Sahara
Qu’est ce qui pourrait bien se passer si l’on venait à croiser Indiana Jones avec James Bond ? Devant nos yeux ébahis un monstre hybride viendrait-il prendre forme ? Ou alors une espèce de nouveau héros séducteur, grande gueule et aussi habile avec ses poings qu’avec sa tête, verrait-il le jour ? Ne cherchez pas plus longtemps la réponse, c’est la deuxième.
Dirk Pitt est né de l’imagination débordante de Clive Cussler, écrivain de roman d’aventures à succès. Depuis longtemps à la recherche de la possibilité d’incarner un héros récurent, Matthew McConaughey a sauté sur l’occasion de rentrer dans les pompes de Mr Pitt. Première constatation : le costard était fait pour lui ; le rôle de l’aventurier grande gueule et profondément énervant, tellement il a souvent raison, lui colle à la peau. A vrai dire on peut, aussi bizarre que cela semble, parler ici d’une de ses interprétations les plus cool et fun depuis des lustres. Il est bel et bien aidé dans cet histoire par Steve Zahn ; jusque la « second rôle » en chef, il ne déroge pas à la règle. Mais au moins ici il s’en offre un de luxe. En effet les rôles sont clairs : ici Matthew McConaughey est le héros et Steve Zahn le sidekick. Fort heureusement le talent comique du bonhomme prend ici toute son ampleur, et fait passer beaucoup des incohérences du film.
Incohérence le mot est là, il y en a d’ailleurs tellement selon Clive Cussler, l’écrivain originel des aventures de Pitt, qu’il décida d’intenter un procès à la production. Est-ce que les diatribes du créateur de ce héros doivent vous empêcher d’aller voir le film ? N’ayant pas encore lu le livre je n’adhère pas à 100% avec Mr Cussler et vous conseille donc d’y aller sans sourciller. Certes ce n’est pas le film du siècle, mais à l’image d’un Sky Captain and the World of Tomorrow, Sahara reprend des recettes dignes d’un bon vieux serial à l’ancienne. Et vous savez quoi le résultat est là ! On est dépaysé, on voyage par le biais du petit écran avec un plaisir certain et l’on en prend plein les mirettes. L’une des grandes forces du film réside dans ses décors qui, à la différence de beaucoup des productions actuelles ne sont pas des reconstitutions en studio. Tout est vrai, ça se voit et c’est magnifique, plus d’une fois on en a la mâchoire qui se décroche tellement les paysages traversés par les héros sont à tomber par terre. C’est aussi grâce à cela que la pilule de l’histoire quelque peu convenue passe beaucoup mieux.
Car oui, malgré tout les aspects positifs de l’histoire, William H. Macy et Penelope Cruz entre autres, Saharase traîne un gros défaut, voire même un boulet : Lambert Wilson. Déjà son rôle de vilain français pas beau qui pollue les richesses du monde est mauvais, mais en plus on en vient aussi à se demander si son rôle n’a pas été écrit pour le rendre définitivement persona non grata à Hollywood. Catwoman et Sahara, deux énormes fours avec Lambert Wilson en bad guy. Hmmmm... pas très bon pour la carte de visite, tout ça. Son rôle est si peu intéressant qu’il enlève une énorme partie de puissance à l’histoire. A aucun moment on ne tremble face à lui, son interprétation est anecdotique et ça plombe l’ambiance de façon certaine. Mais même sur trois jambes le film se paye le luxe de survivre. Pitt et son porte Giardinno sont un vrai tandem de buddy movie comme on les aime. Chacun fonctionne sans tirer la couverture à soi. Ils se laissent la place d’exister et font passer un excellent moment au spectateur.
Un bon moment de cinéma, voilà donc ce qu’est Sahara. Un film qui ne révolutionnera pas votre vie, mais bien deux bonnes heures en tout cas. C’est un contrat que beaucoup de blockbusters n’arrivent pas à remplir ; le dernier à avoir voulu essayer de jouer dans cet catégorie - Benjamin Gates - a certes gagné au box-office (on se demande encore pourquoi), mais était beaucoup moins fun que Sahara. On en vient d’autant plus à regretter que, du fait du bide au box office, on ne reverra pas de si tôt les aventures de ces deux guignols chasseurs d’épaves sur nos écrans, et c’est fort dommage...
Sahara est sorti sur les écrans français le 1er juin dernier.




