Sa-kwa
Une actrice coréenne.
Ma découverte et la naissance de mon intérêt pour le cinéma coréen sont étroitement liées à une actrice, Moon So-ri. En quelques mois, je l’avais découverte dans le rôle d’une handicapée dans Oasis, ayant même eu la chance de la voir en chair et en os lors d’une projection à Paris, avant de la revoir jouer une femme trompée quelques mois plus tard dans Une femme coréenne. Elle s’est ainsi imposée à moi comme une actrice de premier ordre, dont la seule présence dans un film peut me pousser à aller le voir. Sa-kwa, l’excuse en français, vaut le détour presque exclusivement pour son omniprésence à l’écran pendant toute la durée du métrage.
Son personnage, Hyun-jung habite toujours chez ses parents et semble filer le parfait amour avec Min-seok, son petit ami depuis 7 ans. Elle est donc prise totalement au dépourvu et tombe de haut quand ce dernier décide de rompre au cours d’un voyage en amoureux. Déjà objet de la convoitise d’un autre homme un peu maladroit, Hyun-jung, elle va finir par accepter un rendez-vous devant tant d’insistance. Un rendez-vous qui la conduira finalement jusqu’à l’autel. Mais le départ de son mari de Séoul pour aller travailler en province aura un effet néfaste sur leur mariage.
L’évolution de son personnage, de jeune célibataire à femme mariée, et les phases émotionnelles qu’il traverse, d’amoureuse épanouie, puis larguée et enfin femme négligée, permettent à Moon So-ri de faire l’étalage de tout son talent. Kim Tae-woo, qui joue son mari, arrive à tirer son épingle du jeu dans la première partie du film lorsqu’il essaye de la séduire. Il exprime bien cette maladresse de l’amoureux qui ne sait pas véritablement comment conquérir l’élu de son cœur. Cette partie du film est d’ailleurs la plus plaisante grâce la famille de Hyun-jung : sa mère a bien du mal à gérer tout son petit monde et notamment à faire respecter les traditions à ses deux filles.
Au final, les vicissitudes de la vie amoureuse de l’héroïne sont à l’image de la société en plein bouleversement suggérée dans ce film. Son père a été mis au placard dans son entreprise, et sa sœur cadette n’arrive pas à en trouver. L’entreprise de son mari n’est, elle, pas en bonne santé. Comme si c’était la société coréenne dans son ensemble qui se trouvait sans repère.
Sa-kwa n’est pas aidé par une réalisation plate, même si certains apprécieront son caractère naturaliste, qui nous mène paresseusement d’une scène à une autre. D’autant que le film dure deux heures pour un scénario des plus minces. Il aura fallu attendre trois ans avant que le film ne soit distribué. Peut-être ne suis-je pas le seul à nourrir des doutes sur ses qualités ?
Sa-kwa a été projeté lors de l’édition 2010 du Festival Franco-Coréen du film. Un DVD a été édité en Corée avec des sous-titres en anglais.




