Sadistic Mâriya
Ground zero...
Plusieurs jeunes femmes sont assassinées mystérieusement. Fait pour le moins étrange, elles sont toutes nées le 6 Juin... Mâriya, jeune ingénue, se retrouve mêlée à ces meurtres sans le vouloir, puisqu’elle semble être la prochaine cible. Poursuivie par des hommes armés jusqu’au dents, Mâriya est sauvée in extremis par Mirei, une jeune femme travaillant -selon ses dires- pour l’Interpol...
...comment expliquer une déviance ? Selon le petit Larousse, il s’agit d’un "comportement qui s’écarte des normes admises par une société". Miki Mizuno me plonge assez régulièrement dans les tréfonds de la production vidéoforme nippone du début des 90’s, j’en veux pour preuve cet ovni indescriptible que constitue Aruthimetto Kuraishisu (cf. article) ; enfin, lorsque je dis Miki Mizuno, ce n’est pas elle à proprement parler, mais plutôt mon admiration inconsidérée à son égard couplée d’une sorte de psychose névrotique qui me poussent à me procurer tout produit dans lequel la demoiselle apparaît, avec une très nette préférence pour d’obscures productions réservées au marché de la vidéo.... Sadistic Mâriya est un film sans queue ni tête, une ode au n’importe quoi, une élégie du barré, et constitue l’ultime perfection en matière de direct to video ; retour sur un chef-d’œuvre inopiné.
Entre la vidéo d’idole posant en bikini et le pur film d’exploit’ sans vergogne, Sadistic Mâriya est tout simplement une dérive de Terminator... voilà les bases scénaristiques posées. A partir de cet instant, et sachant cela, tout est permis ! Toshio Kobayashi, trois direct to video réalisés entre 1990 et 1993, s’est visiblement éclaté avec sa table de montage qui n’en doutons pas, lui fut livrée avec un éditeur d’effets vidéos du meilleur acabit. Imaginez deux secondes que l’on confie la réalisation des effets spéciaux à un aveugle qui parvienne à vaguement distinguer les couleurs en mouvement syncopés... Sadistic Mâriya, c’est un peu du Averty avec trente ans de retard, mais c’est aussi un petit côté Maguy, ou Marc & Sophie, du racolage limite putassier qui tombe très souvent comme un cheveu sur la soupe, une mise en scène désarmante tant c’est du jamais vu, du heavy-metal des années 80, et des actrices pas ménagées puisque Fumie Hosoka /Mâriya est littéralement balancée violemment dans chaque plan ! Bref, tout ceci confère un charme on ne peut plus désuet à cet improbable film... Mâriya, héroïne à la fois idiote et mutine, joue du violon. Mais, à l’instar d’un André Rieu qui appauvrit considérablement les méninges de ses auditeurs, qui ne parviennent pas à différencier le nom d’une œuvre de celui du produit vanté dans une publicité, Mâriya se sert de son violon d’un manière assez peu orthodoxe, voire violente ; violon laser, violon à réaction, violon capable de commander les objets à distance... tout ceci nous donne droit bien évidemment à quelques scènes mémorables, où le terme "effets spéciaux" prend tout son sens, et une ampleur jamais vue. Mais Sadistic Mâriya c’est aussi, et surtout, des poursuites et des bastons de ouf malade qui mettent en scène une Miki Mizuno d’à peine dix-neuf ans venue du futur (son prénom Mirei, fait penser à "mirai" qui signifie "futur" en japonais), des gros bras "GIGNiformes" incapables de rattraper une Mâriya habillée d’une simple serviette, une espèce de T-1000 aux allures de William L. Petersen sous acide aussi expressif qu’un bloc de Végétaline, une touriste japonaise qui se fait exploser dans toutes les séquences, le tout accompagné d’une musique synthétique du meilleur effet !
...toujours ce vilain a priori lorsque j’insère une VHS de direct to video dans le magnétoscope béant, cette espèce d’état d’esprit négatif qui me fait penser "ça va être naze, mais tant pis !"...
Forcé d’admettre que Sadistic Mâriya est un film génial, un condensé de bonne humeur, soixante-quinze minutes d’hallucination totale, d’une mise en scène sans la moindre notion de montage qui plonge le spectateur dans un état de bonne humeur exacerbé entre jouissance absolue et béatitude éhontée, des actrices troublantes qui prennent leurs rôles très à cœur, un spectacle jubilatoire réalisé par un adepte du LSD, des dialogues d’une puissance rare -Mâriya, une grenade dégoupillée dans la main lance un "hmmm ! ça a l’air bon !" en dévorant l’objet du regard-, des partis pris graphiques avant-gardistes, font de Sadistic Mâriya un chantre du V-Cinema nippon, un véritable chef-d’œuvre sans la moindre concession morale, un objet filmique hybride entre sitcom et film de guérilla urbaine... La posologie du bonheur ultime semble alors considérablement simple lorsque l’on découvre un tel produit : un Sadistic Mâriya chaque matin au réveil, et le tour est joué ! C’est bon d’être malade...
Note : Sadistic Mâriya n’est pas remboursé par la sécu.
Disponible en VHS (NTSC) chez Pony Canyon au Japon.



