Skyline Cruisers
S’il y a bien deux films qui ont influencé de façon majeure le cinéma HK de la fin des années 90, ce sont le Mission : Impossible de Brian de Palma, et sa magnifique (et pourtant très décriée) séquelle, le MI:2 de John Woo. L’excellent Downtown Torpedoes, Gen X-Cops et sa sympathique suite Gen Y-Cops et j’en passe : autant de techno-thrillers d’action qui n’ont pas hésité à reprendre les concepts de la franchise américaine par séquences complètes, à la sauce Hong-Kong (comprendre : en plus invraisemblables encore). Le Skyline Cruisers de Wilson Yip (Bio-Zombie, mais surtout Bullets Over Summer) n’échappe pas à cette affiliation éhontée. Avec un bémol cependant : notre ami Wilson s’est visiblement mis à la consommation des même produits périmés que ce cher Tsui Hark dans sa période wallonne ; et si l’on devait vraiment rapprocher Skyline Cruisers d’un duo de films, ce serait plutôt, au bout du compte, des déconcertants Double Team et Knock-Off (Piège à Hong-Kong)...
Mac (Leon Lai) est un voleur professionnel qui fait équipe avec Sam (Sam Lee), X (Jordan Chan) et Y (Michelle Saram). Par le biais d’un système informatique ultra-moderne et sécurisé, le quatuor reçoit les briefs de missions à hauts risques - mais aussi à hauts gains - qu’ils sont libres d’accepter ou de refuser. Un jour, Mac reçoit un appel au secours du Docteur Lee, dont l’avion a été abattu par une organisation désireuse de s’emparer de son travail : rien de mois qu’un vaccin contre le cancer. La mission de récupération n’est pas très bien rémunérée, mais elle a un côté humanitaire qui séduit Mac, qui du coup parvient à convaincre son équipe de l’aider à dérober le vaccin en question. Leur plan soigneusement mis au point, les quatre agents très spéciaux investissent un complexe pharmaceutique. Alors que X essaye de récupérer la formule chimique de la molécule miracle, Mac tente de s’emparer du prototype, conservé dans une pièce sans gravité. X se heurte à deux bombes destructrices, tandis que Mac voit un hologramme disparaître sous ses yeux. L’équipe doit se rendre à l’évidence : quelqu’un les a manipulés. Mais qui, et surtout dans quel but ? Et qui est cette mystérieuse jeune femme, June (Shu Qi), qui propose son aide au voleur au grand cœur ?
Difficile de se dire que Skyline Cruisers est une œuvre très personnelle du réalisateur de Bullets Over Summer : blockbuster improbable à la structure narrative plutôt floue, c’est un enchaînement de scènes qui ne sont pas réellement d’anthologie, mais qui ne cessent de surprendre le spectateur par leur côté... ahurissant ! Et oui, car Skyline Cruisers, c’est avant tout beaucoup de n’importe quoi. Comme dans les deux opus malades de Tsui Hark cités en introduction, les protagonistes de ce film-OVNI repoussent les lois de la physique élémentaire dans leurs derniers retranchements. En tant qu’illustration, prenez cette scène ou Leon Lai se jette du haut d’un immeuble : le temps qu’il passe en suspension dans le vide, à contempler la silhouette de Shu Qi qui se découpe sur les toits, avant d’ouvrir un sac à dos / ballon qui va l’aider à rebondir une bonne dizaine d’étages plus bas, amène tout de même le film à flirter avec une certaine stupidité revendiquée. Les exploits impossibles de Mac et son équipe se comptent par dizaines, mais sont filmés de façon suffisamment efficace par Wilson Yip pour que la pilule passe à peu près aussi facilement qu’un cachet d’acide.
Car le réalisateur réussit tout de même plus d’une fois à imposer sa patte flegmatique, aussi bien sur la réalisation que sur la narration. Pour exemple, cette scène absurde au cours de laquelle Jordan Chan est supposé éclairer ses compagnons, et du même coup le spectateur, sur le passé trouble de Mac : le personnage résume la situation deux fois, mais à chaque fois, le vacarme des moteurs d’un avion nous empêche d’entendre quoi que ce soit. Autant dire que la chose ne sera plus jamais soulevée ! Au final, les motivations des diverses factions mises en scènes restent on ne peut plus abstraites, et Skyline Cruisers de partager avec Downtown Torpedoes, l’un des meilleurs films du genre, son principal défaut : trop court, il se termine sur une séquence bien moins impressionnante que toutes celles qui l’ont précédées, sans que la trame du film ait été véritablement bouclée.
En conclusion, donc, Skyline Cruisers est un objet insaisissable, sympathique et furieusement absurde, aussi impossible à aimer qu’à détester sincèrement.
Oyé oyé ! Le DVD concocté par Universe pour Skyline Cruisers est sans doute l’un des plus beaux pressages HK qui soient ! La copie - au format - est tellement belle, la compression tellement irréprochable, que l’on se croirait devant de l’anamorphique ! Le 5.1 est tout aussi bon, les sous-titres corrects,... impressionnant !


