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Japon | Hors-Asie

Satoshi Kon, l’illusionniste

France | 2021 | Un film de Pascal-Alex Vincent | Avec Satoshi Kon, Mamoru Hosoda, Mamoru Oshii, Taro Maki, Masao Maruyama, Shozo Iizuka, Junko Iwao, Aya Suzuki, Darren Aronofsky, Marc Caro, Yasutaka Tsutsui

Les films d’animation m’ont longtemps apparu comme un genre secondaire, sans doute un reste de condescendance pour quelqu’un nourri au lait des films en prises réelles. Mais Satoshi Kon fait partie des créateurs qui ont fait bouger les lignes et changé ma façon de voir car ses œuvres transcendent les genres. J’associe son souvenir à l’un de mes principaux regrets de critique : avoir manqué l’opportunité de l’interviewer au moment de la sortie de Paprika. Mes autres obligations professionnelles ne m’avaient pas permis d’assister suffisamment tôt à l’une des projections de presse pour m’entretenir avec Satoshi Kon. Une telle occasion ne s’est plus représentée, le cinéaste nous quittant avant d’avoir pu réaliser d’autres œuvres.
 
Pascal-Alex Vincent utilise une trame classique pour un documentaire biographique. Il revient sur l’œuvre de Satoshi Kon dans l’ordre chronologique et éclaire sa trajectoire et les thèmes de son œuvre en interviewant ses proches, ses collaborateurs (scénaristes, animateurs...), ses pairs (Mamoru Oshii, Mamoru Hosoda...) et ses producteurs.

Il n’aborde cependant pas un aspect du travail de Satoshi Kon alors même que le documentaire se termine sur Paprika, dont la bande originale signée Susumu Hirasawa (il est aussi l’auteur de la BOF de Millenium Actress), est splendide. Pascal-Alex Vincent n’évoque en effet pas son rapport à la musique dans la création de ses œuvres.
 
Si Satoshi Kon méritait amplement un documentaire en raison de son impact sur l’animation et le cinéma en général, ce dernier évite l’écueil de l’hagiographie. Certains des intervenants, et non des moindre comme Mamoru Oshii, rappellent le caractère bien trempé du bonhomme. Il était très conscient de son grand talent et n’avait pas envie de sacrifier sa vision. D’où l’impossibilité pour les deux créateurs de cette trempe de collaborer.

L’homme était conscient de son « génie » - le mot a été prononcé - mais à la différence de certains de ses semblables, il n’était pas centré sur sa « petite » personne. Satoshi Kon était bien conscient des travers de l’industrie de l’animation - et tentait d’apporter des réponses à son échelle – mais aussi de la société qui l’entourait. La capitale japonaise de Tokyo Godfathers est bien loin de son image d’Épinal.

10 ans après sa disparition, les films de Satoshi Kon suscitent toujours autant d’enthousiasme car leur influence déborde le cadre des seuls films d’animation, mais aussi des frontières japonaises. Le cinéaste japonais interroge fréquemment la séparation entre rêve, réalité et mondes virtuels, thème qui résonne fortement pour tout amateur de cinéma et a fortiori pour tout réalisateur. A Hollywood, Darren Aronofsky, grand admirateur du cinéaste japonais - ce qui semble logique de la part du metteur en scène de Requiem for a Dream – dit tout le bien qu’il pense de son confrère japonais.

Satoshi Kon, l’illusionniste est disponible en Blu-ray et DVD grâce à Carlotta Films.
Pour compléter la vision du documentaire, nous ne saurions trop vous recommander la lecture de l’excellent ouvrage de Julien Sévéon consacré à Satoshi Kon, Rêver la réalité (https://www.cinexploitation.com/satoshi-kon-rever-la-realite/).

- Article paru le lundi 31 janvier 2022

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