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Japon

Showa Kayo Daizenshu

Japon | 2003 | Un film de Tetsuo Shinohara | D’après un roman de Ryu Murakami | Avec Ryuhei Matsuda, Masanobu Ando, Kanako Higuchi, Miwako Ichikawa

Après notamment Inochi et un court pour le projet Jam Films en 2002, puis Eau de Vie cette année, Tetsuo Shinohara est déjà de retour derrière la caméra pour une adaptation d’une œuvre de Ryu Murakami (Topazu, Love and Pop). Showa Kayo Daizenshu (que l’on pourrait traduire par ’Encyclopédie des Chansons Populaires de l’Ère Showa’) est un film étrange qui sur le ton de la comédie, offre une illustration plutôt iconoclaste du conflit de générations.

Sugioka (Masanobu Ando) est un jeune homme sans ressources et sans travail qui passe son temps avec sa bande d’amis, et est un jour pris d’un coup de folie. Croisant une femme d’âge mûr dans la rue, il se décide à tenter de la séduire. Il l’aborde mais cette dernière refuse d’entendre quoi que ce soit. Face à ce refus qu’il reçoit comme un véritable camouflet, Sugioka sort son couteau et tranche la gorge de l’infortunée. Malheureusement pour lui, ses amies sont bien décidées à savoir qui a pu commettre un acte aussi ignoble. Ce n’est que le début d’une guerre sans merci entre les deux bandes.

Même si le film tourne autour du conflit à mort qui oppose les deux bandes - une métaphore assez évidente du conflit générationnel -, le film s’efforce paradoxalement de nous montrer tous les points communs qui existent entre elles. Prosaïquement, les deux bandes sont toutes deux constituées de six membres dont l’environnement familial et social est totalement absent. Que ce soit celle des ados ou des femmes, chaque bande se retrouve régulièrement pour des soirées qui ne diffèrent finalement que très superficiellement. Karaoke-cosplay pour les uns et karaoke traditionnel pour les autres. Soirées nabe (plat japonais convivial) pour les uns, réunions type Tupperware pour les autres. Des vies quasiment en autarcie où l’uniformité et l’ignorance (jamais ils ne communiquent directement entre eux) entraînent peur et suspicion.
Chacun voit son groupe attaqué par une menace extérieure et réagit violemment pour sauvegarder son groupe (l’instinct de protection va au point que lorsque le tueur qui déclenche tout se confesse à ses amis, ces derniers réagissent en riant et n’auront de cesse que de le venger, lorsqu’il se fera lui-même assassiner, sans chercher à découvrir la vérité). Le seul véritable lien entre les deux groupes est une adolescente (elle fait donc le lien entre les deux bandes d’une part par son sexe et d’autre part par son âge), qui se trouve au milieu de tout cela sans véritablement comprendre ce qui se passe, mais semble démontrer par sa présence que le manque d’hétérogénéité dans chacun des groupes ainsi que l’absence de communication conduisent à des situations tragiques.

La métaphore, un peu facile, aurait pu faire vite long feu si elle n’était pas relayée par un humour omniprésent, souvent noir et parfois cruel, ainsi qu’une ambiguïté dans le ton. Souvent drôle, le film n’hésite pas à faire preuve d’une extrême violence (les meurtres sont ainsi parfois très sanglants). Un choix qui peut déplaire mais qui évite au film une fadeur redoutée, dans le genre fable vaguement humoristique sur le conflit de génération. De plus, le film contient une autre dimension par le biais de la musique. Le karaoke y est omniprésent et justifie un titre a priori assez étonnant. Sans être une comédie musicale, le film comporte de nombreuses scènes musicales, souvent savoureusement drôles, qui sont des titres phares de la période Showa (qui s’étend jusqu’en 1988) en terme de musique populaire japonaise. Une petite touche de nostalgie qui est un autre point commun entre les deux belligérants sans pour autant leur permettre de se rapprocher.

Film réjouissant, subtilement drôle et parfois violent (on reconnaît le ton de certains romans ou scénarios de Ryu Murakami), Showa Kayo Daizenshu bénéficie d’un choix sans faute des acteurs, notamment Ryuhei Matsuda, qui est décidément amené à devenir un fabuleux acteur.

- Article paru le mercredi 10 décembre 2003

signé Zeni

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