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Hong Kong

Savior of the Soul

Hong Kong | 1991 | Un film de Corey Yuen Kwai et David Lai Dai-Wai | Avec Andy Lau, Anita Mui, Aaron Kwok, Kenny Bee, Gloria Yip

Si vous n’avez pas vu ce film, vous n’avez rien vu...

Certains lecteurs de SdA (qui ont peut être déjà vu Savior of the Soul) diront qu’avec un tel préambule je me laisse emporter par un enthousiasme excessif pour ce film. Je plaide volontiers coupable. Il faut reconnaître que la première fois que j’ai vu SOS (pas fait exprès) c’est lors de la rétrospective de la Cinémathèque (certains s’en souviennent peut être) de 1993 où ont été projetées des bombes comme Once upon in time in China, Swordsman 2 et Crime Story, (excusez du peu) et qu’à l’époque je ne connaissais pas encore très bien le cinéma de Hong Kong.

Alors évidemment quand un film comme SOS (qui mélange allègrement kung-fu, wu xia pian, super héros, romance, humour, avec en plus une chanson, des effets spéciaux très spéciaux mais aussi un peu de baseball, un gugus habillé en pirate, un soupçon de Nicky Larson, de Chapeau-melon et bottes de cuir, des contes des milles et une nuit et même une DS) vous arrive en pleine tronche et que vous n’y êtes pas préparés, dans un premier temps vous restez la bouche grande ouverte pour finalement finir le film avec un sourire qui vous remonte au moins jusqu’au oreilles (Akatomy y arrive très bien, c’est impressionnant !!!) et vous sortez de la salle en hurlant et en agrippant tous ceux qui passent à votre portée pour les convaincre que vous venez de voir le plus grand film de tous les temps...

Ching (Andy Lau - Infernal Affairs, la claque), Chuen (Kenny Bee - Chinese Feast), et May (Anita Mui - Rouge) sont trois chasseurs de primes du 21ème siècle qui traquent toutes sortes de criminels. L’un d’eux, rendu aveugle par May lors d’une prise d’otage, parvient à s’échapper de prison grâce à son fidèle disciple "Silver Fox" (Aaron Kwok - Stormriders, qui porte de jolies cheveux argentés). Ne pouvant accomplir sa vengeance lui-même (difficile quand on est aveugle), il charge alors "Silver Fox" de tuer May et ses proches.

Alors que les trois chasseurs de primes attendent Mauve - la sœur de Chuen - à la gare ; Ching, secrètement amoureux de May, lui fait une demande en mariage sans savoir que Chuen lui en a déjà faite une quelques temps auparavant. May n’aura pas le temps de donner sa réponse car elle est attaquée par "Silver Fox". Blessée, elle ne doit la vie sauve qu’à l’intervention de Chuen, qui y laisse la vie lors de l’affrontement. Craignant pour la vie de Ching et de Mauve, May décide alors de s’exiler loin d’eux... Un an après, Ching a pris Mauve sous son aile et l’entraîne pour devenir son assistante. Il n’a pourtant pas renoncé à son amour pour May et tente de la retrouver par tous les moyens, alors que "Silver Fox" attend la réapparition de May pour accomplir sa vengeance...

Je me permet ici de faire une petite parenthèse pour faire mes plus plates excuses à l’équipe de Sancho car en effet cet article je l’ai promis à Akatomy il y a plus d’un an (certains diront plus) à tel point qu’aujourd’hui cet article est devenu une espèce de mythe (un peu comme les escalopes, mais ceci est une autre histoire). Bien sûr j’ai bien essayé de l’écrire, mais il faut dire que j’ai toujours eu du mal à organiser mes idées surtout quand il s’agit de parler d’un film (mais non ce n’est pas une excuse). Donc encore une fois toute mes excuses à Sancho, merci à Akatomy de m’avoir laissé le temps d’écrire cet article et merci à toi lecteur de Sancho de ne pas m’en vouloir si tout cela n’est pas toujours très clair. Fin de la parenthèse.

