Sancho does Asia, cinémas d'Asie et d'ailleurs
Corée du Sud

Sex is Zero

Corée du Sud | 2002 | Un film de Yun Je-Gyun | Avec Im Chang-Jeong, Ha Ji-Won, Choi Seong-Guk

L’été, ses températures inavouables, ses fonds de tiroirs cinématographiques, ses films d’horreur et ses comédies adolescentes... D’habitude c’est d’outre-Atlantique que ces œuvres plus ou mois tardivement pubères nous arrivent - but not today, folks. Certains d’entre vous trouveront peut-être cela dommage ; quoiqu’il en soit ce n’était qu’une question de temps avant que l’Asie se mette à la vague des comédies à la American Pie. Bien sûr, tout le monde n’a pas la possibilité de devenir célèbre en partageant l’intimité d’une tarte, mais c’est encore une autre histoire...

L’histoire qui nous intéresse aujourd’hui est celle de Eun-Sik, un garçon de 28 ans qui, pour des raisons variées allant du service militaire au simplement inconnu, commence à peine ses études à l’université. Sa spécialisation ? Le droit. Je précise, parce que si vous ratez le moment où est citée cette orientation dans Sex is Zero, vous n’aurez aucune opportunité de rattrapage. Les élèves en effet, ne sont jamais dans une salle de cours, ou ne serait-ce que dans un état d’esprit laissant soupçonner qu’ils puissent étudier. Mais à quoi ces (plus ou moins) jeunes gens pensent-ils donc alors ? Je vous le donne en mille : au cul. Rien qu’à ça. Tout le temps. C’est à tel point que Eun-Sik et ses amis passent le gros de leur temps à se masturber tous ensemble, Internet soit loué, dans la piaule des uns ou des autres.
Eun-Sik donc est un parfait loser, qui se réveille un jour sur deux le visage plongé dans son propre vomi, qui fait partie d’un groupe de "concentration de force", amateur et masochiste, et qui se fait choper à chaque fois qu’il cherche à deviner l’entrejambes d’une demoiselle courtement vêtue. Comme celui de Eun-Hyo, par exemple.
Eun-Hyo est l’une des filles les plus populaires de l’université. Pas autant que la belle mais imbuvable Jiwon certes, mais ça ne saurait tarder : Eun-Hyo en effet a le coup de foudre pour Sangok, étalon notoire et petit ami de Jiwon, et ce dernier le lui rend bien. Tout comme Eun-Sik d’ailleurs, qui se met en tête semblerait-il de conquérir le cœur de la belle athlète, en pleine préparation pour les championnats universitaires d’aérobic...

Il y a beau y avoir les mots "is zero" dans le titre du film de Yun Je-Gyun, je dois avouer que cette comédie dramatico-romantique salace m’a quelque peut pris de court. Un film centré sur la passion des jeunes adultes pour le sexe, c’est une chose... mais des blagues limites scato à qui mieux-mieux c’en est une autre ! Ainsi dés le début du film, ce concours d’ingurgitation de choses plus ou moins organiques, qui vaut au personnage de Eun-Sik son premier réveil teinté de vomi. Et ça je vous l’assure ce n’est rien ! Les scénaristes ont décidé d’aller assez loin dans la grossièreté, comme le prouve par exemple ce passage où l’un des amis de notre "héros", à court d’œufs, éjacule dans une poile chaude sous prétexte que ses fluides contiennent les mêmes protéines... Evidemment, Eun-Sik va manger cette préparation, agrémentée de mort-aux-rats, ce qui lui vaudra sa première scène intime avec Eun-Hyo - un coup de pied dans les parties suite à un quiproquo malheureux. Ce ne sera pas le seul "accident des parties génitales" que subira Eun-Sik au cours de Sex is Zero ; à chaque fois vous aurez droit, en bonus, à une radiographie pour le moins explicite de son sexe.

Pendant le gros du film, Sex is Zero se résume à ça : untel (si possible Eun-Sik) mange du sperme par mégarde, ou alors se fait surprendre entrain de s’acharner sur une poupée gonflable, etc. Néanmoins en dépit de cet étalage festif, on a du mal à sentir Yun Je-Gyun pleinement à l’aise : si la vulgarité est partout dans son film, le réalisateur semble avoir bien du mal à en faire son sujet, à en assumer pleinement l’omniprésence.
Du coup pour la seconde moitié de son histoire, Yun Je-Gyun oublie les coïts et les blagues bas de plafond pour recentrer son film sur une sous-trame de Dirty Dancing : la grossesse accidentelle de Eun-Hyo. Sex is Zero passe violemment de la farce au drame et oublie de garder un pied sur le frein, le film s’acharnant alors beaucoup trop sur le personnage jusque là ultra-plat interprété par Ha Ji-Won.

C’est d’ailleurs là le principal défaut de Sex is Zero : de son héros trop loser et stupide pour en être un, à chacune des demoiselles, mignonnes autant que superficielles, il n’y a dans ce film aucun personnage ne serait-ce que bidimensionnel. Tous nous effleurent, mais aucun ne suscite le moindre intérêt pendant plus de quelques minutes. On se rattache alors à quelques gags vraiment osés qui nous font forcément sourire - même si c’est de façon honteuse -, aux scènes d’entraînement du club de "concentration de force" de Eun-Sik, et bien entendu à la présence de Ha Ji-Won. Si ce dernier point est votre unique motivation néanmoins, je vous conseille plutôt de vous asseoir devant l’excellent Phone : l’actrice au moins, ne se contente pas d’y faire de la décoration. Comme quoi il n’est pas si évident de choisir son camp, entre ambiance vulgaire et vulgarité ambiante.

Sex is Zero est disponible en DVD coréen sous-titré anglais.

- Article paru le dimanche 10 août 2003

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