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Chine

Suffocation

aka Zhixi | Chine | 2004 | Un film de Zhang Bingjian | Avec Ge You, Qing Hailu, Bin Li

Shen Xia est photographe. Il s’est épris de l’une de ses modèles mais se refuse pourtant à quitter sa femme Meizi, violoncelliste... se pourrait-il que cette dernière ait pris les devants ? Car Meizi a disparu. Shen Xiao ignore où elle se trouve et s’en remet à son meilleur ami pour l’assister dans sa quête désabusée. Celui-ci est persuadé que Meizi va revenir. Mais pourquoi Shen a-t-il emprunté sa voiture le soir de la disparition ? Que font les chaussures de Meizi dans son coffre ? Il apparaît rapidement - au spectateur du moins - que Shen a tué sa femme, qu’il s’est débarassé de son corps en la transportant dans l’étui de son violoncelle. Et que le spectre de Meizi est bien décidé à le torturer...

« The First Chinese Psycho Movie ». Avant même de parler du film de Zhang Bingjian, il convient de souligner sa singularité. Suffocation est en effet si l’on en croît la campagne marketing qui l’a entouré, le premier film d’horreur chinois, et marque une étape importante dans l’ouverture culturelle de l’Empire du Milieu. Dans un système sans classification cinématographique, la violence et le sexe étaient bien entendus jusqu’ici bannis. Doit-on comprendre que Suffocation est pour autant un film pour adultes ? Pas réellement non, car exempt de peau et de sang ; cependant dans les thèmes qu’il traite, et surtout dans la manière de le faire, Suffocation se place a priori en marge d’un cinéma policé, plus ouvert au monde et plus en phase avec la globalisation de son époque.

La globalisation d’ailleurs, Suffocation en porte de nombreux symptômes. Dans sa description surréaliste d’un cauchemar parent de celui vécu par Trevor Reznik dans The Machinist - car né d’une culpabilité à définir - le réalisateur dont c’est ici le premier long-métrage emprunte tour à tour à Lynch (pour certaines ambiances et éclairages), à Nakata (pour l’esthétique « velue » de certains apparitions), à l’imagerie du slasher américain (la silhouette très Souviens-toi l’été dernier de Shen lorsqu’il porte son imperméable) et j’en passe. Quant à savoir si cela sert le film ou au contraire l’asphyxie...

Il apparaît malheureusement, que Suffocation souffre de ses identités plurielles. Alors que le film démarre intelligemment, au travers de personnages secondaires plutôt que par le biais de Shen Xia, Bingjian recentre rapidement son film sur les manifestations diverses de la culpabilité du personnange. D’abord présenté comme un « whodunnit », le film reporte la question du « qui » sur le « quoi », avant de trancher et de revenir au « pourquoi ». Celui-ci malheureusement, est explicité en début de métrage (la liaison du protagoniste), et ne nécessite en rien un tel étalage référentiel, qui, plutôt que de lui conférer une identité complexe, désamorce successivement tous les enjeux esquissés. Pour nous conforter dans cette impression désagréable, Zhang Bingjian use de plus d’une fin facile façon Boxing Helena, histoire de justifier son titre autant que de renier le pas franchi par son film, au sein du paysage cinématographique chinois.

Pourquoi ? Parce que les hésitations de Suffocation, à vocation cauchemardesque, touchent en réalité à un certain manque de courage. Si le film est très bien réalisé, possédant de belles idées (les ondes émises par le violoncelle perçues à la surface d’un aquarium) comme de vraies séquences de trouilles (le coup de fil très marqué par Ju-On qui pousse Shen à creuser un énorme trou sur la plage), il est non seulement vide mais finalement très moralisateur et manichéen. Le film d’horreur y est présenté comme la paliatif qu’il doit être, à certains penchants morbides, mais d’une façon telle finalement, qu’on croit plus à une nouvelle forme de contrôle psychologique qu’autre chose. Le message de Suffocation est en effet le suivant : toute pensée contraire à la norme peut vous entraîner dans un cauchemar sans issue. D’ordinaire, c’est le passage à l’acte qui est incriminé, alors qu’ici l’imagination même est pointée du doigt. C’est un peu comme si, au final, Suffocation se coupait l’herbe sous le pied, se rendant lui-même inutile : le film d’horreur chinois conçu de cette façon, n’a d’autre intérêt que de réfréner l’imaginaire qu’il aurait dû accepter de promouvoir. En l’état, et en dépit de prestations remarquables, Suffocation n’est donc qu’une vaste arnaque, dont les implications politiques plombent les nombreuses initiatives cinématographiques.

Suffocation est disponible en DVD chinois sous-titré en anglais, dans une copie plein cadre qui tient plus d’un VCD de haut niveau que d’un DVD...

- Article paru le mercredi 12 octobre 2005

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