Sholay
Sensé interviewer dans moins de 24 heures, la star du millenium, Amitabh Bachchan, je n’avais pas, à ma grande honte, encore jeté le moindre regard sur un film de Bollywood. L’hommage rendu à cette star incontestée du cinéma hindi, lors de cette édition du festival de Deauville, était l’opportunité rêvée de combler cette lacune. Et pas avec n’importe quel film : Sholay, un des films emblématiques du cinéma populaire indien.
Les deux héros sont des aigrefins, interprétés respectivement par Dharmendra (Veeru), la grande star de l’époque, et une star en devenir, Amitabh Bachchan (Jai). Le policier qui les a attrapés, Thakur Singh (Sanjeev Kumar), les libère de leurs fers afin qu’ils ne soient pas tués par les balles qui sifflent autour d’eux, lors de l’attaque du train qui les convoyait. En échange, ils promettent de ne pas tenter de s’enfuir. Comme ce sont des bandits d’honneur, terme désormais au combien galvaudé, il vont préférer sauver Thakur Singh qui a été blessé plutôt que de s’évader. Se rappelant de leur geste, ce policier, revenu dans son village natal dont il est un des notables, va faire appel à eux pour se débarrasser du bandit qui avait attaqué le train et qui terrorise la région. Bien sûr, nos deux amis vont également tomber amoureux. Un mot du méchant, Gabbar Singh : le réalisateur semble s’être inspiré de la fameuse formule d’Hitchcock selon laquelle "plus un méchant est réussi et plus le film le sera"...
On ne peut pas dire que la mise en scène soit des plus sophistiquées, ce qui n’empêche pas le réalisateur de nous gratifier de quelques sympathiques angles de prises de vue. Une réalisation qui s’avère simple, mais cependant efficace, comme le montre la scène de l’attaque du train. Par ailleurs, alors que je craignais comme dans les productions occidentales, que les scènes musicales soient des climax, ralentissant le rythme du film, tout au contraire, la fin de ces scènes n’est que le prétexte à donner un coup d’accélérateur au récit. Des scènes qui fournissent également une respiration salutaire, vue la longueur moyenne des films du sous-continent.
Le film, qui progresse de rebondissement en rebondissement, est une célébration de l’amour, de l’amitié et de l’honneur. On trouve dans Sholay un concentré de figures éprouvées du western : attaque du train, épisode de la prison, des héros venant en aide à des villageois... Le metteur en scène se permet même de copier - en moins bien - la scène du massacre de la famille Mc Bain dans Il était une fois dans l’ouest, allant même jusqu’à reprendre le raccord final. L’innovation n’est donc pas non plus du côté du scénario. Sholay ne se contente pas de s’inspirer des westerns, il fait également appel à d’autres films célèbres de l’histoire du cinéma. On découvre ainsi la version indienne du Dictateur, qui a été ravalé au rang de chef de prison... Quant à la scène musicale du side-car, une des plus célèbres du film avec sa chanson qui célèbre l’amitié, elle m’a rappelé une scène semblable des Marx Brothers. De nombreuses autres références émaillent sans doute le film.
Si l’inspiration du film est principalement le western, le film a été tourné dans cette partie des années 70 où le cinéma porno et kung-fu avaient leurs lettres de noblesse. Je vous rassure tout de suite, pas de scène hard dans Sholay, mais un combat final à rendre jaloux Chang Che...
Sholay est bien évidemment disponible en DVD indien, sous-titré anglais...

