Soul’s Code
L’agent Garnont du DSI (Department Special Investigation) coordonne une descente visant à coincer un certain X Fargo, quand il se laisse perturber par l’apparition effrayante d’une jeune femme, otage potentielle. Cette vision paranormale, que personne de son équipe n’a pu confirmer, le détourne de son objectif au point de faire rater l’opération, si bien qu’on lui retire l’affaire. Son patron le place alors en tête d’une autre enquête, aux côtés de la belle Nicha, visant à identifier le cadavre d’une jeune femme retrouvée nue dans une boîte en carton, les pieds bandés par une étoffe semblable à celle portée traditionnellement par les moines. En parallèle, un musicien du nom de Cee recherche, au désespoir de sa petite amie top model, son ex-copine Ning, portée disparue alors qu’elle était traquée par les hommes de X. Tous sont hantés par des visions de la jeune femme décédée, au travers de miroirs, écrans de portables ou autres fenêtres improvisées sur l’outre-monde. Se pourrait-il que tous recherchent la même femme, aujourd’hui défunte et bien décidée à les mener, effroi nonobstant, sur la piste de son assassin ?
Évidemment que ça se pourrait. Soul’s Code, c’est un peu Les Experts meet Sadako, et il n’est donc pas question ici d’être foncièrement original au-delà du concept initial. Pub Nissan gavée de mouvements de grue inutiles dans sa première moitié, joué de façon aléatoire dans sa globalité – notamment par une personnalité thaï auto proclamée, le temps d’un film, équivalent local de Brad Pitt dans Se7en – et pas franchement effrayant en dépit d’un ou deux visuels sévères (le cadavre dans la boîte est peu ragoûtant), Soul’s Code n’est pas désagréable mais n’en reste pas moins, pardon my french, une grosse bouse.
Le film d’Atsajun Sattakovit, qui visiblement s’est pris une méchante claque au box office Thaï, tente en effet à ses dépends de jouer sur deux tableaux pour créer une espèce d’entonnoir narratif, entre l’enquête de Garnont et la quête de Cee. Sauf que, à jongler entre les deux sans raison, le réalisateur fini par souligner le fait que l’un des deux est inutile. On pense d’abord que Garnont est le héros, et que Cee n’est qu’un rouage stupide, avant de saisir que Cee est en réalité le point focal du film, tandis que Garnont finalement... ne sert à rien. Son implication personnelle dans l’affaire est absurde, en décalage avec l’objectif réel du film, simple variation sur le thème de la culpabilité et de la vengeance pileuse comme nous en avons bouffé au kilo ces dernières années. Ce qui est rigolo, c’est que le personnage de Nuttakorn Taewakul n’est pas le seul à ne servir finalement à rien : celui de X Fargo n’est qu’une fausse piste volontaire, nécessaire pour gonfler le métrage au-delà de quarante minutes de durée ; et notre revenante syndicale en fait, ne sert pas même à foutre les chocottes. Finalement, la seule qui s’en sort bien, c’est Prae, l’hystérique top model repêchée par la très pénible fin à tiroirs du film. Come on let’s twist again...
Le plus remarquable dans ce grand n’importe quoi, c’est la prétention qui s’empare du projet grâce à Nuttakorn Taewakul. Animateur de talk show, éditorialiste et porte parole de Nissan – ce qui explique les plans gratuits sur son véhicule, façon show room GT – cette figure publique improvisée acteur de premier plan singe sieur Horacio Caine – David « j’ai vendu mon âme au diable de la colorimétrie » Caruso – plus que Brad Pitt. A l’instar de son ridicule mais rigolo modèle, Garnont parle façon Jugement Dernier, est impassible au point d’être léthargique, et se tient de profil pour vous regarder en face, la tête un peu en biais. Manque que les lunettes pour parfaire le personnage, mais c’est déjà pas piqué des hannetons. Dire que, rangé des caméras après cet exploit, l’homme s’est lancé dans une campagne pour le poste de Gouverneur de Bangkok...
Pour conclure, je lance un appel à internautes, pour savoir si quelqu’un peut m’éclairer sur la pertinence du titre du film, ainsi que sur le styliste qui a habillé et coiffé le redoutable X Fargo, nouveau champion du monde du regard noir. Les deux m’échappent complètement.
Soul’s Code est disponible en DVD thaï avec sous-titres anglais, enrichi d’avertissements de santé publique à chaque fois que X Fargo s’allume un cigare. Top.