Avec ses héros volant dans les airs, ses combats dantesques, sa mise en scène virevoltante et ses cadrages, le cinéma de Hong Kong était tout désigné pour porter un jour à l’écran les exploits des super héros des comics de notre enfance (en tout cas de la mienne). Basé sur une histoire écrite par Wong Kar-Wai (non crédité au générique), Savior of the Soul se veut donc une relecture moderne du genre wu xia pian (film de cape et d’épée chinois) croisé avec celui pas si lointain des super héros des comics. Ce mélange explose dès l’introduction (qui n’a rien a envier à Blade) qui voit un personnage habillé d’une cape noire pare-balles ( !!!) débarquer épée à la main et en virevoltant dans tous les sens, attaquer une prison à lui tout seul en découpant grillage et gardes lourdement armés, forcément ça calme.

Très bien chorégraphiés et mis en scène, les combats du film bien que peu nombreux se révèlent tous aussi délirants et bien dans l’esprit comic book, intensifiés par les gadgets que les personnages utilisent, qui vont des lames à têtes chercheuses (les fameux effets spéciaux, si spéciaux) de May, à Silver Fox qui n’hésite pas à prendre une drogue qui le rend invincible et lui permet de passer à travers le corps de ses adversaires pour les empoisonner, en passant par l’épée yoyo à lame souple (rien que ça) de Ching.

Entièrement tourné en décors artificiels, ultra-stylisé avec des éclairages qui rappellent par moments Blade Runner, le film baigne dans une ambiance très étrange de conte merveilleux, accentué par l’absence presque total de figurants dans les décors (on est vraiment très proche de Chapeau-melon et bottes de cuir), où seuls les héros ont vraiment l’air de se mouvoir ; et par les décors eux-même, qui sont gigantesques mais vides, et ne correspondent pas à la fonction qui leur est attribuée dans le film (un hôpital qui ressemble à tout sauf à un hôpital), ou encore sont complètement irréels (un quai surmonté d’une lune énorme) et artificiels ; mais cette ambiance donne immédiatement une crédibilité à cet univers de super héros justiciers.

A ce stade là, SOS est déjà est un film hautement recommandable, mais bon nous sommes à Hong Kong et SOS ne serait finalement pas un film digne de ce nom sans quelques dérapages incontrôlés qui rendent les films HK ma foi fort sympathiques et font dire à certains "c’est n’importe nawak". Les ruptures de ton sont donc fréquentes dans le film, et on passe ainsi de la pure comédie au mélo, puis du mélo au film d’action en un claquement de doigt. Les moments de comédie sont légions, et le plus souvent complètement inappropriés par rapport au reste de l’action (ceux qui ont vu Daughter of Darkness et autres Catégorie 3 me comprennent), et le mélo est assez bien amené pour vous arracher une petite larme (revenez je rigole).

Je ne peux pas finir l’article, sans vous parlez enfin des acteurs, qui sont complètement au diapason avec le film. Andy Lau, acteur finalement assez peu connu de par chez nous (excepté Fulltime Killer) est tout simplement stupéfiant (mais voyez Infernal Affairs, quoi !!!) dans un rôle basé sur le personnage de Nicky Larson. Passant d’un registre à l’autre avec une aisance incroyable, Andy Lau est Nicky Larson ni plus ni moins ; et je ne vous parle même pas de sa transformation en Superman, un grand moment de "poseur" à la Hong Kong.

N’oublions pas Anita Mui (certains ont pu la voir dans le rôle de la mère de Jackie Chan dans Drunken Master 2 ou aux côtés de Chow Yun-Fat dans A Better Tomorow 3), ici dans un double rôle mémorable, à la fois la très raisonnable May mais aussi et surtout sa sœur hypocondriaque, aux tenues plus qu’excentriques et inventeur de la balle à gaz paralysant qui passe son temps à se faire martyriser par le reste du casting tel un personnage de Tex Avery (balle dans les fesses, écrasée par une porte, explosion en pleine tronche). Du bonheur à l’état pur quoi !!!

Véritable ovni comme seul Hong Kong peut nous en donner (quoique l’Inde se défend très bien aussi), Savior of the Soul est tout simplement indispensable à tout fan de Hong Kong qui se respecte. Vous savez ce qu’il vous reste à faire.

Savior of the Soul est disponible en DVD chez Universe. Copie moyenne comme souvent chez l’éditeur. Existe aussi en VHS chez HK Vidéo.

- Article paru le dimanche 16 février 2003

signé Torrente Wong

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