Terminator 3 : Rise of the Machines
Si j’étais trop petit en 1984 pour avoir vécu "en live" le choc Terminator, je me souviens par contre parfaitement de la sortie de T2 en 1991. Je crois que je n’avais à l’époque jamais vécu une telle attente, qui plus est si largement récompensée. Pour moi T2 était - et est longtemps resté - le film fantastique et d’action le plus complet et le plus réussi qui soit. Bien sûr, j’en entends qui crient à l’hérésie, du fait notamment de la disparition de la violence inhérente au premier opus de Cameron dans le second épisode, mais aussi de la fin mielleuse, de You Could Be Mine et j’en passe... Toujours est-il que, comme tous les films de Cameron à l’exception de Piranha II, T2 était et sera toujours un modèle d’équilibre, un dosage parfait de personnel et de commercial, de film d’auteur et de blockbuster. T2 de plus était une vision, narrative mais aussi technique, qui a changé le visage des effets spéciaux. L’attitude de James "Je ne sais pas comment on va le faire, mais je sais qu’on peut le faire" Cameron a en effet permis aux images de synthèse d’évoluer à grands pas au service du cinéma. Alors avec tout ça forcément - et je ne vous apprend rien - ce Terminator 3 on ne l’attendait d’abord plus, puis rapidement au tournant. Surtout sans James Cameron, Edward Furlong, Linda Hamilton et Brad Fiedel au générique. Pour un peu, il se serait presque fait sans Arnold.
Un certain nombre d’années ont passé, depuis que John Connor a fait la rencontre du T-800. Aujourd’hui, John (Nick Stahl) est en fuite. Sa mère est décédée de leucémie peu de temps après la date supposée du Jugement Dernier, satisfaite de constater qu’ils avaient réussi à enrayer le soulèvement des machines. Sans famille, sans domicile et sans amis, le jeune homme est un junkie en devenir qui redoute que, d’une façon ou d’une autre, son destin le rattrape à n’importe quel moment. Du coup, il est constamment sur la route.
Pendant ce temps-là en ville... Un Terminator de classe T-X (Terminatrix - Kristinna Loken) fait son entrée en scène. Devant l’incapacité de Skynet à éliminer le futur leader de la rébellion humaine, le robot aux allures de top-model des pays de l’Est se voit confier une mission "alternative" : tuer tous les lieutenants en herbe de John Connor. C’est ainsi que, dans la plus grande incompréhension, une demi-douzaine d’adolescents se font brutalement abattre dans l’intimité de leurs domiciles par l’ersatz de beauté féminine. Arrive le tour de Kate Brewster (Claire Danes), jeune vétérinaire dans la clinique de laquelle s’est réfugié un John Connor en mal de médicaments. Alors que Kate lutte contre l’intrus qu’elle connaissait étant enfant, le T-800 pénètre dans le bâtiment. La mission de ce modèle obsolète qui terrorise la demoiselle ? Assurer la survie de John Connor et Kate Brewster...
Dure récompense que celle qui s’est abattue sur Jonathan Mostow suite aux réussites que furent ses Breakdown (1997) et U-571 (2000). Comment cet artisan doué allait-il bien pouvoir prendre la relève du Roi du Monde himself, et ne pas tromper l’attente de millions de fans au bout d’une douzaine d’années ? Comment, lui qui aime travailler sur la claustrophobie et l’isolement, allait-il pouvoir s’adapter à l’échelle de ce Soulèvement des machines ? Jonathan a trouvé le bon moyen de répondre à ces questions : en les évitant. Comment ? En faisant de Terminator 3 un véritable blockbuster, rapide et spectaculaire, qui ne laisse pas le temps au spectateur de jouer aux sept erreurs. Une fois la projection terminée, on peut toujours choisir de chipoter mais c’est trop tard autant que malhonnête : le plaisir est déjà consommé.
Et oui, pour une surprise c’en est une, mais ce Terminator cru 2003 est excellent, nerveux, jouissif et merveilleusement bourrin ! Si l’on peut regretter que les personnages soient beaucoup plus plats que dans T2 - et notamment le T-800 - ceci s’explique par la roller-coaster attitude adoptée par Mostow. Ici, pas besoin de convaincre de nouveaux spectateurs, il est admis que tout le monde rentre dans le film avec le bagage "culturel" nécessaire, dès la première séquence. C’est sans doute le cas pour la plupart des gens, et c’est justement ce qui permet de profiter des clins d’œil qui parsèment le film, autant que d’en déceler les quelques "lacunes", de développement des personnages ou autres. Mais dans l’ensemble, Mostow slalome entre les défauts à une telle vitesse qu’on ne peut que se laisser emporter et jouir des qualités - nombreuses - de sa contribution à la mythologie Skynet.
T3 déjà, est bigrement spectaculaire. Ca faisait des années qu’Hollywood avait délaissé cette surenchère de l’explosion et de la tôle froissée, et Dieu qu’il est bon d’y revenir un peu. Deuxièmement, plutôt bien vu le coup de John Connor ayant continué sur sa lancée de bad boy, et par conséquent devenu junkie. Ca change des héros M. Propre Junior, et c’est un petit hommage à la filiation névrosée de Linda Hamilton. Autre hommage à la Belle, le personnage interprété par Claire Danes, décidemment parfaitement sur le retour (cf. It’s All About Love) ; bien loin de la jeune fille, mignonne, braillarde et encombrante, traditionnelle des films de mâles, voici une sacré petite guerrière, courageuse et grande gueule. Ca aussi ça fait du bien, étant donné que Sigourney se fait rare sur nos écrans, et que Geena nous a souhaité bonne nuit depuis longtemps (cf. The Long Kiss Goodnight). Claire est superbe et c’est bien elle la femme du film, et non Kristanna Loken. Cette dernière, "trop parfaite", remplit certes parfaitement son rôle de machine mais s’inspire un peu trop de la prestation de Robert "où est passé Mulder ?" Patrick en son temps. On ne lui en veut pas outre mesure, c’est une sacrée référence. Les combats ensuite sont superbes, d’une brutalité assourdissante. Le marbre et la céramique, ça fait vraiment du bruit et des éclats étonnants. Enfin, Schwarzie est né pour endosser le rôle du T-800, c’est évident. On regrettera son peu de lignes de dialogues, d’accord, mais ce peu est excellent. Et Schwarzie dans le cimetière avec un cercueil sur l’épaule, c’est énorme. Et puis il y a la fin, courageuse et sublime. Mais ça, je vous en laisse la surprise.
En fait, la seule véritable déception de Terminator 3, c’est la partition de Marco Beltrami. Efficace et dynamique, elle se contente toutefois d’accompagner l’action sans que l’on ait le temps ni l’envie de l’écouter attentivement. Les partitions de Brad Fiedel avaient toutes deux su s’imposer au cœur de l’action comme un personnage à part entière. Surtout son thème principal mythique, ici uniquement esquissé en début de générique de fin. Ca, c’est dommage. Pour le reste, Terminator 3 n’est pas un chef-d’œuvre "à la Cameron", mais bien une réussite résolument old-school "à la Mostow".
"C’est con qu’on en fait plus", qu’ils disaient. Et ben maintenant si. Vive la vie !
Terminator 3 est sorti sur les écrans français le mercredi 6 août 2003.






