pas me reconnaître, le scénariste leur a dit : "elle serait bien pour le film !"

Akira Morishige : Et tous les trois, nous nous sommes dit : "mais oui, c’est elle qu’il nous faut !"

Shinobu Terajima : Ce dos devait avoir l’air bien solitaire ! (rires)

Akira Morishige : Alors nous avons commencé à discuter avec le patron, et nous nous sommes même fait engueuler car nous n’avions même pas reconnu Shinobu Terajima, la grande actrice de théâtre ! (rires) C’est comme ça que tout a commencé... enfin au début lorsqu’elle a lu le scénario, elle a refusé ! Alors nous lui avons proposé de déjeuner ensemble et d’en discuter malgré tout. Bon, nous l’avons quasiment suppliée, et elle nous a dit que puisque nous insistions autant, elle acceptait de le faire ! (rires)

Shinobu Terajima : J’avais très envie de jouer dans Akame Shijûyataki Shinjûmisui, mais pas vraiment dans Vibrator ! (rires)

Akira Morishige : Voilà, c’est comme ça que nous nous sommes rencontrés ! (rires)

Vous n’aviez pas envie de tourner dans Vibrator ?..

Shinobu Terajima : J’avais peu tourné au cinéma, et j’étais nettement plus à l’aise sur une scène de théâtre. Dans ce film il y avait des scènes de nu et de sexe, et au Japon ce n’est pas vraiment dans la culture d’être aussi démonstratif... Finalement, le réalisateur insista et me dit que si nous tournions une scène de nu, qu’il y en ait une de plus ou de moins ne changerait pas grand-chose ! Il m’a convaincue, et je me suis dit autant se lancer. Je ne connaissais pas du tout le réalisateur Hiroki...

Ryuichi Hiroki : Un réalisateur chiant ! (rires)

Shinobu Terajima : Non, non, mais... je l’ai trouvé très "difficile".

Ryuichi Hiroki : Oui, je suis très laborieux !

Shinobu Terajima : Il est plutôt super sadique en fait ! (rires)

Ryuichi Hiroki : Je me passerais de ce genre de réflexions ! Non, non, vraiment je suis très très gentil ! (rires)

Qu’avez-vous tiré de vos collaborations ?

Shinobu Terajima : En ce qui me concerne, j’ai changé ; j’ai découvert un aspect de moi-même que je n’avais encore jamais vu. J’étais très observée durant le tournage, que ce soit mon visage, mon corps, mon caractère, mon comportement.. tout.

Dans Vibrator, votre mise en scène a une approche quasi-documentaire ; on a l’impression de pénétrer dans l’esprit du personnage...

Ryuichi Hiroki : Je ne sais pas si je m’éloigne réellement d’une forme de cinéma classique, mais dans Vibrator, j’ai essayé de filmer de manière subjective les sentiments des personnages... En revanche, dans Yawarakai Seikatsu, j’ai tenté de filmer de telle manière à être subordonné par le jeu de Madame Terajima, du coup, les personnages qui gravitent autour d’elle sont vus à travers ses yeux.

Pourquoi avoir choisi Kamata comme lieu pour Yawarakai Seikatsu ; y a-t-il une raison particulière ?

Ryuichi Hiroki : Dans le scénario original l’histoire se déroulait à Kamata, et il y a très peu de films qui se situent à cet endroit. Kamata, c’est Tôkyô sans être vraiment Tôkyô...

Vibrator et Yawarakai Seikatsu sont à l’origine deux romans écrits par des femmes... Vous sentez-vous plus proche d’une vision féminine des choses ?

Ryuichi Hiroki : (rires) Je pense que je suis attiré par les romans écrits par des femmes, car la féminité est... vraiment propre à la féminité !

Oui... Vous avez réalisé Girlfriend, très beau film emprunt d’une sensibilité justement très féminine, ou encore L’Amant, deux œuvres qui auraient très bien pu être réalisées par des femmes...

Ryuichi Hiroki : Oui... par exemple, Girlfriend aurait pu avoir pour héros indifféremment deux hommes, ou deux femmes... mais pour le tournage, je préférais avoir deux femmes ! (rires)

Shinobu Terajima : Oui, il aime les femmes ! (rires)

Ah ! C’est déjà terminé... merci beaucoup à vous trois !

Ryuichi Hiroki : Hein c’est tout ?! vous terminez la dessus ?!! (rires)

Interview réalisée le dimanche 12 mars 2006, à l’occasion de la sélection "Regards sur Ryuichi Hiroki" programmée lors du 8ème Festival du film asiatique de Deauville. Sancho tient à remercier Daishi Kaszer pour son excellente traduction ! Photos : Kuro.

- Article paru le lundi 1er mai 2006

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