The 33D Invader
Punaise, il avait tout faux, Wong Kar-wai ! 2046, ça craint. De vils extra-terrestres – les Xuckers – nous ont irradiés au point de rendre la quasi-totalité de la population stérile. Heureusement, notre aptitude future au voyage temporel nous permet de renvoyer Future (Macy Wu) en 2011, en quête d’un homme modèle, génétiquement parlant, avec lequel assurer l’avenir de notre belle espèce. Mais Xucker 1 (Taka Kato) et Xucker 2 (Hsueh Ya-Wen) sont à ses trousses dans les couloirs du temps, bien décidés à la violer pour fermer définitivement sa nurserie.
Pendant ce temps-là, Lawrence et ses potes révisent pour leurs exams de fin d’année, en collocation en bord de mer, comme il se doit. Enfin Lawrence oui, et ses potes un peu moins, trop occupés à fantasmer sur les quatre jolies minettes, peu farouches, qui ont investi l’appartement voisin. Parmi elles Jeana (Akiho Yoshizawa), éprise du bon élève, qui a tôt fait de lui transmettre ses sentiments a la mano, sous la douche des vestiaires de l’école… L’arrivée de Future, à poil et avec une échéance de trois jours pour se faire inséminer, dans la chambre de Lawrence, va quelque peu perturber cette idylle romantique sur fond de solos de saxo ; car Lawrence semble bien être le seul homme génétiquement viable de la région…
Engaillardi par l’attention portée au 3D Sex and Zen : Extreme Ecstasy de Christopher Sun, Chin Man-Kei (The Eternal Evil of Asia, Naked Poison) renoue avec le softcore après ses plutôt bons The Forbidden Legend : Sex and Chopsticks I et II. Pour jouer dans la même cour que son modèle, il rehausse ses productions values, s’entoure de bien belles « actrices » (ce qui n’était pas toujours le fort de feu Matrix Productions Co. Ltd, par exemple, un temps seul acteur du genre à Hong Kong et contraint de piocher dans les actrices AV nippones les moins coûteuses), et s’abandonne au n’importe quoi dans la plus grande tradition HK, délaissant au passage la facette CAT III souvent sordide de son œuvre. A une dégustation de chibres prêt, et peut-être une zigounette nouée plein écran, l’érotisme est ici souriant, autant qu’abondant, même s’il est un peu question de viol, d’esclavagisme sexuel et de MST capable de transformer un homme en espèce de végétal, un concombre/cactus en guise de pénis.
L’ensemble du film hors-dénudés, est joué sur le ton de la plaisanterie façon Revenge of the Nerds, et puise dans la libido des potes un peu flippants de Lawrence matière à mettre en scène de biens foireux plans de séduction. Le reste du film – à poils donc – jouit de motifs inattendus. Aussi lorsque les copines de Jeana cèdent aux morts de faim pour lui laisser le champ libre avec Lawrence, dont on sent que le cœur bascule, The 33D Invader verse dans l’érotisme second degré, alternant dépucelage et jeux de chantilly sur fond de beats technos, tandis que les tendres échanges entre nos héros, plus sérieux et émotionnellement engagés (à savoir qu’Akiho Yoshizawa fait bien la moue, et que Lawrence joue la carte de la concentration dévouée), s’épanchent sur fond de sax mielleux. Mais l’amour véritable, tout le monde le sait, est tout de même moins grossier, affaire de regards (et d’un peu de poitrine, tout de même) sur fond de trip-hop. Choisissez donc bien la bande son de vos prochains ébats.
C’est surtout dans ses dernières bobines que The 33D Invader laisse libre cours à son délire, avec la mise en avant de ses Xuckers hermaphrodites et le talent électrostatique de Taka Kato, capable de détruire la volonté de toute femme avec ses seuls doigts. J’avoue être aussi très sensible à la douche du début du film, incroyablement abusée, ostentatoire et onaniste, à croire que la très charmante Chen Chih-Ying s’offre à l’homme invisible avec un gel douche en guise de lubrifiant. Le retournement du film autour de Future et Lawrence, prévisible, ne manque pas de laisser pantois – on ne peut pas dire que la jeune femme ait eu l’occasion de séduire par sa personnalité, pas plus que ses consœurs, et puis Jeana n’a rien fait de mal – mais conclut logiquement un film qui remplit allègrement son objectif cochon, avec juste ce qu’il faut de vulgarité, pas mal d’idées stupides et enthousiasmantes, et une belle variété féminine. Bref, un cocktail 100% sain pour l’amateur gentiment déviant, à même de donner un bon coup de peps à tout début de journée un peu flasque.
The 33D Invader est disponible sur tous supports HK, sous-titrés anglais.








