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Hors-Asie

Straightheads

aka Closure | UK | 2007 | Un film de Dan Reed | Avec Gillian Anderson, Danny Dyer, Ralph Brown, Kate Bunten, Antony Byrne, Anthony Calf, Francesca Fowler, Adam Rayner

Adam est installateur de systèmes de sécurité. Il fait la connaissance d’Alice alors qu’il truffe sa maison de caméras de surveillance. Femme d’affaires solitaire et sûre d’elle, Alice demande à Adam (qu’elle ne connaît pourtant ni d’Eve ni d’… désolé…) de l’accompagner à une réception donnée par son patron et ex-mari ; le jeune homme saute sur l’occasion. Grand bien lui prend a priori, en dépit de l’ennui profond de cette soirée huppée, que l’on devine propice à un miroir humain façon Eyes Wide Shut : Alice s’avère particulièrement généreuse de sa personne ce soir là… Sur le chemin du retour, un accrochage tourne au drame ; au milieu d’une forêt, trois hommes battent Adam comme plâtre avant de violer Alice. Une fois remise, Alice se met en tête de retrouver ses aggresseurs et de leur faire payer leur acte de leurs vies. Sa tâche la plus dure toutefois, sera de convaincre Adam de mettre son plan à exécution…

C’est la vision de Death Sentence qui m’a remis ce petit film grand-breton en tête. Visionné il y a de cela quelques mois, j’avais fait l’économie flemmarde d’un article à son sujet, en dépit de la forte impression que sa vision m’avait laissée. Puisque la loi du talion est de nouveau d’actualité, je saisis l’occasion pour livrer un texte de rattrapage. Plus que d’un héritage à Papy Bronson, celui de Straightheads est à trouver du côté du rape revenge, d’une Dernière maison sur la gauche avec un côté Chiens de paille light, abordant la problématique sous un angle assez novateur : la contamination de la vengeance à une tierce personne, pourtant désireuse de ne pas tomber dans son engrenage.

Personnage principal du film – et ce de façon presque exagérée – Alice occupe le devant de la scène à tous les niveaux : physique, psychique, et psychologique. Par sa beauté, par l’outrage qu’elle subit, par sa colère, par sa détermination, elle prend le dessus sur Adam, jeunôt sous le charme d’une Femme avec une grand F, bien que celui-ci ait failli laisser un œil aux mains des psychopathes d’un soir. Jouant finalement plus de l’humiliation qu’il a lui-même subie, en le raillant implicitement, que de son viol, Alice tente de trouver le courage de devenir une meurtrière en convaincant Adam de la légitimité de ses actes à venir. Seulement voilà : une fois face à son aggresseur, son cheminement s’avère plus délicat, alors qu’Adam lui, a été brisé psychologiquement et humainement. Non pas par l’aggression, mais par la violence extériorisée par Alice au point d’en être contagieuse. L’éxutoire de l’un devient la frustration de l’autre, et chacun possède les cartes en mains non seulement pour détruire une vie, mais oblitérer sa propre humanité au passage…

N’allez pas croire pour autant que Dan Reed fasse marche arrière au dernier moment, trahissant au passage le genre dans lequel il inscrit son film. La revanche d’Alice a au moins partiellement lieu, et elle est particulièrement sévère. Mais plus que les actes, ce sont les décisions qui sont lourdes ; les instants d’hésitations de Straightheads, le combat intérieur qu’il met en scène avec économie et influence, sont le véritable lieu de son action, son vecteur d’effroi. Plutôt bien réalisé, avec une certaine froideur, Straightheads n’est pas une révolution, mais un film tout de même diablement efficace. Sa pertinence, il la doit certes à son histoire bien dosée, mais surtout à Gillian Anderson, belle à s’y perdre, de la même façon qu’Adam décide, finalement, de tout lui abandonner. Rarement l’interpètre de Scully aura-t-elle autant débordé de féminité, dans tout ce qu’elle peut avoir tour à tour de fort et fragile, successivement dominatrice, brisée, manipulatrice, ressucitée et même maternelle... C’est grâce à elle que Straightheads est plus riche qu’un rape revenge « standard » : elle contamine le film en point d’en faire, chose rare dans le genre, un authentique film de femme.

Annoncé pour une sortie prochaîne sur nos écrans sans date fixée, Straightheads est d’ores et déjà disponible en DVD zone 2 anglais. Ne vous laissez pas impressionner par le montage brutal et déprimant qui ouvre le DVD ; le film est certes sévère, mais moins que l’éditeur voudrait bien nous le faire croire.

- Article paru le lundi 28 janvier 2008

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