Sakuya : yôkaiden
Sakuya : yôkaiden est, d’entrée de jeu, un projet forcément intéressant.
Pour commencer, il s’agit tout simplement de la première coproduction japonaise-américaine (Towani, Toshiba et Warner Bros).
Ensuite, c’est la première réalisation de Tomô Haraguchi - nul autre que le spécialiste d’effets spéciaux le plus en vogue sur l’archipel nippon actuellement. Son CV ? Oh, peu de choses finalement : Gohatto (Tabou), Uzumaki, Bullet Ballet, Eko Eko Azarak (Misa the Dark Angel),... et surtout, la série qui a fait de lui un des responsables du renouveau du Kaiju : les trois Gamera de Shusuke Kaneko.
Nous sommes au Japon, en pleine ère Edo, il y a de cela quelques 300 ans. Les esprits et les hommes vivent en paix jusqu’à ce que l’éruption du Mont Fuji en 1707 relâche des hordes de démons sur le pays. Arrive Sakuya, une jeune fille de 17 ans dont le père a été tué par les démons, et qui accepte d’aller affronter les esprits maléfiques. Elle est accompagnée dans son périple de deux guerriers qui combattaient autrefois aux côtés de son père, de Taro, un jeune esprit de la rivière qu’elle a adopté comme son frère, et surtout de Muramasa, l’Epée des Ténèbres que son père lui a léguée avant de mourir. Seule particularité de cette épée, elle absorbe l’énergie de celui qui la brandit, rendant Sakuya plus faible à l’issue de chaque combat...
Si Kawajiri déclinait l’univers de Ninja Scroll à l’intention du jeune public, ça donnerait sûrement quelque chose très proche de Sakuya : yôkaiden.
Chaque plan témoigne de l’imagination débordante des Japonais dés qu’il s’agit de mettre en scène des créatures en tout genres, qu’elle soit gentilles (voir la séquence onirique de la forêt) ou maléfiques (le final hallucinant) - art hérité de plus de cinquante ans de Kaiju.
Quelque part, d’ailleurs, Sakuya : yôkaiden est un peu un Kaiju pour enfants, c’est-à-dire expurgé de tout message socio-politique pour se concentrer sur la mission acharnée de son adorable héroïne. La plupart des combats sont vraiment sympas, et la dernière demi-heure du film (très court, en passant), pendant laquelle Sakuya et Taro affrontent une créature humanoïde gigantesque, est carrément jouissive dans tous ses débordements visuels. De plus, le film s’éloigne du traditionnel film d’heroic-fantasy pour enfants avec l’apparition des doutes de Taro, partagé entre le monde des esprits et celui des vivants. Ce conflit confère au film une maturité qui le destine au final à tous les publics. Et puis, pour une fois, certaines personnes seront sans doute heureuses de ne pas voir couler des litres d’hémoglobine à chaque coup de sabre...
Au final, Sakuya : yôkaiden est donc une réussite fort agréable pour le premier projet de Tomô Haraguchi derrière la caméra, tant au niveau de la réalisation qu’au niveau des effets visuels irréprochables - qu’ils soient "live" ou numériques. Et puis ça peut paraître stupide, mais moi j’aime vraiment beaucoup cette image déterminée de Nozomi Andô qui "arme" son sabre avant chaque confrontation...
Deux éditions DVD aux prix surprenant pour des disques japonais...
La première contient juste le film et coûte moins de 3000 yens, la second contient une pléthore de suppléments (dont des making-of sur les effets spéciaux vraiment intéressants) et coûte à peine plus cher. Entre les deux, votre choix est fait, non ? L’image est absolument magnifique et le 5.1 achèvera sans problème votre home-cinema, mais attention toutefois PAS DE SOUS-TITRES ANGLAIS sur aucun des deux disques...

