Souffle
Printemps, été, automne, hiver.
Dans une cellule, un prisonnier grave une silhouette de femme au moyen du manche d’une brosse à dent, devenu coupant à force d’avoir été usé. Un de ses codétenus le lui arrache avant de se l’enfoncer à plusieurs reprises dans la gorge pour mettre fin à ses jours. Pendant ce temps-là, une femme met son linge à sécher sur le balcon de sa maison ultra-moderne et fait tomber la chemise blanche de son mari. Elle n’a pas le temps d’aller la récupérer dans la rue qu’un 4X4 a déjà roulé dessus. Après avoir tenté, sans véritablement insister, d’en enlever la saleté, elle la jette dans une poubelle publique.
Sans parole, Kim Ki Duk décrit la situation dans laquelle cette femme et ce condamné à mort se trouvent au début de ce nouveau long métrage. Le mariage de la première est à bout de souffle et un bourreau va définitivement couper celui du second. Le prolifique réalisateur coréen raconte la très improbable rencontre entre ces deux êtres.
Kim Ki Duk s’est littérallement installé aux commandes du film en jouant le rôle du gardien chef de la prison. Le refus de vouloir se montrer, si ce n’est le reflet de sa tête coiffée d’une casquette et d’une paire de lunettes de soleil dans un moniteur de contrôle, s’inscrit bien dans le tempérament du discret réalisateur coréen. Il met en scène la toute puissance du réalisateur. Même si elle n’appartient pas à sa famille, il va autoriser la femme à rencontrer le prisonnier. Puis au moyen des caméras et des gardes postés à portée de main d’un téléphone, il va contrôler le développement de leur relation. Action : je permet que les deux personnes se touchent. Couper : leur premier contact n’ira pas plus loin.
La mise en scène minimaliste permise au gardien par le système vidéo de la prison est également celle adoptée pour le reste du film. Tourné,e paraît il, pour quelques centaines de milliers de dollars, l’action est concentrée dans trois lieux : la maison, la prison et les véhicules utilisés pour passer entre ces deux lieux.
L’étrange objet que constitue Souffle devrait dérouter au premier abord, mais n’est-ce pas l’une des marques de fabrique du Coréen ? Au muet condamné à mort répondent les mini comédies musicales sur le thème des saisons organisées en prison par la femme. Ces déjantées scènes chantées devraient laisser plus d’un spectateur dans l’expectative. Puis, au fur et à mesure que le réalisateur nous entraîne dans l’intimité des personnages, Souffle devient plus compréhensible même s’il ne nous livre pas toutes ses clés. Pourtant au final, l’ensemble m’a laissé relativement froid.
Souffle sortira sur les écrans français le 21 novembre 2007



