The Brown Bunny
Cannes 2003 par Lester D. Shapp - Le film polémique
Même si je tends, quelques jours après l’avoir vu, à considérer que The Brown Bunny est un très bon film, il m’arrive encore de me dire que Vincent Gallo s’est bien foutu de notre gueule.
La première scène du film aurait pourtant dû nous mettre la puce à l’oreille. Elle aurait même pu nous inciter à quitter la salle de projection tout de suite, ce qui nous aurait évité plus d’une heure et demie de Vincent Gallo, et seulement Vincent Gallo ou presque, à l’écran et sous toutes les coutures, y compris celles de ses sous-vêtements. Mais cela aurait été dommage. Car les dix à quinze dernières minutes du film le contiennent tout entier et justifient une grande partie du reste de l’œuvre.
Bien sûr, on peut considérer, et le générique n’est pas là pour contredire cet argument (un film de Vincent Gallo, scénario Vincent Gallo, photographie Vincent Gallo, produit par Vincent Gallo, avec Vincent Gallo et, quand même, Chloë Sevigny), que The Brown Bunny n’est qu’une ode narcissique et creuse, misogyne et vaine. Mais c’est faire peu de cas de l’explication donnée en fin de film.
Certes, certains aspects du personnage principal (mais non, ce n’est pas Gallo lui-même, qu’allez-vous chercher là, vous ne croyiez tout de même pas que c’était une œuvre autobiographique ?) sont horripilants, et la complaisance avec laquelle Gallo se filme est peu louable. Mais il y a la fin du film.
En fait, The Brown Bunny demande de savoir choisir son camp... Eh bien, j’hésite encore. Oh et puis non : c’est un très bon film, à ne pas mettre devant tous les yeux (parce que certains s’endormiraient avant la dernière séquence, et que d’autres seraient choqués par les dernières minutes), et à voir plusieurs fois si l’on a une âme de routard. C’est dit.
The Brown Bunny devrait sortir prochaînement sur nos écrans.


