Sky High
« A choice of three alternatives. »
Le detective Kanzaki enquête tant bien que mal avec son partenaire, sur une série de meurtres particulièrement violents : de jeunes femmes sont retrouvées « exposées » aux yeux de tous, le cœur arraché. Une enquête qui le travaille au point qu’il arrive en retard à son propre marriage. Il rejoint Mina, sa promise, avant la cérémonie, puis se rend à l’autel. Lorsque Mina le rejoint quelques minutes plus tard, elle est mourante, déambulant miraculeusement alors que son cœur a été arraché de sa poitrine. Mina meurt dans les bras de Kanzaki, et se retrouve devant Izuko, gardienne de la « Porte de la Rage ». Izuko, passeur de la mythologie Sky High, doit guider les âmes des personnes assassinées, et propose à Mina trois choix : soit elle accepte la mort et se rend au paradis en attendant d’être réincarnée, soit elle refuse la mort et erre parmi les vivants en tant que fantôme, soit elle maudit un être vivant, le condamnant à mort, et se retrouve elle-même condamnée à une éternité de souffrance en enfer. Avant de faire son choix, Mina a douze jours, au cours desquels elle peut retourner parmi les siens. Elle se rend compte que son mari recherche désespérement son assassin, souhaitant le tuer et se condamnant sans le savoir à pourrir en enfer. Izuko la met sur la voie de l’assassin : Kudo, un brillant généticien milliardaire qui, accompagné de la délicieuse Rei, est en quête de six cœurs bien particuliers pour accomplir un rituel lui permettant d’ouvrir la Porte de la Rage, et de libérer le Diable...
Sky High le film, est dérivé de la série du même nom starring Yumiko Shaku (deux « saisons » à ce jour), elle même adaptée d’un manga. Dans cette série, l’héroïne de Princess Blade incarne Izuko, la gardienne de la Porte de la Rage, et est confrontée aux âmes de personnes assassinées pour les guider dans leurs choix de « vie » post-mortem ; le long métrage se positionne donc en tant que préquelle à cet univers télévisuel, visant à expliciter les origines d’Izuko.
Avant d’être Izuko donc, le personne incarnée par Yumiko Shaku s’appelait Mina. Si elle est l’héroïne de l’univers Sky High, Mina n’est cependant que le pilier du film de Kitamura, jouissant d’un temps de présence pour le moins restreint à l’écran. D’entrée de jeu, Sky High ne se positionne donc pas comme un tout suffisant, mais comme une introduction, un pilote rétroactif pour la série. Ses véritables héros sont Kanzaki, Kudo et Rei, ainsi que dans une moindre mesure, l’Izuko incarnée par la troublante Eihi Shiina (Audition). Œuvre non pas d’action mais d’exposition et de narration, Sky High s’intéresse donc à un grand nombre de personnages pour expliciter les règles qui régissent la série, toute entière construite autour de la notion de choix, et des motivations derrière ces choix.
C’est là que Sky High, contrairement à ce que proclament ses nombreux détracteurs, me paraît intéressant. Kitamura en effet, s’y positionne un peu comme le Renny Harlin japonais, réalisateur naïf souhaitant concilier narration humaniste et spectacle grand public (cf. Driven). Inexorablement motivé par la pause à tout va, Kitamura s’essaye à l’épanchement de sentiments nobles, et tente de dépeindre chacun de ses personnages - bon ou méchant - comme juste, de par leurs motivations respectives. Kudo tout particulièrement, y gagne une identité intéressante, prêt à affronter la Terre entière pour sauver la femme de sa vie. Volonté sentimentale oblige, le réalisateur de Versus délaisse définitivement le côté brut et ultra-speed de son premier long-métrage pour juxtaposer scènes d’actions posées et dialogues interminables ; un équilibre qui peut paraître instable mais qui, si l’on considère la véritable nature de ce film « de cinéma » qui n’en est pas un, se comprend aisément. La réalisation est soignée et lisible, les combats sympathiques et les prestations très teintées dorama : Sky High est donc à mon avis, fidèle à son objectif.
Reste que bien sûr, le film possède un côté télévisuel un peu trop marqué, que ce soit dans son rendu général - un peu trop numérique - ou dans son attachement souvent trop appuyé aux personnages. Mais Sky High demeure un excellent divertissement, propre à susciter l’intérêt du spectateur pour la découverte de la série. Et si l’on est un peu déçu en ce qui concerne nos retrouvailles avec Yumiko Shaku, Kitamura se fait une joie de compenser son absence relative par un défilé de beautés remarquables, que ce soit Eihi Shiina ou la somptueuse assassin incarnée par Kanae Uotani. Tout ceci fait certes très « fan service », comme toujours avec le réalisateur, mais le plaisir est vraiment au rendez-vous, et c’est bien là l’essentiel. Car le seul défaut de Kitamura à mes yeux, est de refuser d’admettre qu’il n’est rien d’autre qu’un très bon cinéaste populaire, nourri aux dorama et à l’esthétique du manga, et non pas au cinéma. Travailler dans ce sens de façon pleinement assumée, lui garantirait certainement une reconnaissance plus large et méritée !
Sky High est disponible en DVD au Japon chez Amuse, en édition simple ou en édition collector. Les deux proposent des sous-titres anglais, mais la seconde propose en outre la version longue du film, quant à elle non sous-titrée, et est présentée dans un packaging somptueux - comme seuls les japonais savent nous les offrir !





