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Japon

Samurai Princess

aka サムライプリンセス 外道姫- Samurai purinsesu : Gedô-hime | Japon | 2009 | Un film de Kengo Kaji | Avec Aino Kishi, Dai Mizuno, Asuka Kataoka, Mitsuru Karahashi, Kentaro Shimazu, Mao Shiina

Si vous aimez vos actrices AV scarifiées, avec des sécateurs à la place des pieds, vêtues d’ours en peluche et d’intestins ; les anachronismes fulgurants et les monceaux de membres ensanglantés... S’il vous paraît évident que Japon féodal rime avec friches industrielles, androïdes meurtriers et mauvaise couverture réseau en matière de téléphonie portable... Si pour vous comme pour moi enfin, il y a une certaine compétence artistique au démembrement enthousiaste, et autres fontaines humaines décapitées... Ne laissez pas votre entourage vous diriger vers la consultation psychiatrique la plus proche ; confiez plutôt vos rétines au spectacle bon enfant de Kengo Kaji, scénariste de Tokyo Gore Police, promu réalisateur pour exploiter la carrure adolescente d’Aino Kishi dans toutes les teintes de rouge, pour les besoins de Samurai Princess.

Un Japon féodal pour le moins alternatif donc, dans lequel des êtres modifiés, créations d’un scientifique du nom de Kyoraku, sèment, au grand désespoir des autorités anti-androïdes, la terreur dans une forêt sans foi ni loi, hors de la juridiction de Bouddha. Notre héroïne est l’une des victimes de ces assassins, qui ont troqué leurs membres contre tronçonneuse, lame et autres armes déplacées, et considèrent leurs exactions comme artistiques. Recomposée par le même Kyoraku, la Princesse Samouraï renferme en son sein – autant qu’en ses seins, qu’elle peut détacher à volonté pour en faire des grenades – l’âme de ses dix amies, violées, assassinées et démembrées en même temps qu’elle. Auto proclamée maléfique, et accompagnée d’un ancien membre des troupes anti-androïdes du Shogun, dont l’arme est une guitare à double bobinage maniée de sa main robotique, cette princesse fashion et bariolée, dont les autorités ne parviennent à déterminer si elle incarne une alliée ou une redoutable menace, se lance à la traque de ses assassins, avant de se retourner contre son propre géniteur...

On reprend les mêmes accessoires et on recommence : la formule de cinéma extrême construite autour de l’incroyable talent du Screaming Mad George des temps modernes, Yoshihiro Nishimura, continue de faire ses preuves du haut de la simplicité généreuse de sa formule. Déclinaison light de Tokyo Gore Police, Samurai Princess en revisite les « ingénieurs » le temps d’une incartade uchronique. A la différence de l’incroyable OVNI réalisé par Nishimura lui-même toutefois, le DTV de Kengo Kaji est une œuvre moins insidieuse et complexe. Si l’actrice pour adultes Kengo Kaji n’a pas à rougir face à la beauté d’Eihi Shiina, son caractère nettement plus sexué – exploité, fan service oblige, le temps d’une séquence onirique ouvertement gratuite – ne se prête pas à la même juxtaposition, paradoxale et exquise, de délicatesse et de brutalité, de féminité mesurée et pervertie.

Kaji ne cherche donc pas à faire dans la demi-teinte autour de cette figure ultra-fétichiste ; et, s’il maitrise son budget riquiqui - notamment dans la redondance des amoncellements de membres et d’organes exploités par le savant fou Kyoraku, toujours flanqué de deux nymphettes kawai volontairement agaçantes -, il ne tente jamais de le transcender pour faire des limitations de cadre et moyens un manifeste stylistique, comme ce pouvait être le cas de Tokyo Gore Police, pas plus qu’il n’explore véritablement les méandres érotiques de la new flesh, cédant aux sirènes du simplement grotesque. Il ne se détache de Samurai Princess aucun motif autre que sa violence évidente, ses chairs outragées et son envie de faire d’un contexte historique ce qui lui plaît, mélangeant tenues traditionnelles, vestes en jeans, cols roulés et autres tenues du cuir, pour émoustiller tous azimuts.

N’allez pas croire pour autant que cette limitation d’ambition constitue un défaut rédhibitoire : simple DTV gore, sans second niveau de lecture mais avec une multitude de vecteurs de plaisir – à commencer par la plastique si frêle et photogénique de son interprète principale au service d’un agréable schéma de rape revengeSamurai Princess reste un excellent divertissement, crade, délirant, et comme toujours fort inventif. Si tant est, bien sûr, que vous sachiez voir l’humour dans une tête piétinée, dans un cerveau broyé à la main, dans un sexe carnivore, ou encore dans un squelette expulsé, d’un seul coup, de son enveloppe charnelle... Pour les lecteurs de Sancho, de tels pré-requis constituent néanmoins une formalité, non ?

Samurai Princess est notamment disponible en DVD zone 2 UK, sous-titré en anglais, chez 4Digital Asia.

- Article paru le lundi 16 novembre 2009

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