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The 25th hour

aka La 25è heure | USA | 2002 | Un film de Spike Lee | D’après 24 heures avant la nuit de David Benioff | Avec Edward Norton, Brian Cox, Philip Seymour Hoffman, Barry Pepper, Rosario Dawson, Anna Paquin

Attention : Film trop moralisateur ! S’abstenir !! Scandalisée !!! Je suis scandalisée !!!! Pour le coup je ne risque pas de vous spoiler quoi que ce soit, je réserve ça au bons films !

L’histoire démarre, on voit Monty (Edward Norton) traîner dans les rues de New York, le soir, en compagnie d’un de ses potes. Soudain, il tombe sur un chien blessé et décide de le soigner à tout prix, histoire de se racheter (on a déjà compris) et d’accomplir au moins une bonne action dans sa vie. Ouhlalalala, ça sent le mélo et la morale à deux balles à plein nez, en si peu de temps ! C’est fabuleux d’arriver à annoncer la couleur aussi vite, en moins de deux minutes de film ! Ca va donc être méga chiant, ok ! (Ouf, heureusement que j’ai le pass, sinon je regretterai déjà d’avoir payé ma place !).

Mais le meilleur est à venir ! Si, si, je vous assure !
Le générique commence, on nous montre en gros plan d’énormes spots lumineux, de nuit, que l’on devine au fur et à mesure situés sur Ground Zero. Les deux spots projettent un rai lumineux longiligne immense vers le ciel : mais qu’est-ce que c’est donc ? Allez, réfléchissez un peu, c’est lourd et gros comme une maison ! Bon... au cas où vous n’auriez pas compris, d’un seul coup, nous nous retrouvons nez à nez avec une vision d’ensemble du Manhattan nocturne... Ah oui ça y est, ça me revient, les lumières symbolisent les deux tours effondrées !

Arrêtons deux secondes d’être sarcastique (pas sûre d’y arriver...) et essayons de recadrer un peu ce qui est censé être l’histoire fameuse de ce film... Donc, Monty passe ses dernières 24 heures avant de se faire coffrer pendant 7 ans pour trafic de drogue. Évidemment, depuis qu’il s’est fait serrer, Monty s’est rangé et semble mener jusqu’à ce jour une vie plus calme, aimé de sa charmante fiancée Naturelle (Rosario Dawson), une méga bomba latino de la mort, posée là pour bien nous faire comprendre que les couples mixtes sont politiquement corrects. L’incarcération très prochaine de Monty lui fait prendre conscience qu’il doit régler certaines détails avant de "partir" : renouer les liens avec son père, passer sa dernière soirée dans un night-club avec ses meilleurs potes (Philip Seymour Hoffman et Barry Pepper) qu’il a un peu trop délaissés (l’un est prof, l’autre golden boy : trop clean pour lui) et sa copine... bref que des trucs surprenant pour un futur taulard ! QUE DE CLICHÉS !!!!!

Comme l’histoire est bien mince il faut le dire, Spike Lee (qui nous avait habitués à un peu mieux avec Do The Right Thing et Jungle Fever) rajoute des petites histoires parallèles qui ne servent strictement à rien, et qui ne font que rallonger le film qui mériterait déjà d’être coupé de moitié ! Pour moi, ce qui est chef-d’œuvre (pour utiliser une expression bien de chez nous), c’est le rôle complètement ridicule, inutile, attribué à Anna Paquin : étudiante mineure (of course) du pote prof de Monty, dont celui-ci est évidemment tombé amoureux. QUE DE CLICHÉS (bis), je vous dis !!!!! Alors, je ne sais pas si on est censé la trouver jolie alors qu’elle est immonde, voire vulgaire, mais elle est ridicule avec son faux tatouage sur le bide, et elle ne sert à rien, on la voit 15 minutes dans le film, trémousser ses (vilaines) fesses au rythme de sons endiablés électroniques (oh mon dieu !!) dans le night-club.

Et alors, c’est là qu’arrive le truc chef-d’œuvre promis, et encore je me demande si je ne me suis pas un peu monté tout ça en épingle. Monty pense à voix haute et aimerait être comme la fille dans X-Men qui peut passer à travers les murs, pour pouvoir s’échapper une fois en prison. Mais qu’est ce qu’on rigole de ce clin d’œil inattendu et délirant, car rappelons-le pour les esprits lents : Anna Paquin est tout de même l’une des "X-Men", même si elle n’est pas passe-murailles ! Et voilà, les seules 5 secondes du film qui m’ont fait sourire. Bon, c’est peut-être vachement moins drôle à froid comme ça...

