Sexy Drink
Avant de pondre son diptyque érotique, Ryuichi Honda faisait dans le revival/hommage 60s/70s (Pussycat War et Bitch Classmates). Il n’a à vrai dire jamais totalement abandonné ce genre comme le prouvait le chanteur récurrent de ces deux pinku eiga (Watermelon et Peau de Mon Epouse). Sexy Drink se situe pour ainsi dire à une charnière, mêlant clins d’oeil nostalgiques et une action se situant à notre époque.
Comme d’habitude chez Honda, il ne faut pas grand chose à ce dernier pour faire un film. Plus que le contenu, c’est surtout un style qu’il travaille. Ses films possèdent donc tous ce côté un peu tape-à-l’oeil et surfait, en même temps qu’ils ne sont pas dépourvus d’humour, d’une construction rythmée et de « cool ». Sexy Drink n’échappe pas à la règle.
Sakaki (on reconnaîtra Hanako Katagiri, une des actrices de The Color of Life) a un sérieux problème avec l’alcool. Bien décidée à y remédier afin avant tout de faire plaisir à son petit ami Takashi, elle boit un médicament dont les effets seraient désastreux s’il était couplé à une goutte d’alcool. En plein délire d’abstinance, Sakaki décide néanmoins d’aller acheter une bière après avoir été incapable de trouver quoique ce soit à boire parmi les cadavres de bouteilles qui jonchent sa chambre. Mais le sort semble s’acharner sur elle et toutes ses tentatives d’obtenir la précieuse boisson échouent lamentablement. D’autant qu’un homme se disant Dieu intervient pour lui mettre des bâtons dans les roues (c’est-à-dire la protéger). Pendant ce temps là, Takashi, aspirant manzai, tente de réunir un peu d’argent pour offrir une bague à Sakaki.
On le voit, le film tient sur peu de choses et son intérêt réside surtout dans l’humour et le rythme que parvient à imposer Honda pendant toute la relativement courte durée du film. C’est dans l’ensemble plutôt sympathique, même si le style a tendance à lasser au bout d’un moment. Surtout pour ceux qui connaissent un peu Honda. Nettement moins subtil que ses pinku et surtout plus linéaire, Sexy Drink reste un bon divertissement qui n’aurait cependant pas tellement souffert d’un format encore plus court.
Car pour tenir, Honda fait du remplissage qui trahit souvent un cruel manque d’inspiration. Outre le personnage de Dieu sans saveur, il choisit Kouji Chihara pour interpréter le rôle de Takashi. Quand on sait que Kouji Chihara est avant tout un manzai avant d’être acteur, on se demande si Honda s’est vraiment cassé la tête sur son scénario. Surtout lorsque que le partenaire de Takashi doit coucher avec un producteur pour pouvoir passer à la télé. Bref, Honda sombre assez bas dans l’humour graveleux comme dans cette autre scène, d’une amie de Sakaki qui parle au téléphone avec cette dernière tout en faisant l’amour avec le partenaire de Takashi.
Sexy Drink, premier véritable long métrage de Honda (66 minutes seulement cependant) est donc une grosse déception. Il apparaît comme un court métrage gonflé, certes divertissant mais dont on se passera facilement, lui préférant largement les pinku qui suivirent (en fait des films à peine érotiques, pour être tout à fait franc).
Sexy Drink est disponible en DVD au Japon chez Uplink, sans sous-titres.



