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Hong Kong

The Accidental Spy

Hong Kong | 2001 | Un film de Teddy Chan Tak-Sum | Avec Jackie Chan, Eric Tsang Chi-Wai, Vivian Hsu, Kim Min, Wu Hsing-Guo, Cheung Tat Ming

Je suis sûr que je ne suis pas le seul à m’être livré à cette constatation : alors que l’on se rapproche des 400 articles sur SdA, seul l’un d’entre eux est consacré à un film avec Jackie Chan ! Je suis d’accord avec vous, il faut que ça change ! Alors, comme souvent, j’ai décidé de me livrer - à long terme - à une série d’articles rétroactifs, qui vont certainement embrasser la carrière du plus grand showman de la terre, à l’envers. Aujourd’hui, nous nous intéresserons donc à The Accidental Spy, dernière production du Nouvel An HK de Jackie en date, avant son grand retour asiatique en 2003, dans The Highbinders et The Twins Effect - succès de Charlene et Gillian (aka les Twins) oblige...

Pour une fois, Jackie n’est pas Jackie mais Buck Yuen, vendeur dans un magasin de fitness. Lorsque Buck parvient spontanément à mettre en échec un braquage de banque en live, le héros orphelin se retrouve bien malgré lui sur le devant de la scène - une situation qui n’aura aucunement les conséquences escomptées... En effet, Buck est abordé par un détective grassouillet - Liu - fort intéressé par son passé ; celui-ci déclare travailler pour un homme sur le point de mourir, désireux de retrouver le fils qu’il a abandonné dans sa jeunesse. Et il se pourrait bien que Buck soit l’enfant recherché, si l’on en croit son Etat Civil approximatif... Pour en avoir le cœur net, Liu parvient à convaincre l’orphelin de l’accompagner en Corée pour rencontrer son client, Park. Buck va alors de surprise en surprise, découvrant notamment que ce père potentiel était encore, quelques semaines auparavant, un espion redoutable, nord-coréen de surcroit !
Park décède avant que le lien entre les deux hommes puisse être authentifié, pourtant Buck accepte de se plier aux dernières volonté de l’espion, et se lance dans un jeu de pistes à l’objectif indéterminé - qui pourrait bien avoir un rapport avec un virus destructeur, l’Anthrax II, testé plusieurs mois auparavant sur une partie de la population turque, et depuis disparu...

Après Gordon Chan (Thunderbolt) et Benny Chan (Who am I ?), c’est au tour d’un autre "Chan" d’assurer la réalisation des nouvelles tribulations cosmopolites de son homonyme Jackie : Teddy Chan. Fort des succès consécutifs de ses Downtown Torpedoes (1997) et Purple Storm (1999), le réalisateur/scénariste/acteur hérite de l’un des plus gros chantiers HK de l’année 2001. Il faut dire aussi que Teddy (un fort joli prénom, tout de même !) n’a pas volé les faveurs du public - et encore moins celles de Jackie, puisque l’homme a participé à l’écriture de Crime Story (Kirk Wong), pour lequel l’acteur à reçu le Golden Horse Award du Meilleur Acteur en 1993. Downtown Torpedoes est sans doute l’une des meilleures dérives de la vague "high-tech" lancée par le succès du Mission : Impossible de De Palma en Asie (en plus d’être l’un des derniers films de Charlie Yeung) ; tandis que Purple Storm est l’un des meilleurs films d’action sortis de l’industrie HK post-1997, sinon LE meilleur actionner pur de cette année fatidique. Tout ça pour dire que, sa promotion au service du meilleur entertainer du monde, Teddy ne l’a pas volée. Reste à déterminer si l’homme a su profiter de l’opportunité pour se faire remarquer par le monde entier...

The Accidental Spy pousse encore plus loin que les opus précédents de l’acteur/performer, la "globalisation" de son cinéma. Jackie ne se contente plus d’explorer la Chine, la Malaysie ou encore Singapour ; cette fois son périple situe l’action à Séoul tout d’abord, puis en Turquie. Les dialogues sont alternativement en cantonnais, en mandarin, en coréen, en turc et en anglais, et le film s’habille de décors parfaitement polyculturels, cependant immédiatement identifiables. Si une unité parvient à se dégager de ce thriller d’espionnage international, c’est parce que l’identité d’un film avec Jackie Chan n’est pas celle de son réalisateur ni de sa "localisation", mais avant tout celle de l’acteur lui-même. Ainsi retrouve-t-on les combats et pitreries sublimes qui ont toujours fait du personnage un être à part, même si - l’âge aidant - le tout est relativement dilué. Et pourtant Jackie Chan grandit : The Accidental Spy aborde des thèmes difficiles - quoique superficiellement - comme la drogue, la reconnaissance en toute circonstance (même au prix d’une quasi-prositution), et Jackie reçoit des coups, se voit même tâché de sang. On peut sans doute y voir là l’intervention d’un réalisateur qui a chaque fois su élargir quelque peu le cadre de films pourtant très formatés : ici, un simple Jackie Chan devient un véritable thriller, même si c’est au détriment des scènes de combat pur. La séquence finale, véritable film dans le film (repompant Speed) introduit par une transition aussi déconcertante qu’invisible, est ainsi à la fois décevante (pour les puristes du Drunken Master) que satisfaisante (pour les fans de films d’action/ suspense).

The Accidental Spy a été largement critiqué à sa sortie en raison de son caractère "light". Cependant je pense que, comme Gorgeous avant lui, le film possède des qualités plus larges, plus aptes à convaincre un public plus étendu. En réduisant l’extrémisme habituel des cascades et combats - en accord avec sa propre évolution physique -, Jackie continue toutefois de s’affirmer comme le seul authentique "produit" cinématographique 100% universel - un objectif qui ne va pas sans concessions, mais que Teddy Chan l’aide à accomplir haut la main, faisant certes de The Accidental Spy un Jackie Chan mineur pour quiconque a vu Project A ou Police Story, mais tout de même un excellent thriller. Et c’est bien ce que l’on attendait du réalisateur !

Disponible en DVD all zone HK chez Universe : la copie est très correcte, et l’on peut s’offrir le film, au choix, en DTS ou 5.1.
En bonus, un making-of et le trailer du film.
The Accidental Spy existe aussi en DVD zone 1 chez Buena Vista.

- Article paru le jeudi 12 décembre 2002

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