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Thaïlande | Singapour | Kazakhstan | Festival des 3 Continents 2006

Talk to Her

aka Yeoindeul | Kazakhstan, Singapour, Thaïlande | 2006 | A propos d’amour de Darezhan Ormibayev avec Ainur Turgambayeva, Kairat Machmetov et Kanat Juantay | Pas un jour de congé d’Eric Khoo avec Syamsiah | 12h20 de Pen-ek Ratanaruang avec Ananda Everingham, Khemapsorn Sirisukha, Christopher Doyle

Talk to herDepuis plusieurs années, le festival coréen de Jeonju donne l’opportunité à 3 réalisateurs asiatiques de démontrer les capacités du format numérique. En 2006, la sélection comprenait le kazakh Darezhan Ormibayev, avec A propos d’amour, le singapourien Eric Khoo, Pas un jour de congé, et le thaïlandais Pen-ek Ratanaruang, 12h20.

La section filmée par le kazakh Darezhan Ormibayev est la plus classique. Adaptée d’une nouvelle de Tchekov, elle raconte une histoire d’amour platonique. De retour d’une session de photographie en solitaire dans la montagne, Kairat rencontre par hasard un ancien condisciple de la faculté de science, Askar. Ce dernier s’est lancé dans les affaires et représente l’image de la réussite, entre son tout terrain flambant neuf et sa belle femme, dont Kairat tombe amoureux. A l’opposé, Kairat vit modestement de son métier de professeur. Darezhan Ormibayev filme avec délicatesse cette histoire d’amour dans le formol pendant les années au cours desquelles Karait devient un intime de la famille.

Talk to herEric Khoo nous offre la section la plus intéressante, Pas un jour de congé. Le réalisateur singapourien dénonce l’arrogance, l’égoïsme et le manque d’humanisme de ses compatriotes, et pas seulement des plus riches. Eric Khoo a retracé quatre années de la vie d’une femme de ménage à Singapour. Nous suivons le parcours de la jeune Siti, de son village en Indonésie, où elle laisse son mari et son petit garçon, à sa formation de deux mois (qu’est ce qu’un aspirateur, un micro-onde...) et puis sa « vie » au sein de trois familles de la ville-Etat. La première fait partie de la haute société singapourienne, propriétaire d’une Ferrari et fière d’offrir de la viande de bœuf à 1000 dollars le kilogramme lors d’un repas entre amis. Son comportement envers Siti relève du racisme. Selon la maîtresse de maison, les indonésiennes sont bêtes, mais au moins elles ne sont pas des putes comme les thaïlandaises (sic). Dans la seconde famille, moins riche, mais dévorée par l’ambition de le devenir, elle devient une véritable esclave. Seule la dernière famille, d’origine indienne, où elle aide un vieillard sur le seuil de la mort, adoptera une attitude humaine à son égard. Au-delà du comportement de ses concitoyens, Eric Khoo dénonce le fonctionnement de ce système d’exploitation. Pour ses journées interminables, Siti reçoit 140 dollars par mois, et encore ne touche-t-elle que 10 dollars pendant les 9 premiers mois pour rembourser sa formation. Et pour cette maigre somme, la loi singapourienne ne prévoit même pas une journée de congé.

Talk to her12h20, pochade potache de Pen-ek Ratanaruang, fonctionne avec un dispositif réduit à sa plus simple expression : quelques sièges dans une pièce qui va servir de salle d’attente d’aéroport, puis de cabine d’avion. Le héros est foudroyé par l’amour dans cette salle, et va se trouver assis à côté de sa flamme. Mais jamais, il n’osera lui parler. L’univers de Pen-ek est présent dans ce bout de film, dans ce vol entre deux pays où le commandant de bord parle chinois, l’hôtesse français et le personnage principal, anglais. Cinéaste de l’entre deux, le réalisateur thaïlandais nous présente une nouvelle fois un personnage partagé entre deux pays, qui, ici, est également déchiré par l’amour. Christopher Doyle continue à « dégrader » sa photographie, le film étant tourné dans des tons sépias. Le directeur de la photo fait en plus une apparition remarquée en capitaine d’avion, voleur d’alcool, s’inscrivant en droite ligne de Robert Stack dans Y a-t-il un pilote dans l’avion ? L’association n’est pas incongrue car l’humour de 12h20 reste très potache. Le commandant annonce ainsi en fin de vol que les tous passagers n’ayant pu déclarer leur amour ont merdé.

Talk to Her a été diffusé dans le cadre des séances spéciales de la 28ème édition du Festival des 3 Continents (Nantes).

- Article paru le mardi 27 février 2007

signé Kizushii

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