Seventh Code
Dans la gamme de ses films, Seventh Code est un Kiyoshi Kurosawa en mode mineur, sans pour autant être dénué d’intérêt et encore moins désagréable. Le réalisateur japonais fait ce qu’il a fait pendant une partie de sa carrière, imprimer une marque personnelle à un projet marqué par le sceau de la contrainte. Ici en l’occurrence, réaliser le bonus d’un CD d’une chanteuse de J-Pop, Atsuko Maeda, qui prend la forme d’un moyen-métrage !
L’ancienne chanteuse des AKB48 joue une jeune ingénue japonaise venue à Vladivostock retrouver Matsunaga, un homme avec lequel elle a passé une soirée au Japon. Akiko le retrouve, il se débarrasse d’elle, mais elle le suit jusqu’à un bâtiment où il semble passer un marché louche avec des Russes. Deux gorilles l’enferment dans un sac en toile de jute, la dépouillent et la « dépaysent » à la périphérie de la ville. Sans un sou, Akiko revient en ville et se fait embaucher dans un restaurant japonais. Elle va de nouveau croiser la route de Matsunaga et le suivre jusqu’à un bâtiment désaffecté bien mystérieux. Seventh Code va par la suite prendre un tournant pour le moins surprenant.
Tout d’abord décontenancé par cette histoire de japonaise qui a l’air de débarquer imbécilement – il faut bien l’avouer - dans l’Extrême-Orient russe, le film se découvre petit à petit pour ce qu’il est : une fantaisie s’inspirant de séries B d’espionnage. Son titre, Seventh Code, aurait pu donner la puce à l’oreille. Il évoque d’autres titres de films de ce genre, comme L’agent X-27, film de Josef von Sternberg avec Marlene Dietrich sur un agent secret pendant la première guerre mondiale.
Contrainte économique oblige, le réalisateur japonais doit composer avec les moyens du bord. La bascule du film/bonus dans la série B d’espionnage intervient lors d’une course-poursuite entre Matsunaga et Akiko accompagnée du propriétaire du restaurant. Mais si le premier se déplace en voiture, les seconds le coursent à pied ! Ils compensent leur vitesse insuffisante par leur débrouillardise – au même titre que Kiyoshi Kurosawa doit pallier à son manque de ressources - dans ce cas grâce à leur connaissance de raccourcis. Il fait montre par ailleurs d’un placement de caméra particulièrement optimal et, dans la scène de combat à mains nues du film, le bruitage de l’action permet de pallier à l’absence de puissance physique de la frêle actrice, pour donner corps à l’impact des coups.
En cette époque post-Fukushima, les observateurs ont une forte propension à voir dans tout film japonais touchant de près ou de loin au nucléaire une référence à la catastrophe qui a touché l’Archipel en 2011. Dans Seventh Code, il est plutôt conseillé de s’intéresser à la cinéphilie de Kiyoshi Kurosawa, qui a souvent fait part de son intérêt pour Robert Aldrich, dont on sait qu’il apprécie L’Empereur du nord. Ici, En quatrième vitesse a sûrement servi, consciemment ou non, d’inspiration pour Seventh Code. La scène sur la route du début et celle de l’explosion à la fin du film américain étant réinventées par Kiyoshi Kurosawa pour clore son film. Entre ces deux époques, la peur de l’atome est toujours-là, mais elle a changé de nature.
Seventh Code a été présenté en compétition lors de l’édition 2014 du festival Kinotayo.





