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Hors-Asie

Saw

USA | 2004 | Un film de James Wan | Avec Leigh Whannell, Cary Elwes, Danny Glover, Ken Leung, Dina Meyer, Tobin Bell, Mike Butters, Paul Gutrecht

L’article contient quelques microscopiques détails sur le déroulement du film, donc attention à ceux qui ne veulent pas trop en savoir... enfin bon c’est très léger quand même rassurez-vous.

Un film de serial killer avec un tueur qui ne tue pas ses victimes, et laisse ces dernières accomplir le boulot à sa place. Derrière ce pitch pour le moins ultra-rapide se cache Saw, un petit bijou de noirceur et de sadisme qui se révèle être une vraie bonne surprise. Les petites claques bien nerveuses viennent toujours de la où on ne les attend jamais. Saw en est une, et devrais-je même dire une bien bonne.

Dès le début de l’histoire le ton est donné : « Deux hommes se réveillent enchaînés au mur d’une salle de bains. Ils ignorent où ils sont et ne se connaissent pas. Ils savent juste que l’un doit absolument tuer l’autre, sinon dans moins de huit heures, ils seront exécutés tous les deux... » Qui se cache derrière ce machiavélique stratagème, aucun des hommes pris au piège ne le sait. Le spectateur non plus d’ailleurs (bien que malgré tout, les plus perspicaces et observateurs devineront très vite qui est ce tueur...). Les deux hommes se retrouvant dans les griffes du tueur découvrent peu à peu que leurs histoires sont reliées ; vient se greffer à cela le fait que la femme et l’enfant d’un des deux hommes(le docteur) se retrouvent très vite pris au piège du tueur, qui se sert alors de ces deux nouveaux pions pour manipuler le personnage du docteur. Essentiellement construit en flash back, le sadisme de l’histoire ne se révèle que petite touche par petite touche. La construction en parallèle, avec d’un côté les deux prisonniers et la tension qui s’installe entre eux, et de l’autre le personnage du policier psychologiquement instable qui remonte la piste le menant vers la prise d’otage de la femme et de la fille du docteur - tout est fait pour nous maintenir au bord du gouffre jusqu’à ce final, dont le sadisme exquis en fera trépigner de bonheur plus d’un.

Jigsaw a de quoi devenir un tueur mémorable (la suite est déjà en route, donc...). En effet, il met en place les pièges et admire ses victimes tenter par tous les moyens de s’en sortir, tant bien que mal. Mais là où son sadisme a une limite (très fine, je suis d’accord sur ce point là...), est qu’il laisse une chance à ces dernières de s’en sortir. Chaque piège est tendu pour faire en sorte que la victime en vienne à comprendre le sens de son existence, et qu’elle en vienne à apprécier la chance qu’elle a d’être en vie. Jigsaw offre un sens à leur misérable existence... un tueur humaniste ? Oui et non, et c’est là le point le plus inquiétant de ce film. Il nettoie en quelque sorte leurs vies des péchés qui la pollue. Le tout n’empêche pas, bien sûr, son sadisme sans pareil de refaire surface la plupart du temps, mais cette dualité au sein de son personnage le rend intéressant, et beaucoup moins unidimensionnel qu’un vulgaire tueur de téléfilm. La raison qui le pousse à accomplir ces crimes rend ses actions assez crédibles dans l’ensemble.

L’une des scènes les plus mémorables en dehors de la poursuite de Jigsaw par les deux flics, est celle de la femme qui se retrouve avec le casque sur la tête. L’apparition de l’odieuse et flippante marionnette ne fait qu’accroître la tension de la scène. C’est bien là justement que réside le point fort de ce film : la tension. Celle-ci ne cesse de monter jusqu’à un final jouissif, mais tellement horrible que je lui donnerais bien la palme d’or du sadisme pour un des personnages et de l’humour noir pour un des deux prisonniers (observez bien les premières actions du photographe dans la salle de bain...). En parlant de ce dernier, impensable de ne pas mentionner la scène de son enlèvement (le principe est repris dans le film thaïlandais Shutter, mais bon, on n’ira pas jouer a savoir qui a pompé qui). Simple et efficace en diable, cette dernière joue sur la peur du noir et l’absence quasi-totale de lumière. Un appareil photo, un flash et un tueur, et voilà une scène bien flippante comme on n’en voit pas assez ces derniers temps.

Saw révolutionne t-il le genre ? Est-il le nouveau bijou que le cinéma attendait ? Honnêtement non, mais il n’en est pas loin. Le budget microscopique pour lequel il a été réalisé, allié à l’inventivité qu’il déploie pour nous foutre les chocottes, en font un film qui mérite largement votre attention. De plus, ce twist final en ce qui me concerne, me donne envie de revoir ce psychopathe à l’ouvrage et très vite... Je ne dois pas être bien dans ma tête, moi...

Saw à été présenté au Festival de Gerardmer, et sortira sur les écrans français le 16 mars 2005.

- Article paru le lundi 7 février 2005

signé Marcus Burnett

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