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Japon

Scout♀Man

aka Pain - Scout Man - Scoutman | Japon | 2001 | Un film de Masato Ishioka | Avec Miku Matsumoto, Hideo Nakaizumi, Yuka Fujimoto, Akihito Yoshiie, Shiro Shimomoto, Yuri Komuro

L’industrie du sexe au Japon est certainement l’une des plus développées au monde. Non pas tant en pur terme de chiffre d’affaire (quoique), mais parce qu’il est difficile d’échapper au sexe à peu près n’importe où au Japon. Que cela soit les cinéma érotiques, les clubs érotiques (fuzaku), à hôtesses ou SM, les magasins de vidéos pornos ou de jouets pour adultes, ou encore les multiples magazines que l’on trouve dans tout conbini qui se respecte, difficile d’y échapper. Si on ajoute à cela le phénomène inquiétant de la prostitution des adolescentes, il est assez naturel que le cinéma se soit penché sur le thème. Ainsi Bounce KoGals ou Love and Pop abordent le sujet de façon plutôt sérieuse mais sous une forme dramatisée, tandis que Stop the Bitch Campaign l’exploite de façon racoleuse et Identity fait dans le documentaire porno. A mi-chemin entre le documentaire et la comédie dramatique, Scoutman nous apprend beaucoup sur ce métier de scoutman en plus d’autres choses.

En nous faisant suivre un jeune couple sans argent, Masato Ishioka nous fait découvrir divers aspects de l’industrie du sexe au Japon. Atsushi devient scoutman, métier qui consiste à aborder des filles dans la rue pour leur proposer de travailler comme actrice AV ou modèle pour revues érotiques ou pornos. Sa petite amie, Mari, rencontre une adolescente qui offre les services de lycéennes (enjoukosai) à des salarymen.

Le point fort de Scoutman est d’offrir autant un documentaire sans le côté rébarbatif des témoignages (visages cachés, voix modifiées et tout le reste), et sans voyeurisme car il ne s’intéresse pas aux détails graveleux qui pourraient faire la joie des documentaires tardifs de TF1. Pas besoin d’une interview en profondeur (il fallait que je la place) d’une actrice AV (Adult Video) pour comprendre que la motivation principale de ces filles est l’argent. Scoutman est bien plus parlant en montrant brièvement les sanglots en plein tournage d’une artiste débutante.

La relation du couple au centre du film permet surtout de donner du liant à cette présentation du milieu et ne prend jamais une très grande importance. Elle montre le paradoxe de ces personnes qui, tout en gagnant de l’argent grâce au sexe, ne sont pas totalement impliqués dans cette industrie et restent, d’une façon ou d’une autre, des profiteurs jouant un jeu qui peut parfois s’avérer dangereux, du moins pour les filles. Ainsi le viol « ordinaire » de l’amie de Mari montre à la fois un fait réel dramatique, tout autant que totalement banalisé, où les filles sont rendues au rang de simple marchandise. Le spectateur suit la démarche de ce couple et comme ce dernier découvre peu à peu les divers aspects du milieu, des tournages de films pornos à la prostitution des adolescentes. Il montre aussi comment est organisée l’exploitation des filles, considérées comme des produits et dont aucune ne peut travailler sans « manager ». Ironiquement, Atsushi deviendra le manager de Mari, dévoilant ainsi toute la perversité et l’attractivité d’un système basé sur l’argent facile, mais qui évidemment tait les conséquences tragiques éventuelles.

Dans une société où un certain nombre de jeune filles, de femmes mariées ou de jeunes femmes cherchant à arrondir leurs fins de mois travaillent plus ou moins sérieusement pour l’industrie du sexe, Scoutman montre justement ce côté banal, et n’a pas besoin de jouer sur l’aspect parfois glauque d’un milieu (qui n’est pas à proprement parlé de l’underworld) qui tente toujours de se donner une façade de respectabilité (notamment pour les producteurs de films AV qui refusent, jusqu’à un certain point, des actrices non majeures).

Servi par des acteurs débutants mais qui s’élèvent aisément au dessus de l’amateurisme, Scoutman parvient à offrir des passages dramatiques forts sans jamais tirer sur la corde du tragique ou de la facilité. En maintenant un équilibre entre la comédie dramatique et une forme presque documentaire, Scoutman évite plusieurs écueils. D’abord celui de sombrer dans le racolage graveleux, et ensuite de présenter les choses avec trop de distance pour que l’on puisse vraiment prendre la véritable mesure de ce phénomène.

Masato Ishioka n’avait auparavant réalisé que des films érotiques/AV pour le marché de la vidéo (principalement chez l’éditeur Pineapple), d’où il avait certainement tiré son inspiration pour Scoutman, mais a récemment participé au projet Tokyo Noir (http://www.kss-movie.com/tokyonoir/), une collection de trois courts.

Scoutman est disponible en DVD HK, bande-son japonais stéréo et sous-titres anglais et chinois optionnels, chez Winson Entertainment.

- Article paru le vendredi 25 février 2005

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