Starry, Starry Night
Mei rentre en première année de collège au moment où les relations entre ses parents se détériorent. Elle a hérité d’un goût pour l’art de son grand-père sculpteur et de sa mère qui a fait des études artistiques à Paris. Un goût que ses parents ont cultivé en assemblant avec elle des puzzles de chefs-d’œuvre de la peinture européenne, ensuite suspendus dans le salon familial. En cette période difficile pour la jeune fille, un nouvel élève arrive dans sa classe, Jay. Ce dernier attire son attention car il est aussi un talentueux dessinateur. L’amitié qui va se nouer entre eux sera l’un des rares rayons de soleil pour Mei.
Avec Starry, Starry Night, le réalisateur taïwanais Tom Shu-Yu Lin aborde un thème très souvent traité au cinéma : le passage de l’enfance à l’âge adulte. Une période de la vie qui est synonyme de perte de l’innocence. Au cours de cette année de collège, Mei est confrontée à la mésentente de ses parents qui conduira à leur divorce, au décès de son grand-père avec qui elle a vécu enfant et à ses premiers émois amoureux.
Le réalisateur a placé son film sous le signe du conte. La maison isolée dans les bois n’est pas celle de la grand-mère, mais celle du grand-père. De cette période de son existence où elle vivait heureuse, elle se rappelle les nuits passées avec son grand-père à admirer la voie lactée. Un souvenir auquel est attaché le tableau de Van Gogh, qui a donné son nom au film.
Mais quand elle veut le retrouver, ce bonheur se dérobe à elle. Au point d’apparaître irréel à nos yeux, comme s’il s’agissait d’un souvenir fabriqué à partir d’un conte. N’étant plus une enfant, elle ne peut plus convoquer la magie de cette époque.
La dimension fantastique est présente dans l’atmosphère du film, mais aussi dans sa mise en scène. En hommage au matériel d’origine - un livre de l’illustrateur taïwanais Jimmy Liao - Tom Shu-Yu Lin mélange animation et prises de vues réelles lors de plusieurs passages du film. Elle en illustre en particulier les parties les plus fantasmagoriques. Lors de la fugue des deux collégiens, leur train traverse le tableau de Van Gogh dont les étoiles ressemblent à des soleils.
On l’aura compris, les tableaux jouent un rôle important dans ce film. Ce dernier porte aussi une attention particulière à la composition de ses cadres, favorisant les plans panoramiques. Rien de m’as-tu-vu, mais le spectateur a l’impression de pénétrer dans le film.
Ce deuxième film de Tom Shu-Yu Lin témoigne d’une ambition bienvenue. Le spectateur n’oubliera pas la belle métaphore des puzzles. Elle est illustrée littéralement lorsque l’univers de May semble s’effondrer.
La conclusion m’a cependant paru décevante. En visite à Paris quelques années plus tard, l’héroïne accompagnée de sa jeune demi-sœur découvre une boutique vendant des puzzles dont il manque une pièce. Le réalisateur coupe au noir au moment où apparaît la silhouette du propriétaire de la boutique... Il termine ainsi son film sur une note un peu trop mièvre à mon goût.
Starry, Starry Night a été projeté lors du Festival du film de Paris 2012 dans le cadre des séances spéciales.