Quel dommage, quel gâchis ! Je ne sais pas si d’une histoire aussi conventionnelle Spike Lee aurait pu réaliser un tour de force et en sortir une histoire exceptionnelle... Mais mince alors, il a quand même choisi ses acteurs, et pas les plus mauvais : Philip Seymour Hoffman, habitué des très bons seconds rôles (Magnolia, Punch Drunk Love), se retrouve ici à jouer un rôle de personne effacée qui lui sied à merveille, certes tout à fait en raccord avec son physique un peu coincé. Mais pourquoi fallait-il le faire tomber amoureux d’une mineure ? Pour montrer à Monty (au monde entier) que personne n’est parfait ? please..... QUE DE CLICHÉS (ter) !!!!! C’est tout simplement insupportable.
Edward Norton (American History X, Fight Club), merci à lui, réussit à nous mettre plus que mal à l’aise lors de son monologue dans les WC du bar de son père. Son reflet dans le miroir s’adresse à lui, crie et crache de façon véhémente toute la haîne qu’il porte au plus profond de lui-même envers la terre entière. Là pour le coup, je dois reconnaître qu’il a réussi à me glacer le sang le temps de ce monologue.

Ce n’est même pas la peine de revenir sur les autres personnages, tellement ils sont insignifiants...

Globalement : l’histoire en elle-même est déjà d’un classique qui tue, alors si on y rajoute en prime du pro-américanisme à trois-francs-six-sous dont on soupe déjà tous les jours depuis "9-11" (et encore je suis gentille), on ne s’en sort plus, résultat : on se fait chier à mourir !!! C’est pas le moment en plus de nous gonfler pendant deux heures avec des "Les NewYorkais n’abandonnent jamais", "New-York vaincra" et j’en passe !! Et pourquoi on nous ferait pas dire à tous "I am a NewYorker" ? Non, mais sans rire ! Y f’raient mieux de se faire tout ptis les amerloques en ce moment, j’ai pas vraiment envie de pleurer sur leur sort moi, même si effectivement il ne faut pas fermer les yeux sur les évènements sordides qui ont eu lieu.

Je n’arrive pas à savoir si Spike Lee avait commencé le tournage de ce film avant "9-11" pour le modifier par la suite, ou s’il l’a réellement tourné après les événements. En tout cas, il souhaitait intégrer les évènements du 11 septembre à l’histoire par souci de réalité. Mais est-ce qu’il était prévu que le film devienne une espèce de documentaire sur le 11 septembre, à la place d’une histoire racontée sur fond de ces évènements ?

Pour moi ce n’est que ça : on essaie de nous entourlouper en nous faisant croire qu’on va nous raconter une belle histoire. Résultat, on veut nous laver le cerveau et nous montrer que les américains sont tout-puissants, que rien ne peut les abattre ni les décourager. Mais tout ça on le sait déjà, on nous le rabache à longueur de temps, et pratiquement dans tous les bons gros blockbusters américains. Tout ça maladroitement enrobé de discours moralisateurs dont on commence à être accoutumé. Alors, est-ce une coïncidence, est-ce la sortie du film qui est mal tombée, compte tenu des événements actuels, ou finalement n’est ce pas fait exprès ? Ca va finir par me fâcher définitivement avec le cinéma américain ! Je dis stop à la lobotomie !!!

Heureusement que ce mois-ci on a eu le droit à une merveille, que dis-je, un bijou, enfin, une histoire Vraie, merci Mesdames : The Hours (cf. l’article de Kyoko), allez donc plutôt voir ça, il n’est pas trop tard !

PS : J’ai quand meme oublié de dire a quel point je trouvais incroyable la BO de ce film qui nous fait vibrer, composée par Terence Blanchard qui dirige un orchestre de 80 musiciens du Royal Philharmonic Orchestra et du London Symphonic Orchestra. Je vais l’acheter de ce pas ! C’est bien le seul aspect positif du film...

En salles...

- Article paru le mercredi 9 avril 2003

signé Sadako

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