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Sky Captain and the World of Tomorrow

aka Capitaine Sky et le monde de demain | USA | 2003 | Un film de Kerry Conran | Avec Jude Law, Gwyneth Paltrow, Angelina Jolie, Giovanni Ribisi, Michael Gambon, Bai Ling, Omid Djalili, Mark Wells, Trevor Baxter

Sky Captain est un film paradoxal, une espèce d’ovni qui sur bien des points était clairement voué à l’échec bien avant sa sortie. Le premier, très simple, est l’atmosphère ultra rétro du film, fait d’effets spéciaux qui à première vue n’ont pas de quoi rivaliser avec ceux d’un tonton George ou de la dernière production de Monsieur Spielberg. Et pourtant est-ce un mal ? Non, pas du tout, car ici ils apportent justement cette différence qui fait toute la force de ce petit bijou. Le deuxième point négatif ne nous le cachons pas, est bel et bien l’histoire. On ne peut que regretter sa faiblesse quand on voit l’amour que le réalisateur Kerry Conran a porté à la création de son univers. L’histoire, une fois arrivée au mot fin, reste un peu frustrante car on n’a justement jamais l’impression d’avoir passé la seconde vitesse... et last but not least le casting des héros qui malheureusement n’est pas tout à fait convaincant (malgré son talent d’acteur, Jude Law n’est pas parfait dans son rôle à la Han Solo). Ne parlons pas de Gwyneth, elle est transparente.

Mais alors comment est-il possible qu’après avoir entamé un article de façon aussi négative, je m’apprête quand même à vous chanter les louanges de cette production ? Oui, j’entends déjà les questions qui pointent à l’horizon, suis-je vendu à la solde d’un studio ? Suis-je tout simplement l’attaché de presse du film, qui tente de faire la pub de ce dernier en douce sous l’identité d’un membre de Sancho ? Non, rien de tout cela. Je m’apprête juste à vous dire du bien de ce film, tout simplement parce que la somme de ses défauts est bel et bien inférieure à celle de ses qualités.

L’idée de voir un film dont 98% de ce que l’on voit à l’écran est numérique ne m’enchantait guère. Après la torture visuel et mentale infligée par les épisodes 1 et 2 de Tonton George, et la séance de torture sado-maso que fut Vidocq, mon amour du numérique s’était clairement réduit à peau de chagrin. Heureusement, c’est là que le Sky Captain arriva à la rescousse. Ce film réussit là ou une « chose » comme Van Helsing a lamentablement échoué. Ok, l’analogie est périlleuse et je m’explique. Quoi qu’on en dise Stephen Sommers n’à jamais pêté plus haut que son cul lors de la réalisation de ces films, et Van Helsing se voulait être son hommage aux films d’horreur de la Hammer qu’il matait quand il était petit. En gros une intention tout à fait louable, malheureusement le résultat final laissait clairement penser qu’à l’époque, le jeune garçon devait abuser de quelques substances à base de cuisses de grenouilles roulées sous les aisselles (ou bien pire), car son film n’avait rien d’enfantin. C’était clairement l’œuvre d’un suppôt de la secte du Dieu Clippeur et Bouillie Visuelle. Les yeux d’enfants n’y étaient pas, la touche de rêve n’en parlons plus, la seule odeur qui flottait sur tout cela était celle du billet vert (Je n’ai rien contre cette odeur... eh bah oui je suis vénal et alors ? Mais par moment cela a tendance à pourrir la valeur artistique d’un film...). Une attitude et un état d’esprit qui ne ressemblent heureusement en aucun cas à ceux de Kerry Conran.

Le jeune réalisateur porte ce projet depuis des années, et n’a pas attendu le fait d’avoir un grand studio derrière lui pour commencer à faire tourner la manivelle de son usine à rêves. Depuis des années, Conran avait commencé à créer les décors de ce qui allait devenir plus tard le Sky Captain sur son propre ordinateur. Véritable cri du cœur et preuve d’amour à un genre complètement en désuétude de nos jours, le pulp revient en force grâce à ce petit bijou technique. C’est pourtant sa différence qui fait ici sa force et sa faiblesse. Force car on n’a pas vu un film avec un feeling pareil depuis des lustres. Chacune des scènes d’action ou bien des personnages nous transportent dans ce qu’aurait pu être un film d’aventures des années 30. Mention spéciale à Giovanni Ribisi en inventeur de gadgets sur la base secrète du Sky Captain et à Angelina Jolie en chef d’escadrille anglaise. Elle est une sorte d’alter ego de Jude Law dans le film ; une fois au commande de son avion elle se révèle encore plus barge et talentueuse que lui (la scène de bataille sous-marine est sans doute une des plus réussies du film).

Alors c’est vrai, Sky Captain tient plus de la gigantesque bande démo que du film en bonne et due forme, mais cela n’est pas vraiment grave. Pourquoi ? Tout simplement parce que ce film respire la sincérité. Cherchez durant la dernière année combien de cinéastes vous ont offert un spectacle qui ne puait pas la pression mercantile. Le genre de pression qui vous donne le sentiment que les producteurs sont en train de vous faire les poches pendant la file d’attente. Hein, combien ?... Pas lourd en effet. Kerry Conran, lui, nous offre ici un vrai spectacle, il aime profondément ce qu’il fait, il nous ouvre une porte sur son imaginaire et nous invite à l’y rejoindre sans autre arrière-pensée que de nous faire passer un bon moment. Alors tout cela n’engage que moi, mais lorsqu’un cinéaste m’offre du grand spectacle (certes non exempt de défauts... personne n’est parfait), qu’il m’emmène dans un autre univers et qu’il réussit à m’émerveiller, désolé mais je ne me mets pas dans la ligne pour lui dire sans cesse que son film n’est pas un blockbuster comme les autres et que c’est bien dommage. Non, au contraire : j’applaudis la différence et j’attends avec impatience que le coup d’essai (encourageant) devienne un coup de maître avec Princess of Mars, son prochain film...

Sortie en France le 16 Mars 2005.

- Article paru le mercredi 9 février 2005

signé Marcus Burnett

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